14. Comment j'élabore une stratégie

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J'étais en train de regarder un film lorsqu'on frappe à la porte de ma chambre.

Ce doit être Louise, ses clés sont encore sur le bureau. Eh bien tant pis. Ça lui apprendra à aller au cinéma avec Noah sans m'inviter. Quoique. S'ils m'avaient invitée, je ne serai probablement pas venue. J'ai autre chose à faire.

Louise continue de toquer et je fais un doigt d'honneur à la porte. Qu'est-ce qu'elle a, à vouloir à tout prix rentrer ? Elle n'a qu'à rappeler Noah et aller dormir chez lui, comme ça, ils pourront conclure.

Wow. Je suis tellement géniale que j'arrive à rendre service aux gens à distance.

Louise frappe encore et je monte le volume de mon casque.

« Allez, Noah, emmène la chez toi et faites pas chier, je veux regarder mon film. »

Ouais, je parle toute seule, de temps en temps. Ça m'arrive.

Louise continue de toquer.

Bon, ça devient vraiment énervant.

A bout de nerfs, je pose mon ordinateur et ouvre la porte, prête à l'engueuler, et...

Putain.

Mais qu'est-ce qu'il fout là, lui ?

« Oh, mon petit guépard adoré !

- Ta gueule Kevin, t'as une haleine de chacal. »

Brice de Nice me jette un regard attendri.

« Alix, j'adore quand tu es vulgaire. »

Je hausse les sourcils, passablement vexée. Moi ? Vulgaire ? Depuis quand est-ce que je suis vulgaire ?

Profitant de mon incompréhension, il m'écarte de la main et va tranquillement s'asseoir sur mon lit.

« Hé oh ! T'as cru que je t'avais invité à rentrer ?

- Est-ce que tu m'entends hé oh, est ce que tu me sens hé oh, touches moi je suis là hé oh, oh, ohohohoho ! »

Kevin se redresse pour exécuter un déhanché tellement pitoyable que si Shakira était morte elle s'en retournerait dans sa tombe, et m'adresse un sourire abruti.

Gênant.

Très très gênant.

« Bah quoi ? T'aimes pas Tragédie ?

- Non. Comme tout être normalement constitué de cette planète. »

Brice de Nice soupire. J'actionne la poignée de porte pour lui faire comprendre qu'il doit sortir, mais rien.

Je commence un peu à perdre patience. Bon sang, on ne s'invite pas comme ça chez les gens !

« Ecoute, Kevin, puisque tu aimes ma vulgarité : dégage ou je te mets dehors avec des coups de pieds au cul. »

Mon incapable de joueur me répond par onomatopées.

D'accord.

« Est-ce que tu es bourré ? »

Ma question n'est pas spécialement drôle et pourtant Brice de Nice se met à glousser. On va prendre ça pour un « oui ».

« Bon, t'es déchiré, rentre chez toi, prends une aspirine et vas te coucher, ok ? Crois-moi, ça vaut mieux. »

Manquerait plus qu'il vomisse dans ma chambre.

Kevin ne bouge pas. Il s'allonge sur mon lit et commence à pousser des ronronnements très étranges. Peut-être une parade nuptiale. Je n'en sais rien.

Virginity Game (Oui, encore un)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant