Chapitre XIV

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Boum ! Le bruit d'une porte qui se claque retentit quelque part dans la pièce. Mes yeux papillonnent jusqu'à s'ouvrir malgré la vive lumière qui me brûle les rétines. Est-ce le soleil ? Je distingue rapidement les bougies éteintes et les livres éparpillés au sol, ainsi que l'un des tapis poussiéreux vide. Sous ma main, je sens le fin tissu qui compose l'autre tapis sur lequel je me suis endormie. Mon attention se porte sur les bruits que j'entends autour de moi, sans pour autant voir le moindre mouvement. Boum ! Le bruit recommence, forçant ma curiosité à réveiller les muscles. Je me redresse avec lenteur, toujours un peu endormie. Comme dans un rêve, j'avance jusqu'à la porte et presse la poignée. La porte s'ouvre à la volée et une tornade de cheveux blonds s'infiltre dans la pièce avant de refermer la porte dans un grand bruit de ferraille. Attendez... De la ferraille ? Une porte ? Mon cerveau désormais définitivement réveillé me confirme que cette porte n'existait pas quand nous sommes arrivées ! A mes côtés, Aoile est assise sur le sol, visiblement agitée. Ses cheveux sont attachés en queue de cheval et je remarque un nombre impressionnant de cicatrices sur ses bras dénudés. Vu la vitesse à laquelle elle semblait guérir la dernière fois, je trouve cela étrange.

— Aoile, mais qu'est-ce qui se passe ? Je demande, extrêmement confuse.

Cette dernière lève les yeux vers moi et je retiens une grimace de dégout. Sur sa joue, trois griffures visiblement profondes guérissent petit à petit, donnant à son visage d'habitude angélique un petit côté démoniaque. Et effrayant.

— Tu veux tout savoir ? Tes ennemis sont ici. Les mêmes ennemis qui ont tués tes parents, tes grands-parents et toutes les Banshees qui t'ont précédé. Et ils ne sont pas tellement du genre à parlementer. Ils veulent ta tête et rien d'autre, grogne-t-elle en se relevant.

Les griffures se résorbent, laissant dans mon cerveau une trainée de questions. Mais mon cœur se serre et commence déjà à entamer un rythme plus irrégulier et rapide, à cause d'un mélange de peur, de stress et d'incompréhension.

— D'accord. Heu... Comment on les combats ? Je questionne, perdue.

Un rire cynique s'échappe de la gorge de mon amie tandis qu'elle plante ses yeux dans les miens.

— Oh chérie, on ne va pas les combattre. Je vais leur faire regretter d'avoir levé la main sur moi, siffle-t-elle.

Je ressens tant d'animosité dans sa voix que j'en reste pantoise. Je sais qu'Aoile a une fâcheuse tendance à s'énerver facilement​, mais elle semble tellement en colère que je sens qu'elle pourrait les tuer. Je la suis quand elle sort de la pièce, intriguée de voir à quoi ressemble lesdits ennemis mais aussi inquiète pour Aoile. Elle a peut-être l'air de tout gérer, mais je ne sais pas si ce n'est pas qu'une façade. Je la vois remonter les escaliers lentement, presque en slow motion, comme dans les films. À peine a-t-elle disparut de ma vue que j'entends un hurlement strident. Je me précipite dans les escaliers, le cœur battant. Je prie pour ne pas voir le cadavre d'Aoile en haut ou quelque chose dans ce style. À quelques marches de l'arrivée, je me bloque : face à moi, Aoile vient de planter une épée dans le ventre d'une créature absolument atroce. Deux yeux rouges qui s'éteignent, un corps haut d'environ un mètre vingt, repoussant à souhait. Plus loin, d'autres sont même juchés sur des chevaux noirs aux mêmes yeux rouges, illuminant la scène avec des lampions. Lampions fait de crânes humains et dans lesquels brûlent un feu qui ressemble aux flammes de l'enfer.

Vers la droite, je distingue Thomas qui se débat tant bien que mal avec un autre de ces monstres. Un sourire grandit sur mon visage quand je le vois couper la tête de ce truc. Sourire qui s'efface quand je vois le corps de d monstre remettre sa tête en place. Sans problème. Ma main droite couvre ma bouche pour m'empêcher de vomir. L'un de ceux qui se bat avec Aoile soulève un fouet. Un frisson parcourt mon corps quand je remarque que ce fouet est fait de colonnes vertébrales humaines. Je sens soudain une pression sur ma jambe, ce qui manque de me faire hurler.

Les Chroniques d'Idan (tome 1) : La Dernière BansheeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant