Chapitre XXII

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Le bateau fend une vague translucide, envoyant des myriades de gouttelettes dans les airs. Percées par le soleil, cela ressemble à de magnifiques perles, qui me retombent dessus avec grâce, rendant mes beaux cheveux totalement trempés. Un rire cristallin me parvient et je fusille Thomas du regard, tandis que ce dernier s'amuse à comparer ma tignasse trempée à une queue de poney brossée. Je le hais. A nos côtés, Aoile reste silencieuse, observant l'horizon comme si quelque chose allait apparaître d'un seul coup. Depuis son retour parmi nous il y a trois jours, elle est restée à distance.

Soudainement, le bateau bascule légèrement sur le côté, manquant de me faire hurler de peur. Je n'aime pas vraiment être sur mer. Thomas reste stoïque mais je sais qu'il a presque eu plus peur que moi, tandis qu'Aoile est définitivement blasée. Elle semble même en colère, ce qui se confirme quand elle tourne la tête vers la source de tout ce remue-ménage. Je suis la direction de ses pupilles noircies et découvre une jeune fille. Visiblement très jeune, entre quatorze et quinze ans, de grands cheveux roux retombant de part et d'autres de son joli minois enfantin. Ses yeux vert, plus foncé que les miens, observent Thomas comme s'il était un repas fraîchement servi.

— Qu'est-ce qu'elle fait dans l'eau ? Je murmure en clignant des yeux.

Une sorte de mini-panique s'empare de moi : il faut l'aider avant qu'elle ne se noie ! Je tente donc d'aller vers elle, entendant le moteur du bateau ralentir. Thomas l'arrête définitivement et s'approche lui aussi du bord, avant qu'un mur invisible ne nous bloque tous les deux. Tel un seul homme, nous nous tournons vers Aoile, qui semble prête à tuer cette pauvre enfant.

— A moins que Thomas ne soit un adepte de la plongée sous-marine, je vous conseille de laisser cette gosse repartir, nous menace la blonde.

Je fronce les sourcils et me tourne vers la rouquine, qui fixe désormais Aoile. Thomas recule jusqu'à l'autre bout du bateau, terrorisé, tandis que je reste estomaquée devant ce spectacle. Aoile est vraiment grossière, ce n'est qu'une enfant ! Cette dernière ricane face à nos têtes. Mais, en moins de dix secondes, elle ouvre des grands yeux apeurés, pousse un petit cri et plonge sous l'eau comme un dauphin, nous présentant ainsi sa longue queue de poisson miroitante au soleil. C'est à mon tour de reculer le plus possible du bord, encore choquée. Une sirène ?

— C'est quoi ce délire ? Je questionne, le cœur battant.

Aoile sort de son mutisme lorsqu'elle semble m'entendre poser la question.

— On approche, répond-t-elle assez laconiquement.

Je retiens le sarcasme qui pointe son nez et reste silencieuse. J'observe plutôt son visage, sur lequel ses diverses coupures ont disparues. C'est dingue ! Même si je sais désormais qu'elle est immortelle et que ses blessures se résorbent très vite, je ne m'y fais pas. Sans parler du fait que la pire de ses blessures, celle infligée par Dame Madera, n'a pas totalement guéri. Aoile nous a juste expliqué qu'elle souhaitait nous rejoindre au plus vite afin de ne pas m'exposer au danger trop longtemps.

Après ça, nous avions pris sacs et voiture, garée plus loin derrière la cabane. Aoile au volant était désormais la dernière chose que je voulais. Grande vitesse, plusieurs jurons, sans oublier l'inmanquable accident de la route juste avant la plage. Soit-disant "c'est l'arbre qui nous a percuté, pas l'inverse". Ce souvenir me fait soupirer tandis que ma main se pose sur l'énorme bleu qui orne désormais mon bras droit. Il a une couleur aubergine absolument immonde. Mais au moins, je suis vivante.

— Je crois que je vois l'île, s'exclame Thomas.

D'après eux, nous avions quitté la forêt du Nantahala, à Asheville aux États-Unis, puis roulé jusqu'à Charleston, tout ça pour prendre un bateau jusqu'à l'île de Idan. Une île qui n'apparaît sur aucune carte. Après tout ce que je venais de vivre ces dernières semaines, je peux croire que des êtres étranges puisse exister. Mais une île, carrément ? C'est assez gros pour être compréhensible.

— Idan, j'annone, essayant de rendre cette île crédible.

Thomas me sourit et hoche la tête d'un air entendu. Dès qu'il évoque cette île, ses yeux brillent.

— Exact ! Idan est un paradis pour les gens comme nous. On y vit libre et loin des yeux humains... Crois-moi, si tu pensais avoir tout vu, tu vas avoir des surprises, jubile-t-il.

Aoile lève les yeux au ciel et se concentre sur l'horizon, une main posée sur son flanc droit, où elle a posé un bandage ce matin. Elle le change tous les jours, le temps que cette blessure guérisse. D'après elle, comme la coupure a été faite avec une lame angélique, cela prendra plus de temps. Cela fait déjà quatre jours tout de même, mais elle refuse de voir un médecin. Qu'y comprendrai-t-il, en même temps ? D'un coup, elle se lève manquant de nous envoyer à l'eau, Thomas et moi.

— On y est, prononce-t-elle du bout des lèvres.

À mon tour, je fixe droit devant moi pour voir apparaître une grande bande de terre assez verte. Impossible de distinguer une plage, des villages ou même du feuillages. Juste du vert très étendu sur la mer. Au-dessus de nous, un avion survole la zone, avançant plus vite que nous. Je le suis des yeux avant de le voir percuter violemment une sorte de mur. Ses parties tombent dans l'eau, à quelques mètres en amont de notre embarcation. Je reste figée, les yeux grands ouverts sur les débris qui s'enfoncent lentement dans la mer. Puis, la panique me gagne.

— On devrait faire demi-tour ! On va s'écraser aussi, on va mourir, je débite à toute allure.

Aoile éclate de rire devant moi, tandis que mon cœur bat la chamade. Plus prévenant, Thomas fusille mon amie du regard et pose une main protectrice sur mon épaule.

— Ce qu'essaye de dire Aoile, c'est que l'île est protégée par une barrière anti-humain. Nous passerons sans soucis, ne t'en fais pas ! Quand à l'avion, je suppose que les enquêteurs mettront ça sur le "mystère du Triangle des Bermudes", s'exclame-t-il.

Je tente de calmer les battements de mon palpitant tandis que mon cerveau est en ébullition. Le Triangle des Bermudes ? Ce fameux endroit responsable de tant de disparition d'avions et des bateaux ? En même temps, si Idan est protégé, cela explique ce fameux mystère... Serais-ce possible que tout ce temps, la barrière d'Idan soit responsable de tout cela ? Mes pupilles fixent la bande de terre dont on approche de plus en plus vite. Comme une imbécile, je tends une main vers l'île, ne sachant pas vraiment pourquoi. Jusqu'à ce que je sente une petite résistance, puis le vent jouant entre mes doigts. Et sous mes yeux stupéfaits, une île impressionnante se forme.

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Bonjour !
Merci à cawters pour ce montage juste superbe ❤😍👍 C'est une œuvre d'art !

Sinon, Welcome to Zootop...ah merde xD Bienvenue sur Idan (oh, oh, oh, oh, oh, try everythiiiiiing 😂 - de rien et bonne journée) ! Enfin, je vais pouvoir rentrer dans les détails de ce qui attend Sam, ce qu'elle est vraiment comme Banshee et tout ça ! Plus de détails, encore des découvertes de mythes et bien sûr, pas mal d'aventures à vivre !

J'espère que ce chapitre vous a plu. Aoile un peu plus "fragile" que d'habitude, Thomas très prévenant mais surtout heureux et excité... Bientôt le retour d'Elyane, T'Shael et Archibald vous pensez ?

Je suis une grande fan du mystère du Triangle, je me devais d'en parler ici ! Et je trouve qu'Idan était la couverture parfaite xD ! Si j'ai la foi, je ferais un dessin d'Idan pour le chapitre prochain ! Comme toujours, laissez vos impressions et vos théories !

Bisous, et à mercredi !

Les Chroniques d'Idan (tome 1) : La Dernière BansheeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant