Chapitre 21

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Mon réveil sonna et je l'éteignis rageusement. Il était bien trop tôt, horrible jour que celui de la rentrée.
Je me glissai dans mon fauteuil roulant - sûrement la chose que je détestais le plus au monde - et je jetai un coup d'œil au miroir qui reflétait mon visage encore plein de sommeil. Mes cheveux noirs étaient en bataille et mes yeux de la même couleur semblaient fatigués.
J'entrepris de me coiffer puis j'ajoutai une petite barrette dans mes cheveux, un classique pour ressembler à une gentille fillette. Après avoir enfilé mon uniforme, je sortis de ma chambre et je rejoignis la cuisine où mon père buvait un café tout en lisant le journal.

- Bonjour ma chérie, me lança-t-il sans interrompre sa lecture. Bien dormi ?
- Oui, très bien.

Le ton que j'avais employé pour lui répondre était celui que j'avais l'habitude d'utiliser lorsque je m'adressais à toute personne n'étant pas moi-même. Un ton de gentille petite fille irréprochable et bien élevée. Si jamais je me montrais comme j'étais vraiment, mon vrai caractère me vaudrait d'être écartée de tous car j'étais clairement détestable. Une vraie peste.
Mais il fallait que je tienne bon, il en allait de mon avenir. Personne ne voudrait jamais embaucher quelqu'un qui est en permanence de mauvaise humeur, grinçant, cassant et tout ce genre de traits de caractère pas très valorisants.
J'avalais un rapide petit déjeuner, j'attrapai mon bento* que je rangeai soigneusement dans mon sac qui était lui même soigneusement rangé et je pris le chemin du lycée.
Un quart d'heure plus tard, j'étais devant le tableau qui affichait la répartition des élèves. Je trouvai vite mon nom : Asae Kuroni, 1- 4.
Je parcourus encore un peu les noms des élèves de ma classe, en cherchant qui me seraient connus. Je remarquai ceux de certaines personnes que j'avais rencontrées durant les vacances qui avaient précédées la rentrée.
Un nom attira mon attention : Aijiro Katsuki. Il avait les mêmes initiales que moi, j'eus soudain l'étrange pressentiment que j'entendrais beaucoup parler de lui...
Je roulai ensuite jusqu'à l'ombre d'un arbre où je m'arrêtai afin de me préserver quelque peu de la chaleur étouffante. Je laissai mon regard glisser sur la foule, je devais sûrement avoir un visage un peu triste à ce moment car quelques secondes plus tard, une fille vint à ma rencontre. Elle avait l'air affreusement stupide et niaise.

- Bonjour, me salua-t-elle avec un sourire timide. Tu es nouvelle ici ?

Je revêtis mon visage le plus sympathique avant de lui répondre en affichant un sourire.

- Oui. Je m'appelle Asae Kuroni, je viens de Tokyo. J'ai déménagé ici pendant les vacances.
- De Tokyo ? Quelle chance !

Comme je le pensais, elle était niaise à souhait. Je m'efforçai de l'écouter et de lui répondre le plus gentiment possible même si elle me tapait déjà sur le système.
Il me semble que je réussis car elle ne partit pas en courant. Au lieu de cela, lorsque la sonnerie retentit, nous nous dirigeâmes ensemble vers notre salle de classe.

Alors que nous allions entrer dans la salle, un homme d'une cinquantaine d'années portant de petites lunettes rondes sur le nez, ce qui était - soi-dit en passant - parfaitement ridicule, s'approcha de nous tout en indiquant d'un geste à ma nouvelle connaissance de rentrer seule dans la classe.

- Mademoiselle Kuroni je présume ? me demanda-t-il puis, sans me laisser le temps de répondre - ce qui m'agaça profondément, il continua. Je vous souhaite la bienvenue dans notre ville, j'espère que tout se passera bien pour vous.

- Merci beaucoup, monsieur.

Il me soûle déjà, le binoclard... me dis-je au même moment.

Après cela, nous entrâmes dans la salle de classe et le professeur me présenta au reste de la classe. Il me demanda ensuite de m'asseoir devant un blond qui me regardait fixement. Effrayant.
J'obéis au professeur tout en pensant que, techniquement, j'étais déjà assise et ce pour le restant de ma vie et que je ne pourrais donc pas "m'asseoir" à un bureau.
Avant de m'installer devant lui, je souris au blond qui me regardait toujours fixement. J'aperçus une lueur de panique ridicule dans ses yeux bleus tandis qu'il me rendait tout aussi ridiculement mon sourire.
En bref, un garçon ridicule parmi tant d'autres.

Lorsque la sonnerie de la fin dela journée retentit, les élèves s'empressèrent de ranger leurs affaires et de sortir, me laissant presque seule dans la salle de classe. En fait, il n'y avait plus que le blond et moi. Celui-ci était toujours en train de regarder par la fenêtre comme il avait fait tout le reste de la journée. Il finit par partir lui aussi et j'attendis encore un peu avant de faire de même.
Je pris l'ascenseur puis le chemin du retour, perdue dans mes pensées : j'en avais marre de jouer la comédie à longueur de journée, marre d'être coincée dans un fauteuil et de ne jamais pouvoir marcher, courir...
Cela faisait quoi... Cinq ans ? Bien trop, de toute façon. Assez pour que je puisse avoir de si sombres pensées...
Je ne manquerais à personne, puisque personne ne m'aime... C'en est assez, je préfère mourir que de continuer à vivre une telle vie.
Plutôt mourir. Mourir. Ce mot avait de plus en plus d'importance dans mon esprit, il me tourmentait plus chaque seconde.
Je m'arrêtai quelques rues avant celle où j'habitais. Je savais qu'il y avait un pont près d'ici. Un pont assez haut qui donnait sur une rivière à fort courant...
Mes roues me menèrent au bord de ce même pont, à regarder en-dessous l'eau qui semblait si tranquille d'ici mais si puissante en réalité. Je m'appuyai sur la rambarde de mes bras et m'en servit pour tenter de soulever mes jambes à jamais inertes. Mes bras ployèrent sous l'effort et je faillis tomber à la renverse.
Ça craint... Si j'arrive même pas à me suicider seule, ma vie est encore moins intéressante. Pensées moroses de ce type m'habitait à longueur de journée. Il me fallait à tout prix une échappatoire, c'en était trop.

NDA :

Bonjour à tous !
Voilà, c'était la surprise dont je vous avait parlé : l'histoire du point de vue d'Asae ! Je vous avait bien dit que c'était une "petite" surprise...
Après avoir découvert une Asae cinglante, voilà maintenant une Asae déprimée qui a l'air bien partie pour mettre fin à sa vie...

J'espère que ça vous plaît toujours autant et merci encore pour tous vos votes et commentaires ! (En particulier kilianyL, grâce à qui cette histoire est montée d'une centaine de commentaires et d'une vingtaine de votes ! ♡)

À bientôt pour un nouveau chapitre !

Isekai (Ui)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant