CHERUB : Le Renouveau

CHAPITRE 5 : Les premières épreuves

9 octobre 2010

Le fameux examen comportait cinq épreuves et devait durer toute la journée, d'après Zara. Après cela, elle serait censée retourner à son orphelinat mais compte tenu de la distance et des problèmes qu'elle avait eus, la directrice avait suggéré qu'elle puisse immédiatement rester si la fillette le désirait toujours.

C'est à bord d'une voiture de golf que la directrice lui fit faire le tour du campus. Nastia était totalement admirative de l'état des batiments. C'était comme une rêve pour elle, qui lui faisait presque oublier le stress de l'épreuve. Dotée d'un certain orgueil, la fillette avait déjà oublié l'enjeu des examens, totalement obnubilée par ce centre. Elle ne reprit le sens de la réalité qu'en arrivant au dojo, subitement inquiète.

Quelques regards inquisiteurs se posèrent sur la fillette tandis qu'elle rentrait dans le bâtiment avec la directrice. Nastia se figea en voyant plusieurs enfants s'entrainer sur le tatami, surveillés avec une femme japonaise au visage très dur. Elle ne semblait pas parler anglais ou du moins Nastia ne la comprenait absolument pas. La directrice s'éclaircit la voix, avant d'appeler une fille :

- Kiko ? Viens ici s'il-te-plait !

Une asiatique aux cheveux courts ne devant pas avoir plus de 9 ans apparut. Elle était nettement plus petite que Nastia mais dégageait une certaine force, autant que la blonde pouvait faire frêle. « Mon Dieu... je vais me faire défoncer on dirait. » songea Nastia, tandis que la directrice les emmenait dans une autre petite pièce.

- Nastia, je te présente Kiko. Elle sera ton adversaire pour ta première épreuve.

Kiko s'avança avec un petit sourire pour lui serrer la main. Ses doigts écrasèrent la main de Nastia, qui retint une grimace de douleur.

- Vous avez cinq manches à remporter pour sortir victorieuse de cette épreuve. Vous avez le droit de déclarer forfait à une manche en frappant le sol avec la main et en criant « Je me soumets ! » ou encore à abandonner le combat. Tout est permis, hormis les coups dans le bas ventre et aux yeux.

Zara tendit un protège-dent à Nastia qui l'enfila avec difficulté, n'en ayant jamais manipulé. Kiko continuait de la jauger, ce qui frustra la nouvelle. « Elle va voir ce qu'elle va voir cette gamine prétentieuse ! » La directrice lui tendit ensuite un élastique pour qu'elle attache ses longs cheveux en une queue de cheval.

Nastia monta sur le tatami après avoir fait le salut réglementaire.

« Vous êtes prêtes ? Allez-y ! »

Les quelques secondes d'hésitation de Nastia lui furent fatales : sans attendre, Kiko se jeta sur elle pour lui faucher les genoux. La petite blonde tomba sur le dos tout air quittant ses poumons, et l'asiatique posa les deux genoux sur son ventre. Nastia tenta de lui envoyer un coup à la joue mais ne réussit qu'à la griffer. En retour, elle se prit un violent coup de poing au nez qui la fit crier de douleur :

- Je me soumets !

Satisfaite, Kiko recula de quelques pas tandis que Nastia se relevait en tremblant, le nez en sang. Heureusement, celui-ci ne semblait pas être cassé. Tentant de refouler ses larmes, elle se l'épongea avec la manche de son T-shirt en y laissant de grosses taches de sang. La directrice lui proposa d'abandonner mais cette simple idée la refit monter sur le tatami.

Kiko la regarda en secouant la tête avant de lui demander :

- Mais pourquoi tu n'abandonnes pas ? Je vais te foutre une raclée, tu ne sais pas à quoi tu t'expose !

Refusant de lui répondre, Nastia lui donna un coup de pied avant le signal. Le coup toucha presque son adversaire mais celle-ci lui saisit la jambe avant de lui tordre la cheville. La fillette perdit l'équilibre en hurlant tandis que Kiko s'abattait sur elle.

- Je me rends, j'ai eu ma dose ! aboya Nastia, en sueur, du sang plein le visage.

- Si tu continues, je vais te casser le bras, grogna Kiko.

- Veux-tu continuer Nastia, l'interrogea la diretrice, l'air quelque peu inquiet.

En soupirant, la vaincue répondit :

- Non... Je ne peux pas la battre, je n'ai jamais fait d'arts martiaux, je n'ai aucune chance...

Kiko sembla satisfaite et Nastia ravala son orgueil, espérant qu'elle ne perdrait pas trop de points. Elle se remit debout en boitillant pendant que Zara échangeait quelques mots avec la gamine violente.

Nastia se fit ensuite raccompagner dans une salle de classe vide où Zara lui donna plusieurs pages d'exercices à compléter.

- C'est ta deuxième épreuve, bonne chance. Tu as quarante-cinq minutes et pas une de plus.

La fillette n'avait pas osé demander de pause, préférant continuer d'endurer la souffrance qu'elle ressentait. Nastia s'était déjà plantée à la première épreuve, elle se devait de remonter.

Elle s'assit avec soulagement, les jambes flageolantes. Elle examina rapidement la première page avant de commencer les exercices. Son mal de tête, ainsi que son nez qui la faisait encore souffrir, la ralentirent et elle ne parvint pas à finir en un laps de temps aussi court. Les énoncés des exercices tournaient en boucle dans sa tête tandis qu'elle rendait sa feuille, ne sachant même plus ce qu'elle avait réussit à faire ou non.

Nastia se fit ensuite emmenée par Zara jusqu'à une remise où celle-ci tira un poulet de la cage et le présenta à la fillette, tout en le maintenant immobile.

- Maintenant, tue cet animal, déclara la jeune femme d'un ton froid.

Nastia accusa le coup. Tuer un animal sans défense était pour elle l'idée la plus révoltante au monde. Mêle si cela la faisait retourner dans un orphelinat minable, la fillette ne voulait pas avoir sa mort sur la conscience. Nastia se sentait atrocement débile de ne pas se sentir capable d'exécuter cet ordre, mais elle ne pouvait pas commettre un tel acte.

- Je refuse, je ne peux pas faire ça à un animal sans défense.

- Très bien. Tu es sure de ton choix ?

Nastia répondit vite afin d'être sure de ne pas être tentée :

- Oui je le suis.

Elle n'osa pas dire qu'elle ne comprenait absolument pas l'intérêt de cette épreuve. Epuisée, les nerfs à vif par les précédents examens,, la fillette voulait juste en finir et dormir, sans se salir de nouveau les mains si possible.

La directrice hocha la tête, puis rajouta d'un air indéchiffrable :

- Tous les jours des gens tuent des animaux, je suis certaine que tu manges de la viande.

Mal à l'aise, Nastia rétorqua :

- Je refuse, je mange de la viande mais je ne saurais jamais le tuer proprement, sans souffrance comme le ferait un boucher.

- D'accord, passons à l'épreuve suivante alors.