Chapitre 5

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Je finis de prendre ma douche quand quelqu'un frappe à ma porte. J'enfile mon peignoir et autorise la personne à entrer.

- Je te dérange ?

C'est Hadès, bien qu'il soit mon père je me sens troublé par sa beauté et sa jeunesse. Je resserre mon peignoir instinctivement.

- Non c'est bon, je viens de sortir de la douche.

- Oh je vois, nous allons bientôt dîner mais je me disais que si tu voulais on pouvait peut-être discuter ?

- Si tu veux.

- Ok, je t'attends dehors.

Il referme la porte, je me sens mal à l'aise. Son regard est perturbant, si tous les dieux sont si beaux je ne sais pas si je prendrai la peine de me marier. Je souris à cette pensée. J'attrape un jean foncé et un t-shirt blanc. Je ne coiffe pas mes longs cheveux bruns, je préfère les laisser sécher à l'air libre. Je sors en baskets. Il m'attend adossé contre le mur la tête baissée. Quand il me voit il sourit et je le lui rends, plus timidement.

Nous nous dirigeons vers le hall.

- Je suis content de te voir tu sais. Ça faisait longtemps que j'attendais cela.

- Oui, moi aussi, j'ai manqué d'un père mais maintenant je comprends mieux pourquoi et je ne vous en veux pas, à toi et à maman.

- A ce propos, je suis désolé tu sais, pour ta mère, elle ne méritait pas ça. Et je comprendrais très bien que tu ne me considères pas comme ton père.

- J'ai toujours voulu savoir qui tu étais mais c'est vrai que je ne sais pas comment t'appeler.

- Comme tu veux. C'est toi qui décide. Tu sais cela peut, peut-être, te choquer mais ici, les liens familiaux ne veulent pas dire grand chose.

- Comment ça ?

- Et bien peu importe que tu puisses avoir un lien de parenté avec une personne, ça ne joue pas dans tes liens affectifs. Donc ne sois pas choqué ou ne te braque pas.

- Je ne vois pas...

- Par exemple, Perséphone, c'est ma femme mais c'est aussi ma nièce.

- Où veux-tu en venir ?

- Nul part c'est juste pour t'expliquer, tu es ici pour un moment alors bon, enfin, tout ça pour te dire que tu peux me considérer comme tu préfères, ton père ou juste un homme ou qu'importe.

Il est quelque peu gêné, il se passe la main dans les cheveux, cela lui donne un côté encore jeune et insouciant. Puis il reprend plus posément.

- Bref, je serai toujours là pour toi quoique tu décides et je suis vraiment ravi de ta présence.

- Merci.

Je baisse la tête en ne sachant qu'ajouter. Cette conversation est déjà assez étrange mais au moins je suis au courant.

- On passe à table ?

- Volontiers. Répondé-je.

J'ai une faim de loup. Sur l'immense table de salle à manger, nous n'occupons qu'un petit espace. Hadès en bout de table et Perséphone à sa droite, directement à sa gauche, Macaria puis moi. Des serveurs et serveuses nous apportent de délicieux plats, légumes, fruits, viande ou poissons, pâtes, riz ou pommes de terre. Pour le dessert, plateau de fromage, salade ainsi que gâteaux au chocolat ou crème dessert à la vanille.

Bien repus de mon repas royal, Hadès et Perséphone nous saluent et Macaria s'invite gentiement dans ma chambre. Le repas a été calme, Macaria a beaucoup parlé mais sans ça il y aurait eu un silence gênant.

- Dis moi, comment c'est la terre ? Me demande-t-elle en s'allongeant sur mon lit.

- Comment ça ?

- Je ne sais pas, est-ce que c'est beau ? Comment sont les gens ? Comment est la vie ?

- Par rapport à ici, je ne sais pas trop mais sur terre il y a des endroits magnifiques, les gens sont gentils en général mais on est souvent déçu par certains , je pense que c'est partout pareil il y a des bons et des mauvais. Et pour la vie, elle est facile pour certains et dure pour d'autres, tout dépend de ta classe sociale. Enfin voilà, rien d'extraordinaire en soi.

- J'aimerais tellement y aller.

- Pourquoi n'y vas-tu pas ?

- Je ne peux pas quitter les souterrains sauf pour l'Olympe.

- Qu'est-ce qui t'empêche de partir d'ici ?

- Et bien déjà, les dieux avec les dieux et les mortels avec les mortels, tu vois le genre ?

- Oui.

- Et deuxièmement, en ce qui nous concerne, quand tu mange de la nourriture des morts, tu ne peux plus quitter l'enfer.

- Tu veux dire que je suis condamnée à vivre ici ?

- En partie, sauf exceptions.

- Exception ? Quelles exceptions ?

- Par exemple, ma mère reste 6 mois avec nous et 6 mois dans l'Olympe auprès de sa mère, Déméter. Mais elle vient quand même nous voir et on peut y aller aussi. C'est un compromis avec Zeus.

- Je ne suis pas sûr de tout comprendre.

- T'inquiète pas tu t'y fera, je te laisse te reposer, à plus tard !

Elle part, toujours aussi heureuse. Notre conversation me laisse pensive, comme ça je ne peux plus quitter les souterrains car j'ai mangé de la nourriture des morts et personne ne m'a prévenu. Vraiment, ici tout est bien étrange. Je suis fatiguée, il faut que je me repose. Je me prépare à dormir quand Hadès se manifeste derrière la porte. Décidément.

- Oui ?

- Je peux entrer ? Dit-il en passant la tête par la porte.

- Oui je t'en prie.

Il entre et fait quelques pas à l'intérieur.

- Je voulais savoir si tu avais besoin de quoique ce soit.

Je réfléchi un instant avant de répondre.

- Non, ça va merci. Cependant, j'aurais aimé qu'on me prévienne pour la nourriture et ce que cela implique.

- Ah oui effectivement. Désolé, en même temps tu n'es pas censé sortir des souterrains alors nous n'y avons pas pensés...

- Et comment vais-je pouvoir rencontrer les autres Dieux si je ne peux pas sortir d'ici ?

- Tu auras tout le loisir de les rencontrer demain soir, lors de la réception que nous donnerons en ton honneur.

Je suis ébahi par ce qu'il vient de me dire. Une réception ? Pour moi ? Comme je n'ajoute rien, il poursuit.

- Tu es nouvelle parmi les Dieux et il est normal que tout le monde veuille te connaître et que tu connaisse également les personnes qui feront partis de ta vie désormais.

- Est-ce bien nécessaire ?

- Ne t'inquiète pas, ça va bien se passer.

- Hum.

Un silence se glisse entre nous.

- Heu... Bon, je vais te laisser te reposer. Dit-il au bout de quelques secondes qui paraissent une éternité. Et ta chambre est un peu sommaire mais comme nous ne connaissions pas tes goûts nous n'avons pas meublé. Nous avons une réserve, je t'y emmènerai si tu veux.

Je jette un regard circulaire à ma chambre. Effectivement un ou deux meubles en plus ne serait pas de trop.

- D'accord. Lui répondé-je.

Nous nous disons bonne nuit. Et je me mets au lit. Quelle journée vraiment ! J'ai l'impression que ce n'est qu'un rêve, qu'en me réveillant je vais retrouver ma mère, ma maison, ma vie.

La fille d'HadèsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant