9a - Who Are You...

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Je fus réveillé par mon téléphone qui vibra à plusieurs reprises sous mon oreiller. Il était tellement tôt que le soleil ne s'était pas encore tout à fait lever. Je m'assis sur mon lit, les yeux à demi-clos et lisait le message de Emman.

Désolée pour hier j'étais en famille ! Je ne serai pas un fantôme mais je serai pas mal quand même ! Sneak Peak !

Elle prenait sa clavicule dénudée en photo, avec une sorte de tissus pailletés par-dessus. J'espérai qu'elle n'était déguisée ni en princesse, ni en princesse sexy sinon je serai vraiment déçu de son manque d'imagination. Je me rallongeai en me demandant si un sneak peak de mon anatomie au réveil la ferait rire. Décidant que c'était de mauvais goût, j'enfouis le téléphone sous le matelas et me tournai vers la fenêtre.

Baptiste dormait par terre, avec moi depuis que ma sœur et sa nouvelle conquête s'étaient installés dans la chambre collée à la sienne. Il y avait trois autres chambres ici mais il avait décider de dormir avec moi. De fait, il me gâchait le paysage et la vie juste par sa présence. La veille, il m'avait apporté un dossier sur la vie de Emman avec tout ce que le détective qui travaillait pour nous avait trouvé et ça m'avait mis mal à l'aise. Comment pouvais-je enquêter sur elle ? A quoi bon sortir ensemble si je connaissais déjà toute sa vie ? N'était-ce pas le principe même d'une relation que de se découvrir, de se connaître, de s'éprouver aussi, pour pouvoir partager quelque chose ensemble ?

Le vibreur de mon téléphone me tira une nouvelle fois de mes songes. Le soleil était tout à fait lever maintenant et la lumière froide du jour transperçait les rideaux électriques. Il ne devait pas être loin de dix heures.

Et j'ai failli oublier ! J'espère que ça c'est bien passé avec ta sœur. Un peu de courage pour te faire tenir jusqu'à jeudi. Sneak peak de la bravoure !

Je vis l'écart entre les cuisses d'Emman, nues, avec des bas blancs opaques ; on y voyait que la dentelle rattachée aux tissus blancs. Et dans un dixième de la photo, en haut, on discernait les deux mains de Emman tirer une étoffe bleuté pour se couvrir.
Je ne disais pas non au costume sans imagination finalement.

« Elle est chaude comme la braise ta copine, observa Baptiste.
-Dégage ! »

Il se dirigea vers la douche en sifflotant.

C'était la guerre froide entre ma sœur et moi. Nous nous détestions, ne sachant toujours pas pourquoi, tout en échangeant des formules de politesse. Elle n'avait pas changé depuis un an. Elle portait toujours ses cheveux ramenés sur l'épaule, longs jusqu'à la poitrine et d'un blond cendré, légèrement ondulés. Son visage et le mien paraissait similaire, excepté sa bouche charnue et son nez plus fin. Vraisemblablement sous les ordres de ma mère, elle portait une robe bleue marine. Le collier de ma grand-mère (une simple chaîne fine en or blanc avec un énorme diamant en pendentif) ornait son long cou et à ses oreilles pendaient des anneaux torsadés également en or blanc. Affublée ainsi, on ne pouvait pas deviner qu'elle était sur un champ de bataille l'avant-veille.
Elle tapotait sur son ordinateur, accoudée au plan de travail de la cuisine.

« Maman te demande d'être présent ce soir, on reçoit des membres du CA.
-OK.
-Et vas te vêtir, enfin, tu ressembles à un prolétaire dans cet accoutrement.
-OK.
-Et préviens Baptiste, je te pris.
-Il ne sera pas là. Il a des...
-Son emploi du temps m'importe peu. Il doit être présent pour sa famille...
-Parce que notre famille est le plus important. Tu peux répéter notre devise jusqu'à demain, il ne sera pas là et si ça te dérange, appelle le. Je ne suis pas votre facteur. »

Les deux cuisinières se regardèrent, interloquées : je répondais rarement à ma sœur ; l'ignorer l'agaçait tellement plus. Je quittai tout de même précipitamment la pièce avant qu'elle ne déverse sa colère sur moi.
Juste pour l'énerver, je restai en pyjama. Et comme si la maison n'était pas assez grande, je la croisai à plusieurs reprises. Elle me regardait méchamment, soufflait par le nez avant de tourner la tête et de s'en aller. J'avais peut être trois ans d'âge mental mais je refusais de lui faire le moindre plaisir.

Nous SauverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant