Chapitre XXIII

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Tandis que le bateau accoste sur le rivage, j'admire la vue que nous avons sur la fameuse Idan. D'ici, impossible de voir plus que la dense végétation qui semble couvrir entièrement l'île. La seule montagne que j'entrevois est couverte de verdure. L'île est immense, surtout d'aussi près. Tout ne rentre pas dans mon champ de vision. Autour de moi, l'eau clapote contre le bateau, créant une douce mélodie reposante. Aoile attache méticuleusement le bateau au ponton de bois et Thomas l'aide en faisant passer les bouts par-dessus bord.

— Plus à gauche, soupire Aoile avant que la corde n'atterisse à ses côtés.

Je la regarde la ramasser et l'enrouler autour de la bit d'amarrage aussi fermement que possible. J'attrape un bord du bateau quand ce dernier vient taper contre le ponton, heureusement protégé par les bouts. Thomas sort les sacs du bateau et vérifie que le moteur soit bien coupé, tandis que mes yeux ne ratent rien du magnifique tableau qu'offre l'île.

— Sam, tu comptes descendre ? Me demande gentiment Thomas en tendant une main vers moi.

Je m'arrache à regret à ma contemplation et me lève avec précaution pour ne pas tomber. Un pied devant l'autre, j'avance jusqu'à Thomas en moins d'une minute et attrape sa main. Avec son aide, je pose pied à terre et ferme les yeux pour éviter d'avoir la tête qui tourne.

— Merci, je réponds, les yeux toujours fermés.

Je les ouvre après deux minutes, observant les alentours. Un ponton de bois sur lequel le bateau est accroché, ainsi qu'une cabane bleu azur dans laquelle un vieil homme se trouve assoupi. Derrière lui, le mur de végétation commence. Je suppose que l'île est derrière, protégeant ainsi les habitants de tous regards trop intrusifs. Thomas attrape mon sac et le sien, tandis qu'Aoile l'a déjà sur son dos. Ne voulant pas profiter de mon ami, je lui prends mon sac avec un sourire d'excuse et enfile les bretelles.

— Je vois qu'Hector a l'oeil toujours aussi persant, on va devoir faire vite, commente Aoile, le regard vers le ciel.

Je jette un coup d'oeil à la cabane et étouffe un petit rire devant le spectacle de l'homme endormi sur son siège, offert à n'importe quel arrivant. Son haut fushia est désormais tâché par du café, dont la tasse brisée s'est incrustée dans le rose. Sa bouche à demi-ouverte laisse voir des dents pas vraiment blanche et ses cheveux grisonnants sont totalement emmêlés. Thomas s'approche pour être au niveau de mon épaule. Il a sans doute suivi mon regard car il pose sa main sur son épaule, un demi-sourire sur le visage.

— L'homme dans la cabane se nomme Verdun. Il est censé aider les voyageurs à accoster. Mais bon, déjà à ma première venue il dormait, c'est bon de la revoir ainsi, m'apprend-t-il.

Je jette alors un regard vers Aoile, qui semble étonnée par ma réaction précédente. Même si je suis heureuse de mettre un nom sur un visage, je suis toujours intriguée par la remarque d'Aoile. Thomas continue d'avancer vers Aoile et Verdun, tandis que je reste en arrière, regardant le ciel à la recherche du fameux Hector.

— Alors qui est Hector ? Je demande, confuse.

Aoile s'arrête de marcher et se fige, tandis que Thomas va jusqu'à la cabane et entre. La porte n'est jamais fermée ? Son but est sans doute de faire peur à Verdun, car il essaye de faire le moins de bruit possible sous mes yeux amusés. Un cri perçant retentit dans le ciel avant qu'une ombre passe au-dessus de nous. Aoile soupire et rebrousse chemin pour attraper mon bras et me force à marcher droit vers le mur d'arbre, alors qu'un second cri retentit. Thomas, dans la cabane, regarde lui aussi vers le ciel et même Verdun s'est réveillé. Je retire mon bras de la prise de mon amie, qui fronce les sourcils.

— À quoi tu joues ? Souffle-t-elle, passablement énervée.

Je lève les yeux mais n'aperçois rien d'autre qu'une ombre cachant le soleil, comme une sorte d'immense flamme. Je baisse le regard vers Aoile qui n'a d'yeux que pour les flammes venues du ciel. Et avant même que je ne fasse un pas, un énième cri retentit et la terre se met à trembler. Je me retiens de justesse à Aoile avant que le sol ne se stabilise et remarque que Verdun et Thomas sont venus vers nous. Si Thomas et Aoile semblent confiant, Verdun est totalement paniqué. Ses yeux bleus sont ouvert au maximum et ses bras tremblent.

Les Chroniques d'Idan (tome 1) : La Dernière BansheeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant