CHAPITRE XXXI

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Isaak hurla. Il avait senti un déchirement à l'instant où la vie quittait le corps de son père. Il ferma les yeux tout en se débattant. Il se sentait perdre peu à peu toute forme de lucidité. 

Il avait déjà vu des personnes qui sortaient de ces pièces. Des morts-vivants assaillis de souvenirs douloureux. 

  Il se rendit à l'évidence. Il ne vengerait pas son frère. Il allait devenir fou. 

Il aurait aimé mourir.

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Antanasia ouvrit la réunion.

-On sait que Vito est dans le coup. C'est lui qui a aidé à faire enlever Isaak. On sait aussi que la flic qui faisait partie de l'enquête joue un rôle important dans toute cette histoire. On a réussi à les "suivre" grâce au réseau de caméras de la ville. On sait qu'ils sont au sud-est de la ville, dans un vieil hôpital psychiatrique racheté par un homme d'affaires il y a plus de vingt ans. 

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Eléonore ouvrit la porte de la cellule et fit sortir Isaak.

-Alors ? Tu t'es bien reposé ? susurra-t-elle à son oreille.

Elle le força à tenir se tenir debout.

-Tu vas faire face à ton destin, dit une voix qui ne lui était pas inconnue. 

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Les hommes armés descendirent des camionnettes.

Loïc avait joué de ses relations pour obtenir les renforts dont il avait besoin sans devoir expliquer la situation. Il savait qu'il ne fallait pas que la police soit dans la confidence, étant donné que cinquante pour cent des effectifs étaient composés de criminels.

Antanasia sortit de la voiture conduite par Anhiel. Elle portait un justaucorps noir qui semblait assorti à ses cheveux.

-On y va. Formez les équipes, cria-t-elle.

Même les militaires obéirent sans rechigner. Une telle aura fonctionnait mille fois mieux que la pression hiérarchique.

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Isaak aperçut son reflet. Un fantôme. Les cernes presque noires, le teint blafard, une barbe de plusieurs jours, lui qui était toujours impeccablement rasé. 

Le pire, c'était ses yeux.  Des yeux à la fois morts, hantés, et brillants d'une rage extrême.

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Antanasia prit le revolver mis au point par Vito, ainsi qu'un semi-automatique. Loïc vit pour la première fois les balles créées par le traître. De petites capsules de verre trempé pleines d'un gaz vert. On lui avait vaguement expliqué que c'était un gaz paralysant.

Il eut peur en voyant les yeux d'Antanasia.

Ils brillaient d'une rage noire.

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Isaak suivait toujours Eléonore ainsi que l'autre jeune femme, ses jambes le trahissaient, il les sentait sur le point de céder.

Pourquoi était-elle ici  ? L'avait-elle trahi ? Avait-elle trahi Dimitri ? Ou alors... Etait-ce une revenante ?

Non. Il refusait d'y croire. Elle était morte.

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Loïc pénétra le premier dans l'ancien hôpital psychiatrique, suivi d'Anhiel, Antanasia et de deux militaires.

-Comment peut-on se vanter de soigner des gens ici ?

Antanasia avança, la gorge serrée.

-Ils ne le faisaient pas, dit-elle, ils expérimentaient des... choses, ici.

Les instruments de torture jonchaient le sol. D'un coup, elle eut envie de sortir, de se mettre à pleurer, de hurler. Juste ne pas rester ici.

Elle se sentit partir

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Isaak s'effondra. Il n'en pouvait plus. Il ruisselait de sueur, il avait froid, et envie de vomir. Il ne pouvait plus vivre après ce qu'il venait de voir.

C'est le jeuWhere stories live. Discover now