3 - Talk Pretty to Me.

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  Il me coupa si violemment que je me tus sur le coup. Comment tourner ça pour qu'il ne fuit pas. Il était charmant, assez amusant, intelligent et me faisait des références de geek. Et plus que tout, il ne passait pas toute la conversation à me reluquer. Rien que pour ça, il méritait d'avoir une chance.

« Oui. »

   Il détourna les yeux et se cala le plus possible contre la vitre. Arrivé à la station Opera, je n'eus d'autre choix que de m'approcher lorsqu'une marée humaine s'engouffra dans la rame.

« Aussi bien que je connais la Reine d'Angleterre, ou la ministre de l'éducation... Ou le gars-là, qui présente les émissions de télé-réalité. Je te connais à travers l'image en papier glacé de ta famille sur les catalogues du bureau de mon frère. »

   Il se retint longtemps avant de consentir à sourire.

« Je peux continuer à t'étudier sur des photos internet. Ou on peut aller boire ce café et vraiment discuter.

-La deuxième idée semble meilleure. »

Nous échangeâmes une nouvelle fois une paire ou deux de sourires. Il souriait d'une manière étrange, en essayant de ne pas dévoiler ses dents d'en bas, en se retenant un peu. C'était dérangeant mais tellement mignon que ça ajoutait à son charme au lieu de lui retirer des points.

« Donc... Tu m'étudies. Sur les catalogues de ton frère.

-Pas vraiment. Je me tiens au courant ; c'est quand même mon job. Je t'ai reconnu parce que j'étais au gala de charité du début de la saison avec le directeur régional, ajoutai-je en remarquant qu'il me fixait. Mon frère avait besoin d'une cavalière. Et, je ne refuse jamais une soirée où mon frère m'offre une robe excessivement chère et des chaussures aussi belles que coûteuses.

-Matérialiste en plus de ça. Je vois. »

Il dit ça en souriant puis m'attrapa la main pour me faire descendre. Je regardais nos doigts emmêlés et souris malgré moi. Nos mains allaient plutôt bien ensemble.

Nous traversâmes la foule difficilement puis nous débouchâmes sur la charmante allée du Sentier. C'était une longue rue pavée, bordée de restaurants, bars et cafés avec terrasse. Une marée de gens flânait, bras dessus bras dessous, en discutant gaiement, lunettes de soleil vissées sur le nez. Il n'y avait pas vraiment un soleil éclatant, d'ailleurs, mais un rayon ou deux pour prolonger l'été n'étaient pas de refus. Quelques vélos slalomaient doucement entre les passants, en klaxonnant de temps à autre.

Eliott nous fit passer sous l'arcade verte qui annonçait le Sentier. A cette heure-là et avec la météo très douce, la rue se remplissait très vite, autant que les terrasses de café déjà à moitié pleines. Il ne devait pas être loin de seize heures maintenant et je recommençais à avoir faim et soif, vu qu'il ne m'avait pas laisser finir de manger. Nous passâmes quelques cafés puis une épicerie avant qu'il ne me tire vers lui.

« Tu me diras des nouvelles de ce café.

-Ça sera un thé pour moi, corrigeai-je. »

En nous installant, je resserrais ma chemise autour de moi. L'endroit était très moderne et très frais ; Nous étions sur une table haute en métal, ce qui me frigorifiait encore plus. Étant très peu résistante au froid, il m'en fallait peu pour grelotter. 

Eliott alla chercher son café et mon thé. Tout était attirant chez lui ; même sa démarche donnait envie de lui sauter dessus. Son long corps, accoudé au comptoir, était un appelle à la débauche. Il avait eu la décence de porter un cardigan en laine, assez long pour cacher sa chute de rein. Je ne comprenais pas les personnes qui affirmaient que les fesses n'étaient pas importantes pour les hommes. Un regard aux siennes et vous compreniez que c'était le cas.

Nous SauverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant