CHAPITRE II : Secrets

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Vingt-trois heures, vendredi soir. Hermione enfila son gilet aux couleurs de sa maison, et sortit de sa salle commune d'un pas rapide. Elle savait ce qu'elle avait à faire, et ne prenait pas la peine d'attendre son homologue masculin. Faire les rondes de nuit avec lui serait pire que tout, et plutôt mourir que d'arpenter les couloirs du château seule avec Ron. Sa baguette à la main, la jeune femme tendait l'oreille, prête à intercepter le moindre chuchotement, le moindre pas. Elle n'aimait pas particulièrement faire régner l'ordre, et abuser de son statut pour punir des élèves qui ne respectaient pas le règlement. Mais elle avait toujours souhaité être nommée préfète, alors elle essayait de faire honneur à ce privilège comme elle le pouvait, pour rien au monde elle ne voulait décevoir le professeur McGonagall, ou pire Dumbledore. Intérieurement, elle priait pour ne rencontrer personne, et surtout pas un autre préfet, notamment un certain rouquin. Depuis lundi, dans le château entier, résonnait encore la chanson de Peeves sur son « chagrin d'amour ». L'humiliation pure devant toute l'école. Même certains élèves la chantonnaient lorsqu'elle passait près d'eux. Harry et Ginny n'avaient cessé de la rassurer, en lui promettant que la semaine prochaine personne n'en parlerait plus, et que ce serait oublier. Seulement, les jours  semblaient longs, et tous ces regards pesants et malfaisants de curiosité la brûlaient ardemment, renforçant sa peine et sa solitude. Elle passait ses journées cachée dans un coin de la bibliothèque, tentant d'enfouir ses pensées sombres sous ses devoirs, apprenant encore et toujours plus, souhaitant voir tous ses maux s'enfuir en un claquement doigts, effacés par le travail. Mais c'était loin d'être facile, et plus elle était recluse, plus elle se sentait mal, son cœur meurtri ne parvenant pas à se reconstruire au fil des jours. Elle évitait ses amis, elle évitait les élèves de sa maison, elle évitait le bourreau de son cœur, elle évitait tout le monde, se retrouvant seule à seule avec la solitude qui semblait être devenue sa meilleure amie. A quoi bon se forcer à faire la conversation, à sourire ou à rire alors qu'elle n'en avait pas la moindre envie. Elle était entièrement rongée par le chagrin et l'aigreur, et ce mélange ne semblait lui convenir, passant des larmes aux gestes brusques, du sérieux à l'impatience. Hermione Granger n'était plus que l'ombre d'elle-même, complètement foutue, complètement déréglée.

Descendant pour la énième fois des escaliers, la rouge et or se rendit soudainement compte qu'elle se trouvait dans les cachots. Exceptée que ce n'était pas la partie du château qu'elle devait inspecter. Trop éprise par ses pensées moroses, elle n'avait pas pris la peine de faire attention où elle se dirigeait. Et elle avait sûrement dû passer à côté d'élèves rebelles, n'ayant pas respectés le couvre-feu. Tant pis, de toute façon elle n'était pas tellement d'humeur à jouer la préfète autoritaire. Alors qu'elle allait faire demi-tour pour retourner à sa salle commune et retrouver son lit, elle entendit soudainement des exclamations de voix qui venaient vers elle. Sans vraiment savoir pourquoi, ou parce qu'elle se trouvait sur le territoire des serpentards, elle fut prise de panique, et ouvrit la première porte qui se trouvait derrière elle. Une fois cachée, elle se colla contre le bois froid, et tendit l'oreille. Elle crut reconnaître la voix de Malefoy, qui semblait plutôt énervé.

« ... êtes une bande de crétins. C'est pourtant pas compliqué. »

Sans grande surprise, se fut la voix de Crabbe qui lui répondit :

« C'est bon Drago, on a merdé, on va se rattraper. »

La curiosité maladive de la Gryffondor se fit de plus en plus grande, et alors qu'elle changeait de position et d'oreille pour écouter un peu mieux ce qu'il se disait de l'autre côté, son pied rencontra violemment un seau en fer qui se trouvait non loin d'elle, et un bruit sourd résonna dans le petit placard. Grimaçant, priant pour que les Serpentards à l'extérieur ne l'aient pas entendu, seul un silence glacial lui répondit. Quelle gourde. Alors qu'elle essayait d'entendre le moindre son qui lui indiquerait qu'elle était passée inaperçue, la porte s'ouvrit brusquement, une exclamation de surprise s'extirpa de ses lèvres et elle s'écroula par terre de tout son poids. Grognant, elle redressa la tête, et son regard rencontra deux paires de chaussures noires, parfaitement bien cirées. Mais avant qu'elle n'ait pu anticiper quoi que ce soit, quelqu'un la fit léviter brusquement, et elle se retrouva face à un Drago Malefoy à l'air furieux. Une fois debout, elle n'eut pas le temps de dire ou faire quoi que ce soit, qu'une poigne de fer attrapa le col de son pull et elle se retrouva plaquée contre le mur derrière elle. Terrifiée, la jeune femme n'osa pas faire le moindre geste face à ces prunelles glaciales qui la tétanisaient entièrement.

Love or hate. How to choose ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant