2 - What a Cliché ...

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Je peux être à l'heure. Je peux être à l'heure. Si tant est que je ne me prenne pas le feu en sortant du métro.

Les portes automatiques du métropolitain parisien s'ouvrirent en sursaut, comme à leur habitude et je m'engouffrai dans l'escalier,sautant quelques marches et manquant de me briser la nuque à plusieurs reprises. Comme d'habitude. Je contournai le vendeur de livres et ses tables bouchant la sortie du métro et traversait la petite place qui me faisait face en quelques enjambée. Et là, le drame, feu rouge qui passa, sous mes yeux, au vert. Je vais être en retard, c'est officiel. Un coup d'œil à ma montre et je manquai la crise cardiaque en voyant qu'il était déjà huit heure cinq. OK, je suis en retard. Au point où j'en était, un café ne fera pas plus de mal. Je retournai en arrière, longeai le boulevard Malesherbes faisant face à ma fac et entrai dans une boulangerie.

En cette fin de mois de septembre, la météo était plus clémente que les prévisions et je regrettais d'avoir mis un jean aussi épais et aussi serré. En attendant ma canette de jus de pomme et mon thé à la menthe, je retirai vite ma chemise de bûcheron et la nouai fortement autour de ma taille. En me regardant de profil dans le miroir de la façade, j'observai mon opulente poitrine voulant s'échapper de mon tee-shirt noir. Levant les yeux au ciel, je finis mon thé avant d'entrer dans le bâtiment scolaire et jetai ma canette dans la poubelle du hall. Je balayai l'amphi où j'avais un cours magistral de trois heures pour trouver de bonnes places. A cette heure ci, il était encore presque vide mais les meilleures places, celles du dernier rang, au milieu, étaient prises par une bande de copain. J'étais généralement l'intruse invisible qui prenais le dernier siège à droite. Tant pis. Je me rabattais sur le premier rang et attendis qu'une salve de cinq filles arrive pour entrer avec elles ; nous échangeâmes un sourire compatissant. La professeure aimait commenter l'entrée des élèves et elles'acharnait plus facilement sur ceux qui arrivaient seuls. Une fois en bas, je me retournai pour m'assurer que la dernière rangée était vide. Le garçon du lundi me fixait. Je lui souris avec joie puis je m'installais enfin, près d'une amie. Elle me souris avant de reprendre ses notes.

Je n'étais pas la fille la plus sociable de l'univers. De fait, j'avais énormément de mal à sympathiser avec les gens. Mais la fac étant magique, j'avais réussi à trouver un groupe de personnes tout aussi gauche que moi et nous nous entendions assez bien.

Le cours passa tranquillement et j'enchaînai avec deux heures d'anglais. Au fond de la classe, je pianotais sur le clavier de mon ordinateur à la recherche d'une tenue pour la soirée de ce soir. Une amie fêtait son anniversaire dans un bar du onzième arrondissement et ne tolérait ni ne concevait la simplicité pour une soirée. Être apprêtée comme une reine était de rigueur. La professeure d'anglais, ex-jeune étudiante au teint mat et aux cheveux bruns, me demanda d'exposer ma théorie sur le monde inversé d'Alice au Pays des Merveilles. J'abaissai prestement mon écran avant de me lancer dans une présentation approximative et floue.Chacun pourra interpréter mes arguments comme bon lui semblera. Ma professeure m'inspira finalement une tenue ; elle portait une jupe en laine et un débardeur blanc rentré à l'intérieur de sa jupe. Je décidai donc de porter une jupe bleu roi haute qui m'arrivait à mi-cuisse ainsi qu'un chemisier en mousseline noir,porté à l'intérieur de la jupe, avec une paire de low boots argentées. Je notais mentalement le magasin dans laquelle se trouvait le chemisier (j'avais le reste) et rangeais mes affaires pour aller manger.

Nous nous retrouvions, avec la bande, le vendredi assez tard -quatorze heures- pour déjeuner. Nous avions préféré ces horaires afin d'avoir l'après-midi de libre. Ce qui nous était d'une grande utilité aujourd'hui. Nous avions commander chinois. Nous traînions dans le hall pendant une grosse heure avant de vaquer chacun à ses occupations.

« Bha alors, tu lâches ton téléphone aujourd'hui ou pas ? Me demanda Lucy avec son adorable accent américain.

-Ma sœur est enceinte. On se bat tous, avec mes frères et sœurs, pour qu'elle choisisse le prénom que chacun de nous à choisis.

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