15 - Télévision

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Nous étions rentré, épuisés. Nous avions à peine manger.

Et sans vraiment savoir comment, peut-être car la fatigue et les souvenirs nous submergeaient, nous avions dormis ensemble, blottis l'un contre l'autre, dans le petit lit de Chanyeol.

J'ouvre les yeux, il fait jour. La pièce est plongée dans un silence apaisant. Je n'entend que mon souffle. Il fait chaud, le soleil tape par la fenêtre. Soudain, à mes côtés, je sens un mouvement. Un bras glisse sur dos.

Je tourne la tête et voit Chanyeol qui dort profondément. Il a l'air détendu, sa respiration est profonde et calme. Je secoue un peu son épaule pour le réveillé, mais il réagi à peine. Sa jambe collée a la mienne bouge légèrement, et c'est tout. J'ai l'impression d'être un nounours.

Je reste quelques minutes comme ça, sans bouger, profitant juste de la présence de Chanyeol, me remémorant la soirée de la veille. Les chaussons qui n'en sont pas vraiment. À cette idée, mon ventre gargouille désespérément. J'ai faim.

Je me lève délicatement, et extrais doucement mes jambes de sous la couverture, qui étaient entremmélées avec celles de Chanyeol. Il dort toujours à poings fermés.

Je sors de la chambre à pas feutrés et entre dans le salon-cuisine. Le four indique dimanche 18 août, 10:47. J'ouvre tout les placards pour trouver de quoi me nourrir, et entre-autre préparer un petit-déjeuner à Chanyeol. Certains produits me sont totalement inconnus, et je mets du temps avant de comprendre que la cafetière en est une tant elle est différente de celles de "l'autre" monde.

Je commence à me sentir chez moi dans celui-ci. Enfin, à m'y sentir moins étranger, bien que je le sois toujours.

Soudain, alors que je dépose les cafés sur la table, j'entend un grand boucan du côté de la chambre. À peine ai-je le temps de faire un pas pour aller voir, que Chanyeol apparait paniqué dans l'entrée de la pièce. Il me fixe quelques secondes avant de se détendre d'un coup et sourire.

- Pendant un moment j'ai cru que ... tu étais parti.

Je secoue la tête.

- Je n'en ai plus envie, promis.

Il s'approche à grand pas et me sert dans ses bras. Je passe aussi les miens autour de lui jusqu'à ce qu'il réagisse.

- J'ai faim.

- Eh bien, manges, je viens de préparer, enfin tenter, un petit déjeuner.

- Mh.

Il reste un court instant de plus à m'enlacer, puis se résigne à me lâcher. Nous nous installons à la table et iscutons tranquillement, nos mugs de café dans les mains.

La matinée fut calme. Nous avons décidé de ranger l'appartement. Chanyeol tente d'ouvrir le volet du salon, mais le casse encore plus. Cependant la lumière passe et illumine la pièce assez pour que nous n'ayons pas besoins des lumières artificielles.

Chanyeol appellera un réparateur demain.

On retrouve une vielle radio. On l'allume, et de la musique pop emplit l'appartement. On monte deux étagères. Dans les cartons, on tombe un coup sur de la vaisselle, un coup sur des livres ou sur des magazines, on trouve même du matériel de camping.

En quelques heures, l'appartement de Chanyeol est débarrassé des masses de cartons empilés qui étaient là depuis beaucoup trop longtemps, et ressemble maintenant à un endroit habitable. Je m'écroule sur le canapé, Chanyeol fait de même.

- Je n'aurais jamais eu le courage de faire ça seul.

Je souris, et ne répond rien. Je suis trop épuisé pour ça.

Nous allumons la télévision (qui, après maintes essaies, a fini par marcher). C'est le JT de 20 heures. Chanyeol se lève. Je ne regarde pas où il va. J'en profite pour m'allonger sur toute la longueur du canapé, et fermer les yeux quelques secondes. Je vais me reposer cinq minutes. J'entend la voix de la journaliste en fond sonore.

- Nous annonçons aujourd'hui une bien triste nouvelle pour les amoureux de musique cl...

J'ai froid. Ça ne dure que peu de temps, mais j'ai l'impression que tout mon sang se glace soudain. Je sursaute à cette sensation et ouvre les yeux d'un coup.

La vielle télé et le salon ont disparut, je suis dans ma chambre d'hôpital, cette fois-ci il n'y a personne à mes côtés.

- ...assisque. Kyung Jiae, la célèbre pianiste coréenne connue internationalement, a hier été emmener à l'hôpital suite à une soudaine crise.

La télé face à moi est allumé. Je n'avais pas remarqué qu'il y en avait une. C'est le JT de 20 heures. Je reconnais le journaliste, c'est lui qui présente l'émission depuis dix ans.

J'ai mal à la tête.

La porte à ma droite s'ouvre, quelqu'un rentre. Chanyeol est sur son portable. Je suis surpris par son expression : il est fatigué, angoissé, ses joues sont creuses. Il lève la tête mollement vers moi. Et ses yeux s'arrondissent alors soudain, brillant de larmes.

- B.. Baek ? Tu es revenu à toi ? Est-ce que t.. tu..

- Chanyeol ..

Je n'arrive pas à parler. Ma bouche est sèche, et parler me suscite une vive douleur. Je grimace à cause de celle-ci.

Chanyeol court vers moi et me prend dans ses bras, pleurant à chaudes larmes, hoquêtant.

- L.. Les médecins disaient qu.. qu.. qu'il y avait peu de chan-ces que t.. tu t'en sorte .. Mais t.. Tu es là ...

Il me sert fort. J'essaie de l'enlacer aussi, mais tout mes muscles se réveillent en panique, car plus habitués aux mouvements. Je pousse un léger gémissement de douleur.

- Qu-qu'est ce qu'il t'arrive ? J-je t'ai fais mal ?

Chanyeol me regarde inquiet.

- Non ..

Je souffle presque le mot.

Chanyeol pose ses mains sur mon visage, il m'observe, vérifie que je suis vivant, qu'il ne rêve pas.

Mais en le voyant lui, je me rappelle du Chanyeol avec qui je vient de passer la journée à ouvrir des cartons, ranger, danser ridiculement sur de la musique un peu nulle, du Chanyeol à côté duquel je me suis réveillé ce matin, et de sa réaction lorsqu'il a vu que je n'étais plus dans son lit, près de lui. Du Chanyeol que j'ai rencontrer dans un parc la première fois, et de son visage triste en me voyant. Du Chanyeol qui souffre depuis des années de la disparition de mon alter ego.

Moi aussi, je me mets à pleurer. Chanyeol s'affole.

- Qu'est ce qu'il se passe ? Ça va ? Oh Baek qu'est ce qu'il t'arrive ...

"Je m'en veux."

C'est la seule réponse qui me paraisse acceptable. Mais je n'arrive pas à le dire. Chanyeol colle son front contre le miens et parle doucement.

- Baek..

Je ne peux pas réagir. Je ferme les yeux, très fort, pour ne pas regarder Chanyeol.

Il se tait finalement, voyant que je ne répond pas. Ses mains caressent affectueusement ma tête. Il se veut rassurant. Il l'est.

Il m'embrasse. Je sais qu'il le fait, je le sens. Mais j'ai froid, terriblement froid.

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Bonjour bonsoir ! Désolé de ce retard de post, mais vous remarquerez que ce chapitre est beaucoup plus long que les précédents :)

J'espère que ce n'est pas un problème pour vous, car ça ne va pas aller en s'arrangeant à ce niveau ha ha ...

Prochain chapitre lundi c'est promis !

Analogie [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant