Virginity Game (Oui, encore un)

11. Comment je me fais soupçonner

« C'est forcément l'une de vous. »

Le regard de Gaëtan virevolte de Tania à Raphaëlle, de Raphaëlle à moi, et s'arrête sur Justine.

« Toi. »

Nathan pousse un soupir excédé.

« C'est pas elle, Gat'. Elle est trop conne pour penser à ça.

- Cet enfoiré de troll m'a fait une réputation de pervers sexuel dans tout le lycée, j'ai besoin de savoir qui c'est !

- Oui, eh bien c'est de ta faute, t'y es allé trop fort avec la métisse ! Je voulais la serrer, moi !

- Moi aussi, si tu veux savoir ! »

Les deux joueurs se taisent, vexés. Je ne peux m'empêcher de lâcher un petit rire.

« Qu'est-ce que t'as, la rouquine ?

- Hé, du calme avec mon pion, Gat', intervient Brice de Nice. »

Mais « Gat' » ne se laisse pas impressionner. Il s'approche de moi, les sourcils froncés, le visage crispé, bouillonnant de rage, et grogne :

« C'est peut-être elle, le Troll, les gars. Y'a que le Troll que ça fait rigoler de me mettre dans la merde. »

Fais chier, je suis à deux doigts d'être démasquée. Je savais que je n'aurais pas dû rire... Bon, Alix, trouve un plan B, et vite.

« Je riais, Gaëtan, parce que tu nous accuses alors que nous étions toutes d'accord pour participer au Virginity Game. Tu crois sérieusement qu'on s'amuserait à se dénigrer comme ça ? Le Troll vous fait passer pour des tyrans et nous pour des victimes ou des cruches, merci, mais je n'ai pas envie d'être l'une ou l'autre. »

D'accord, j'aurais pu trouver mieux. Mais ma petite argumentation semble fonctionner, puisque Gaëtan se laisse tomber sur une chaise, et dit :

« Mouais. Je ne vois pas qui ça pourrait être à part vous. »

Ok. Je retire ce que j'ai dit, ça n'a pas fonctionné.

« Tu n'as pas assez réfléchi, alors. C'est évident. »

Les yeux de Gaëtan s'illuminent d'espoir.

« Tu sais qui est derrière tout ça ? »

A ces mots, les quatre joueurs me dévisagent, aussitôt imités par les pions restants.

Merde... Pourquoi est-ce que j'ai dit ça ?

Je replace une mèche rousse derrière mon oreille, tentant d'avoir l'air confiant. Pour me sortir d'affaire, il faut que je sorte la technique classique du « C'est pas moi c'est lui ». Mais bordel, qui est ce que je pourrais accuser, puisque la coupable, c'est moi ?

J'aurais dû écouter Noah. Je le savais. Il me l'avait dit, en plus. Il m'avait dit de ne pas renvoyer de messages, que c'était trop risqué. Qu'est-ce que j'ai fait, moi ? Je me suis laissée emporter par ma colère, et j'ai voulu absolument nuire à Marc-Dutroux-Junior. Bravo, Alix. T'es bien dans la merde, maintenant.

« Je n'arrive pas à croire que vous ne l'ayez pas deviné avant. »

Oui, je gratte du temps. Et alors ?

« C'est qui ? C'est qui ? »

Gaëtan est tout émoustillé, on dirait un chiot sous le nez duquel on agite une baballe.

« C'est... »

Grand silence. Ils sont suspendus à mes lèvres.

« C'est Kahaia. »