Analogie [Terminé]

11 - Clé

Chanyeol s'est endormi dans mes bras, sur le canapé, après avoir pleurer encore. Je suis rester peut-être une heure, sans bouger, profitant juste de sa présence, pour finalement m'endormir aussi. Et pour la première fois depuis quelques jours, je pu enfin dormir profondément, apaisé, malgré ce que Chanyeol m'avait avoué.

Lorsque je me réveille, je suis seul. Je ne sais pas quelle heure il est.

Je remarque sur la table basse un petit papier et un objet en métal posé dessus. Je me lève et allume la lumière.

C'est un petit trousseau de clés. Il y en a quatre.

《<= N'en profite pas pour t'enfuir.
Il y a des vêtements et une serviette dans la salle de bain si tu veux 》

C'est ce qui est écrit sur le papier. La flèche désigne le trousseau. Je reconnais l'une d'entre elles : la clé de l'appartement de Chanyeol. Je ne sais pas à quoi servent les autres, il y en a deux qui semble un peu rouillée, dont une toute petite. Je reste fixé sur celle-ci quelques secondes. Il me semble l'avoir déjà vu.

Je sors de la pièce sombre et me dirige dans l'autre partie de l'appartement. Cela fait deux jours que je suis ici et que je porte les même vêtements, une douche ne me ferait aucun mal.

La salle de bain est, contrairement au salon, une pièce claire. Il y a deux fenêtre tout en haut du mur qui laissent passer le soleil. Je me douche rapidement, utilisant les premiers produits qui me tombent sous la main, puis m'habille avec les vêtements que Chanyeol me prête.

Ils sont légèrement trop grands. Un petit sourire se glisse sur mon visage en imaginant Chanyeol les porter. Ils sont sûrement parfaitement ajustés à sa taille.

Je retourne dans le salon, mange un peu, puis attrape les clés et sort de l'appartement. Clac. Je prend soin de bien fermer la porte, puis descend les escaliers. Dans le hall, je peux déjà apercevoir l'extérieur : le ciel est un peu nuageux. Je sors. Il fait bon, presque chaud, le temps est sec. Je souris. J'adore cette météo.

Mais maintenant que je suis dehors, je ne sais pas quoi faire. Je commence à marcher pour m'éloigner du quartier résidentiel. Les clés tintent dans ma poche.

Mes pensées dérivent. Qu'est ce qu'il se passerait si je rencontrais l'autre Byun Baekhyun ? Est-ce que ça aurait des conséquences sur quoique ce soit ? Genre les deux mondes exploserait ou quelque chose comme ça ?

Mes pieds avancent tout seuls, à l'aveuglette. Je passe devant un arrêt de bus. Je fais marche arrière et me poste devant le plan de Séoul. Beaucoup de quartiers et de lignes de bus sont les mêmes que dans mon monde, mais je dois faire attention à ne pas me faire avoir par les noms, comme avec Dongdaemun.

Il reste cependant un endroit qui semble ne pas avoir changer. Mon cœur fait un bon. Cet endroit, j'avais pour habitude de m'y réfugier quand j'étais adolescent. Très vite, j'essaie de voir quel bus pourrait m'y emmener. Mais je me rappelle : je n'ai ni argent pour acheter un ticket, ni carte.

Je compte. J'aurais besoins de presque une heure à pied pour y a aller, et je ne suis pas sûr de pouvoir reconnaitre le chemin.

Je m'apprête à repartir, quand je remarque quelque chose. Dans la machine à ticket. Je ne peux pas m'empêcher de rire, et m'approche pour retirer le ticket oublié.

Je l'observe un instant et rigole encore. Il est totalement vierge, il a vraiment été oublié. Est-il possible d'avoir autant de chance ? Aparement oui.

J'attends le bus pendant une dizaine de minute, et ne peux m'empêcher de sourire face à cette chance.
Un peu moins de vingt minutes plus tard, je suis arrivé. Et je souris encore. L'endroit est exactement le même.

Il s'agit d'une ancienne école, fermé depuis il y a quinze ans, elle l'était donc déjà lorsque je l'ai découverte. Elle se trouve au bord du fleuve Han. Très peu de personne connaissent son existence, il y avait parfois de temps en temps des jeunes qui venaient, histoire de visiter un endroit abandonné, mais il n'y avait vraiment rien d'intéressant.

Mais moi j'adorais cet endroit. Je crois bien que je n'en ai jamais parler à personne. Je venais seul ici, pour me calmer quand j'étais énervé, ou me cacher quand j'avais besoins de solitude et de calme.

L'école est exactement la même que celle que je connaissais. Le trou dans le grillage est exactement au même endroit. Je traverse la cours et le préau, puis rentre dans le bâtiment. Je traverse les couloirs. Je connais cet endroit par cœur. Mais là où je préférais aller, c'était une pièce au premier étage, dans laquelle il y avait une petite scène et des chaises et tables d'enfant. Elle faisait sûrement office de "théâtre" et de salle de cours. La fenêtre donnait sur le fleuve, et on pouvait presque sauter dedans depuis cette fenêtre.

Je monte les escaliers, et me retrouve au premier étage. Et en voyant la porte de cette fameuse salle, à l'autre bout du couloir, je me souviens de quelque chose.

Si j'y étais tranquille, c'est que j'étais le seul à pouvoir y rentrer.

Car lors de ma première visite, c'était bloqué. Et puis, par une sorte de miracle, j'avais trouvé la clé pour l'ouvrir.

Je sors précipitamment le trousseau de ma poche et cours vers la fameuse porte. C'est bloqué bien sûr.

Clac clac.

La porte s'ouvre.