Ana-Rose face à la vérité; 19.

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30 mai :

je déteste écrire dans les journaux intimes, ce que j'ai sur le cœur je veux dire. Mais je crois que c'est un jour qu'on doit marquer d'un stylo noir sur un papier blanc.

ou plutôt, devrais-je dire, d'un stylo rouge sang sur un papier gris comme les draps de Gabriel — c'est une si belle métaphore.

j'suis plus vierge et l'pire c'est que j'ai pas aimé.

et, j'avoue qu'une partie au fond de moi a honte. j'veux dire, le sexe on en fait des caisses, on en écrit des chansons et on en fait des films mais personne pour écrire une histoire sur des trucs dix fois plus mignons du style le partage de yaourt à la fraise.

j'vais revoir Gab et Noé, ce soir, et j'ai très envie de me rouler en boule dans ma couette.

A-R,
le stylo rouge qui fuit qui le papier gris.

   « Tu vas bien ? »

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« Tu vas bien ? »

Noé posa son bras sur mon épaule en m'adressant un regard.

« Oui, je crois.

— Tu n'en as pas l'air. J'vais être honnête avec toi, je sais ce qu'il s'est passé, et j'ai peur d'un truc. Il t'a pas violée, hein ? T'étais consentante ? »

Jamais Noé n'avait semblé si attentif à ce que je ressentais.

« Oui, je voulais aussi. Fin, dans ma tête c'est...confus.

— T'as vraiment pas l'air bien. Gab est pas encore là, tu veux que je l'appelle pour lui dire de pas venir ?

— Je veux bien. Non, non, je veux pas, c'est bon, l'appelle pas, on va pas suivre mes caprices de gamine, t'inquiète.

— Ok, je l'appelle. »

Il sortit son téléphone de sa poche et sélectionna un contact rapidement.

« Ouais, Gab, Rosie se sent pas très bien, je vais la raccompagner chez elle, ça sert à rien que tu bouges, ok ? »

Noé raccrocha instantanément et me regarda intensément.

« Tu étais consentante, Ana, tu me le promets ?

— Je sais pas, c'est moi qui ai commencé à vrai dire, répondis-je amèrement. J'veux dire, c'est moi qui lui ai enlevé son tee-shirt mais... »

Je me sentis rougir comme une tomate trop mûre.

« Mais après, j'ai eu peur. J'me suis dis que c'était normal. Qu'on a toujours peur dans ces moments là, ça fait toujours flipper de découvrir l'inconnu. J'avais envie de remballer mes affaires, de dire stop on arrête tout, mais j'ai rien arrêté du tout parce que je me suis dis que c'était pas...bien.

Demie-teinte.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant