24 - The truth came out and Harry helped me.

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Les portes de l'ascenseur s'écartèrent, révélant les corps massifs des UF.

Aucune expression, aucune émotion.

Eliott emprisonna mes doigts dans les siens et nous avançâmes vers le 4x4 comme des condamnés dans le couloir de la mort. Le froid débuta ses caresses, effleurant d'abord mon front. Puis, petit à petit, l'amour se transforma en tiraillement quand les vents glacés se mirent à mordiller mes joues. Et la colère du polaire s'abattit sur moi quand l'hiver se mit à croquer mon nez et mes oreilles.

Damn it.

Eliott me tendit sa main -gelée- pour m'aider à grimper sur le marche-pied de la voiture. L'intérieur était chaud mais Eliott ne bougea pas. Il ne se dévêtit pas, il ne retira pas son écharpe. 

Il gardait sa position, droit comme un I, les bras de part et d'autre de son corps.

Je m'intimais au silence, respectant le plus possible son deuil. Car c'était en effet un deuil : il fallait faire le deuil de tout ce qu'il avait connu pour cicatriser. Pour ne plus être en colère, ou triste.

Je détestai les surprises et j'étais abattue à l'idée de ne pas avoir potassé sur l'adoption, la psychologie des enfants adoptés, des mensonges et secrets de famille... J'étais désarmée face à la peine d'Eliott, démunie face à sa colère et impuissante dans cette situation. J'étais incapable d'éponger son chagrin. Je ne servais à rien, je ne pouvais rien pour lui.

Nous arrivâmes chez lui, main dans la main. Le plan était simple, nous pouvions  y arriver.

Je retrouvai le hall, l'hôte, le tableau, les cases, le courrier, la banquette en cuir rouge, l'escalier. Pourtant tout me paraissait oppressant. Étouffant, suffocant. L'air pesait sur mes épaules, sur mon cœur, comme fait de plomb. Ce que j'avais trouvé d'une clarté incroyable une journée auparavant était terne et morose.

Eliott n'eut aucun mouvement, aucune émotion.

Lorsque nous entrâmes dans le salon, la table de dîner était pleine. Elle ne se parait pas de bons petits plats, cependant, mais de la famille d'Eliott, ou du moins des femmes de sa famille, avec son petit frère. Il serra ma main de toute ses forces.

Les têtes pivotèrent vers nous et tout le monde se redressa. Tous les yeux se posèrent sur moi, me donnant l'impression de me raboter, jusqu'à me faire me sentir minuscule. Mes entrailles paniquèrent et se mirent à danser dans tous les sens, s'entrechoquant douloureusement entre elles.

« Eliott, haleta Constance. »

Ce dernier eu un mouvement de recul, allant presque jusqu'à me lâcher.

Hors de question.

Je réaffirmai ma prise, lui faisant bien comprendre qu'il était inimaginable que je le laisse tomber.

Constance se révéla, plus épuisée que jamais. Mais ses yeux manifestait une affliction profonde, laissant paraître tout son désarrois. L'air me manqua un instant, tant sa peine m'empala.

« Pourquoi vous avez menti ? »

Je regardai Eliott, fixant sa bouche comme s'il s'exprimait dans une langue étrangère. Ce n'était pas le plan. Et ce n'était certainement pas le moment de dire ça, ainsi, face à une Constance dévastée. Une entrée en matière aurait été plus délicate mais Eliott ne voyait rien d'autre qu'elle. Il ne regardait qu'elle. Je ne l'avais pas lâcher des yeux mais une chaise, raclant contre le sol, me fît braquer mon regard sur les autres. Mon estomac se serra, terrorisée par l'expression de Garance. Elle n'était pas contente. Elle n'était pas conciliante. Elle était là pour se battre. Se battre contre moi. Impossible de rivaliser et pourtant je soutins son regard un long moment, refusant de lui faire le plaisir de me soumettre à elle.

Nous SauverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant