« Pourquoi ta mère m'appelle ? »
J'eus des vertiges rien qu'en repensant à la dame de glace qui m'avait fait face. Je doutais qu'elle fut un jour gentille, ou aimante, ou quoi que ce soit.
Eliott arracha le téléphone de mes mains.« Allô, grand-mère! Lança-t-il joyeusement. Comment vas-tu ?
-Eliott, l'entendis-je dire. S'il te plaît, contiens-toi...
-Que me veux-tu ? Ton petit-fils te manque ? Où ton fils adoptif ?
-Cesse tes enfantillages, Eliott...
-Que je cesse ? S'offusqua-t-il. Tu m'as menti. Ta fille m'a menti. Tes fils et ton mari aussi. Ne m'insulte pas ! »Il y eu un silence. Un long silence où Eliott trembla. Je serrai sa main de toute mes forces tout en entourant ses épaules de mon bras. Le voir ainsi fit tordre mon estomac. Que pouvais-je faire, maintenant, pour l'aider. Rien, susurra une voix à mon oreille. Regarde-le souffrir.
Hors de question.
Je m'emparai à mon tour du téléphone, en rage.« Vous vous êtes comportée avec votre fils comme une lâche, vous et votre fille aussi. Vous lui avez menti, vous l'avez trahi. Vous êtes écœurante. S'il vous vient encore à l'esprit de le contacter alors qu'il n'est pas prêt à vous parler, sachez que nous ne vous répondrons pas.
-Oh, Eliott n'est pas assez grand pour se débrouiller sans vous ?
-Visiblement, c'est votre fille qui n'est pas assez grande pour se débrouiller sans vous. Au revoir, madame. Nous vous rappellerons. Éventuellement. »Je raccrochai en mis le téléphone en mode avion.
« Maintenant, il nous faut un plan, déclarai-je en me tournant vers lui.
-Tu n'aurais jamais du faire ça... »Eliott s'approcha et me pris par les mains. Ses grands yeux vert fondirent sur moi. Rien qu'en le regardant, je sus que j'avais eu raison. J'avais eu raison de parler à sa mère, d'être de son coté, de lui avoir ouvert ma porte. J'avais eu raison de lui dire, de lui raconter.
Dans un élan d'amour, je le pris dans mes bras et le comprimai contre mon cœur de toutes mes forces. Il me rendit mon étreinte, me pressant encore plus fort contre son corps.
Pour la deuxième fois de la journée, je sentis ses larmes contre ma peau, glissant de mon cou à ma clavicule, de ma clavicule à ma poitrine. Et pour la deuxième fois, mon cœur explosa contre mes côtes.« Tu n'es pas seul, Eliott. Je suis là. Je suis avec toi. Je suis là. »
Je répétai ces phrases inlassablement, tandis qu'il me serrait de plus en plus fort, me confinant de plus en plus contre son torse. J'aurais dû avoir peur. J'aurais dû paniquer. J'aurais dû vouloir m'écarter et m'éloigner loin de lui. Mais mon corps, mon cœur et mon esprit s'accordaient tous à dire que je pouvais rester, que tout allait bien et qu'ils bénissaient cette accolade.
Je fermai les yeux fort, profitant de cette liberté.
Nous finîmes par atterrir sur le fauteuil, Eliott quasiment allongée sur moi.« Qu'est-ce que je vais faire, Emman ? Qu'est ce que je suis censé faire ?
-Une liste. »Eliott se releva brusquement, créant un décalage qui me fit glisser jusqu'au sol. Je rebondis sur mes fesses et Eliott sourit. Rien que ce mouvement me réchauffa toute entière. J'aurais pu ronronner, si je n'étais pas aussi épuisée.
« Nous allons faire une liste : qu'est ce qu'on doit faire ?
-Je comprends pas du tout ce que tu racontes, Emman.
-On va lister tous nos buts répétai-je, déterminée . Par exemple, je veux savoir qu'est ce que mon père fout entre les cuisses de ta... Ça aussi : comment on appelle... Comment on les appelle.
-Constance et Garance. »Eliott bu dans la bouteille d'eau que je lui avais laissé le matin même. Il s'assit en tailleur, fermant les yeux de douleur. Tout son corps se crispa. Ses épaules tremblèrent encore. Je n'en pouvais plus de le voir ainsi, démuni et surtout je ne supportais plus d'être impuissante face à ça. Je ne pouvais plus le regarder et ne rien faire, ne pas pouvoir lui remonter le moral !
Je crochetai ses genoux et l'attirai jusqu'à moi. J'avais désormais ses genoux sur les miens et ses mains dans les miennes.
VOUS LISEZ
Nous Sauver
Novela Juvenil"Grandir est difficile. Grandir en étant aussi cassé que moi, c'est super méga ultra difficile. Quand je l'ai rencontré, je me suis dis que quelqu'un de normal serait bon pour moi. Quelqu'un qui n'avait pas l'âme en mille morceaux, c'était raf...