Rusée : Tome 2

Chapitre 5

Refaisant une deuxième fois une fuite, je commençai à courir et cette fois je n'allais pas m'évanouir. J'étais portée par l'adrénaline de la vie qui se jouait entre mes mains et par la peur d'être rattrapée par ce crétin de Grant.

Je galopais à travers toute la forêt, oubliant tout les griffures que me faisaient les ronces et les branches qui me fouettaient le visage. Progressivement, je voyai la lumière de la clairière, enfin le peu qui en restait. En reprenant mon souffle, je découvris derrière les feuilles une terre brûlée avec pour seule vie le contour d'herbe qui l'entourait. Branches, feuilles, fleurs, tout étaient  morts et noirs de désespoir. Perturbée par cette atrocité qui était à mes pieds, je me métamorphosai et faisant attention à où je mettais les pattes, je m'approchai de l'arbre en question. La terre tremblait sous moi et, sur le sol, on pouvait apercevoir la poussière qui se déplacer légèrement à chacun de mes pas.

Arrivée à coté d'Ombre, je posai ma patte sur lui en guise de remerciement d'être resté à mes côtés  pendant ces derniers mois, quand soudain, un bruit de cailloux qui se déplace par terre m'interrompit.

La panthère des neiges m'avait rattrapé.

Une bouffée de colère se présenta et laissa échappé toutes paroles de ma bouche et je perdis le contrôle de mon corps :

« Tout est de ta faute! Commençais-je en me retournant et en le faisant reculer

- Quoi? Fit-il. Il avait l'air perplexe

- Si tu m'avais laissé près de lui, j'aurais pu le sauver à tant! M'énervais-je

- En étant évanouie ? »

Je sautais sur lui sans hésitation et les nuages ​​grondèrent subitement. Heureusement pour lui, mes pouvoirs ne sont pas intervenus. Ce ridicule félin m'avait agacé. D'un coup de mes deux pattes et profitant de ses faiblesses, je le fis tomber et il gémit un miaulement de douleur. Je l'avais sous-moi. Il était à ma merci. J'approchais mes crocs près de sa gorge et par ma grande surprise, il me demanda en bafouillant:

«- Tu ... Tu sais, on peut faire un marché. Sa tête était pitoyable. J'avais l'impression de ne pas avoir le même félin que celui qui m'avait abordé lors de mon premier jour dans la forêt.

- En voilà une idée minable, faire un pacte avec l'ennemi. De nouveau cette histoire de vengeance. Je n'ai pas de temps à perdre avec toi. »

J'allais poursuivre ce que j'avais commencé mais il me supplia:

«- Attends! Si tu me tues, tu mettras en conflits nos deux clans encore plus qu'auparavant ...

Remarquant que ça ne marchais pas, il plongea ses yeux gris verts dans les miens et je constatai qu'il était entrain de chercher une excuse valable. Grant reprit:

- ... Et tu ne sauras jamais contrôler les pouvoirs et sauver ton arbre «Ombre», c'est ça?

- Ne prononce pas son prénom et sache que je peux toujours demander à mes camarades de clan.

- Alors que tout le monde te repousse ?

Il venait de marquer un point et à ces mots je relâcha ma patte qui était contre lui et les oreilles rabattues, j'essayai de rétorquer:

- Tu ne sais rien de moi

- Je connais seulement les rumeurs qui cour à ton sujet » conclut-il d'un ton ferme.

Me remettant face à lui, j'acceptais le contrat. Il devrait ce rendre à la clairière chaque mercredi, samedi ou dimanche, matin ou après-midi, quelque soit l'heure, pour me donner des cours en échange de sa misérable vengeance. S'il ne vient pas c'est haut et fort que j'annoncerai qu'il m'a sauvé la vie. C'était sa parole contre la mienne.

Je rentrai chez moi seule au début du couché du soleil. Mes parents m'ont disputé pendant deux longues heures avant de donner la sentence qui est d'être privée de sortie. Je trouverais un autre moyen pour sortir de cette chambre.

Avant d'aller dormir, je pris un bain. L'eau chaude montante, j'aperçus, en ayant ramener la mousse de savon de vanille sur le coté de la baignoire, l'eau lucide virant au rouge. Mon corps avait, lui aussi, enduré beaucoup de souffrance. Cicatrices et rougeurs sont réunies sur ma peau.

Je méditais quelques minutes dans l'eau rouge et je repensais à ce que Grant avait exprimé: "rumeurs". Des rumeurs couraient sur moi. Tout le monde a eu la nouvelle de mon changement de comportement et des risques que l'on suscite si l'on est aux alentours de la «Renarde Flamboyante».

Mais ce qui me préoccupe le plus en ce moment, c'est si j'ai bien fait d'accepter le marché et je pense que seul l'avenir nous le dira.