Jour 2 - Douce torture

37 9 12
                                    

Jour 2 ~. Divagations d'esprit

Je n'ai toujours pas bougé de ma chaise. C'est comme si je suis clouée à elle. Comme si nous ne formons qu'un.

C'est étrange d'écrire. C'est comme si pour la première fois mon esprit pouvait parler sans filtre, il est libre de s'exprimer aux yeux de cette simple feuille blanche qui se noircit à vue d'œil.

C'est fou comme j'écris vite. L'écriture est une drogue dont je commence à avoir du mal à me défaire. Comme le dessin. Mais celui-ci est plus technique. Et si je me mets à dessiner, je ne dessinerais que mon genoux, et ce ne serait sûrement pas très beau à voir.

Les rares bouts de bandage qui n'étaient pas rouges sont devenus jaunâtres. Le sang au sol est poisseux. On dirait qu'il pourrit aux extrémités de la flaque. Je n'ai même plus peur de la regarder. L'odeur quant à elle est insupportable. À vrai dire, je ne sais pas si elle provient de mon genoux en putréfaction ou de la flaque. Elle doit sûrement provenir des deux.

La douleur me fait parfois divaguer. Je pars, enivrée, dans un autre monde pour quelques instants.
Puis la raison reprend le dessus et me ramène dans cet horrible monde.

Il arrive des fois, que suite à mes crises de folie, je m'endorme.
Oh ! Douce torture que sont mes rêves.
Nathan est omniprésent. Sa voix m'appelle et me hante même quand je me réveille.

Faustine... Aide moi... Faustine... Je t'en prie...

Et je le vois mourir petit à petit en hurlant. Ses membres lui sont arrachés dans une giclée de sang monumentale. Puis on découpe sa peau à l'aide d'un scalpel rouillé et mal affûté. Il hurle à la mort. Son souffle est saccadé. Et on lui retire ses organes un à un de son petit corps frêle et maigrichon. Du sang coule de sa bouche, et on perçoit dans son souffle le murmure de ses supplications. Et sa voix reprend de plus belle, encore plus forte que ses hurlements, lorsque ses paupières se ferment. Son supplice ne semble jamais prendre fin, tout comme mon rêve.

Oh ! Mon genoux ! Il ne m'a jamais autant fait mal. La douleur vient de m'arracher un cri. Le premier depuis tellement longtemps. J'ai été surprise. J'ai sursauté. La douleur est revenue, encore plus atroce. Cette fois-ci, aucun son ne sort de ma bouche. Seul le sang se loge dans ma gorge et je ne peux m'empêcher de le recracher sur le bureau. Un peu de sang a giclé sur la feuille. Je n'ai pu m'empêcher de caresser cette texture rougeâtre et poisseuse, remplie de bave. La sensation au toucher est étrange. Elle m'excite et m'effraie à la fois.

Oh.

Qu'est-ce que je suis en train de devenir ? Le sang m'excite ? Mais... Quelles sont ces pensées ? Je suis en train de devenir folle. Je n'avais rien demandé.

Quelques fois, il me semble que des bruits de pas résonnent au delà de la porte. Suis-je réellement seule ici ?

Sur ces mots, Faustine pleura comme elle n'avait jamais pleurer. Ses paupières se fermèrent d'elles-mêmes. Sa tête tomba avec le poids de son corps sur la feuille noircie de son écriture chancelante. La nuit qu'elle passa lui sembla être une nuit sans rêves. Une trêve qui était annonciatrice de bien de choses.

___________________________
Salut !
J'espère que ce chapitre vous a plût !
N'hésitez pas à commenter !

Et... Merci pour les 450 lectures ! C'est énorme !
Une bonne soirée évidemment ~

L'hymne de la terreurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant