Chapitre XV

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Banshees. Oracles. Brownies. Dullahans. Je vis dans un monde où la mythologie est une réalité. Chaque jour devient plus pénible à supporter, plus lourd à digérer. Ma première attaque date d'hier après-midi, aux environs de treize heures et je me rends compte que je suis un poids mort. Incapable de me battre, de contrôler mes cris ou même d'aider mes amis. Thomas et Aoile sont des guerriers, je n'ai aucun doute là-dessus. Mais moi ? Je suis juste une lycéenne que l'on a jetée dans ce monde sans un avertissement. Aoile a accepté de m'entraîner, disant que cela faisait partie de son rôle de protectrice. Je ne sais pas vraiment quoi comprendre de son "rôle", mais tant qu'elle m'aide à devenir badass, je suis ravie !

C'est ainsi que j'ai terminé dans une combe près de la grotte, à quatre heures du matin, habillée d'un simple slim et haut de sport noir, les fesses dans l'herbe mouillée. Un grognement sort de ma gorge tandis que j'attrape la main d'Aoile pour me relever. Et avant même que mon corps soit totalement redressé, je sens la jambe droite de la blonde glisser sous les miennes pour me remettre à terre. Au-dessus de moi, la jeune femme me sourit narquoisement, les yeux pétillants de malice. Aucunement fatiguée, elle s'éloigne de quelque pas tandis que je tente péniblement de me remettre debout. Rien qu'à la voir sautiller sur place, je suis fatiguée. Sérieusement, elle est montée sur pile ou quoi ? Un soupir s'échappe de mes lèvres entrouvertes, ce qui ne passe pas inaperçu. Aoile se tourne aussitôt vers moi, les sourcils froncés. Elle s'approche d'un pas rapide et souple, comme un chat qui chasse sa proie. Sa main attrape mon bras et elle le place avec facilité devant ma gorge, manquant de m'étouffer. Puis, après quelques secondes, elle me relâche avec un rire moqueur qui me donne envie de l'étouffer.

— Tu ne pourrais pas être plus douce ? Je demande, exténuée.

Aoile ricane tout en massant son poignet droit.

— Bien sûr ! Tu diras ça aux Dullahans quand ils viendront te couper la tête, je suis certaine qu'ils seront plus doux avec toi, se moque la blonde.

Je sais qu'elle a raison, mais sa manière de me le dire me donne une nouvelle fois envie de la tuer. Nouveau soupir de ma part, ce qui entraîne chez Aoile une sorte de colère. Je la vois serrer ses poings et contracter sa mâchoire sans pour autant croiser mon regard. Son dos se place dans mon champ de vision tandis que mon amie s'accroupit, attisant ma curiosité. Mais après quelques minutes de silence pendant lesquels je frotte mes bras pour éviter d'attraper froid, Aoile se redresse et se rapproche de moi.

— Je suis désolée, souffle-t-elle sèchement, presque comme si elle n'en pensait pas un mot.

Je cligne des yeux, surprise. Est-ce qu'elle vient de s'excuser ? Je sais qu'elle est censée me protéger et que du coup, elle est plus gentille envers moi qu'envers les autres, mais des excuses ? C'est une chose à laquelle je ne m'attendais pas vraiment.

— De ? J'anone, le cerveau embrumé.

Aoile sourit et secoue négligemment la tête devant mon flegme.

— D'être aussi dure. On a juste peu de temps pour t'enseigner comment te battre, alors je pensais qu'utiliser la méthode à laquelle j'ai eu le droit te rendrait...utilisable, plus tôt. J'avais tort. Je peux prendre en charge le corps à corps, mais c'est à Archibald de t'apprendre à te servir de tes pouvoirs dans un combat. Pour avoir l'avantage, m'explique-t-elle.

Je souris en l'entendant dire "utilisable". Personne ne m'avait vraiment qualifié d'objet avant. Enfin si, les enfants du pensionnat, mais j'avais l'habitude. Mais dans la bouche d'Aoile, ça sonne presque comme un compliment, alors je garde ma remarque pour moi. En repensant à Archibald, je fronce les sourcils.

— En parlant de lui... Pourquoi tu as aussi mal réagis la dernière fois ?

Un silence ensuit cette question et je me retiens de soupirer face à ma propre bêtise. Evidemment, le fait qu'elle m'entraîne ne me donne pas le droit d'avoir une réponse à toutes mes questions. Chez les Flints, elle était pourtant prête à le faire. Mais depuis, je n'ai eu le droit qu'à des regards glacés et des réponses froides. Aoile ferme ses poings et se met en position d'attaque, un sourire aux coins des lèvres et son air supérieur sur le visage. Je soupire et reprends la position qu'elle m'a enseignée quelques heures plus tôt.

Les Chroniques d'Idan (tome 1) : La Dernière BansheeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant