Lorsque Tamiko et Reiji m'avaient laissé il y avait de cela des heures, me paraissait-il, je m'étais immédiatement mis à la lecture du carnet, la seule chose qu'ils m'avaient laissé, voilà ce qu'il disait :
Aijiro,
A l'heure où tu lis ces mots, nous t'avons sûrement déjà donné la lime qui est ton seul espoir de survie. En effet, tu es condamné à mort. Tu te demandes sûrement pourquoi, sache que tu as fait la pire erreur qui soit : il ne faut jamais toucher aux livres, c'est interdit. Ta condamnation à mort est censée avoir lieu demain à midi, tache de t'être enfui, d'ici-là...
Nous imaginons que tu n'as aucune idée d'où aller, que tu es au courant que tu ne peux même plus rentrer dans ton monde. Pour ce qui est de la seconde question, la condition à laquelle ton double a du se plier pour activer le portail entre Isekai et chez toi était la suivante : les invités, comme nous les appelons souvent, ne devaient commettre aucune infraction aux lois sous peine de se voir retirer la capacité de voyager entre les mondes. Ce que tu as malheureusement fait...Nous nous en voulons terriblement de ne pas avoir pu t'empêcher de toucher à ce livre, tu ne peux plus rentrer chez toi...
Pour ce qui en est de ta destination prochaine, tu devras aller à Taesksi, un royaume voisin. Mais laisse-nous te prévenir, contrairement à Isekai, rien ne ressemble à ton monde là-bas. Le physique des habitants, la langue qu'ils parlent tout comme leur façon de vivre... Tu seras sans doute perdu. Si nous avons décidé de t'envoyer là-bas précisément, et pas dans un des deux autres royaumes, c'est parce que c'est un des pays contre lequel nous sommes en guerre. Ainsi, personne ne risque de venir t'y chercher.
Nous t'avons appris tout ce dont tu avais besoin de survivre alors, nous te souhaitons bonne chance pour la suite...
Reiji et Tamiko
Je refermai le livre, des larmes naissant aux coins de mes yeux. Ainsi, je ne les reverrai sûrement jamais... Je me frottai les yeux d'un geste rageur, je n'avais pas le temps de me plaindre. Je mettais le petit carnet dans une de mes poches lorsque quelque chose en tomba. La montre que Reiji portait enroulée autour du pouce, celle sur laquelle - m'avait-il semblé - on pouvait lire l'heure qu'il était, à la fois à Isekai comme celle sur Terre.
De nouvelles larmes embuèrent mes yeux alors que j'enroulais la montre autour de mon pouce. Je me levai brusquement, et regardai par la fenêtre. Le temps toujours nuageux risquant de fausser ma notion de l'heure, je consultai la montre. L'affichage de celle-ci était d'une simplicité enfantine : le cadran indiquait quatre symboles,une moitié de soleil, un soleil complet, une moitié de lune ainsi qu'une lune entière. En ce moment, l'aiguille se baladait entre les deux derniers. J'en conclus que la nuit devait être en train de tomber. C'était le moment de passer à l'action. J'attrapai la lime et tachai de m'occuper de ces fichus barreaux.
Je ne sais combien de temps j'y passai, des heures sûrement, avant que les barreaux ne tachent de s'abîmer ne serait-ce que d'un ou deux centimètres. Je ne réussirais jamais à temps ! Les barreaux de cette cellule était sûrement faits de métaux bien plus résistants que ceux qu'on trouvaient sur Terre. Je n'abandonnai pas pour autant, il fallait que je m'échappe. Alors, je m'acharnai, encore et encore. La fatigue commençait à peine à se faire ressentir lorsque les premières lueurs de l'aube apparurent. J'avais... réussi.
Je faillis hurler de joie mais je me retins juste à temps, je n'étais, de toute manière, pas encore tiré d'affaire. J'enjambai la fenêtre et je compris que je mourrais sûrement, que ce soit condamné à mort ou victime d'une chute mortelle. En effet, ma cellule se tenait tout en haut d'un pic rocheux. La pente était presque à la verticale, j'allais mourir.
Non, je ne devais pas penser cela, je devais me battre pour vivre. Je survivrais... A tout prix !
Alors, je commençai à descendre prudemment de la fenêtre, je cherchai des prises sous mes pieds, en trouvai une, descendit d'une vingtaine de centimètres. Je tâtonnais la falaise de ma main, cherchant une autre prise, lorsqu'un rocher plus pointu que les autres m'écorcha l'avant bras, faisant directement apparaître une longue estafilade ensanglantée. J'essayai de l'ignorer mais elle me lançait de plus en plus et fut bientôt rejointe par d'autres coupures plus ou moins profondes sur mes bras. Je jetai un rapide coup d'œil à ma montre, il était bientôt midi, j'avais descendu la moitié de la falaise. Je serrai les dents et accélérai l'allure, conscient qu'en ce faisant, j'augmentai considérablement mes risques de chute.
Ainsi, ce qui devait arriver arriva, je tombai. Lors de ma chute je regardai le ciel sans même tenter de m'accrocher à quelque chose. De toute façon, il n'y avait plus rien à quoi je tenais dans ce monde. Pas d'amis, la pire famille qui soit... A quoi cela me servirait-il de rester en vie ?
En tombant, j'avais l'impression de voler, d'être enfin libre. Cette pensée m'arracha un petit rire et j'ouvris grand les bras, attendant le choc.

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Isekai (Ui)
FantasiaLe jour de son entrée au lycée, Aijiro Katsuki, un banal adolescent japonais, se retrouve envoyé dans un monde parallèle qui lui est totalement inconnu. Condamné à mort sans savoir pourquoi, il s'enfuit et devient fugitif. Aijiro finit par être imp...