Je me suis précipitée chez toi de rage.
Tu m'avais menti, et je ne l'ai pas su de ta bouche -ça aurait encore pu être acceptable- mais quand tes amis t'ont appelé, pour aller acheter une cannette de coca. Alors, j'ai voulu jouer le jeu, juste pour voir où tu irais. Je t'aimais vraiment.
J'étais le genre de gars qu'on ne croise qu'une fois dans sa vie, avec des lèvres qu'on voudrait embrasser tout de suite...Oh, on ne peut pas dire que j'étais amoureuse de toi. Tu étais mon ami, Côme, Jo. Mon seul ami. Quand je te croyais encore Jo, je m'étais dit : lui, je vais découvrir son secret, je vais faire en sorte qu'il m'explique comment il peut être si heureux et intelligent. Comment il survole les obstacles...
Tu me racontais des fables merveilleuses, et petit à petit, je me suis attachée à toi, tes fables et tes personnages de lumière.
Cette innocence me faisait rêver. Mais ce qui a été de trop, c'était la cassette. Je m'en foutais de tes secret, de l'ombre qui se cache derrière ta lumière. Je m'en foutais que tu veuilles te confier. Mais je me sentais flattée tu vois, comme si je pouvais tenir quelques uns des rayons qui te composent au creux de mes mains.Mais après, j'ai entendu ton récit en charade, la ballade de pacotille pour un Pinocchio de pacotille ! J'ai vu rouge je me suis énervée, j'ai voulus les arracher, ces rayons que tu tendais vers moi, moqueur. Comme si je n'en n'étais pas vraiment digne.
J'ai déambulé, âme en peine, jusque chez toi. J'ai déambulé, âme en peine, jusque la baie vitrée de chez toi. Le soir coulait, bavait son encre doucement, et je voyais ta vie en ombres chinoise.
Je t'ai tout de suite reconnu, avec ton petit nez pointu, ta taille et ta carrure d'asperge, tes boucles qui te coiffent comme un nid d'oiseau, tes doigts fins de musiciens et cette grâce animale quand tu marches.L'autre ombre semblait avoir été créé par rapport à toi. On aurait pris ton essence pour en faire un contraire parfait. L'allure graisseuse des empotés, la graisse flasque qui débordait de toutes parts, le crâne lisse les doigts boudinés et -je pouvais le voir de là-, des yeux teigneux qui lançaient des éclairs.
Aux ombres chinoises qui faisaient des mouvements fluides ou saccadés sont venus s'ajouter des voix.
Je n'ai pas pu faire le rapprochement tout de suite.Les ombres qui se mélangeaient comme pour s'unir.
Comme pour se détruire.
Cette voix toujours heureuse transformée.
Apeurée par la violence et la voix grave, éraillée.
Et les "boum". Onomatopées.
C'était ton père, n'est-ce pas ?En fait, tu avais raison, dans ta cassette, sauf que tu as toujours eu l'âme d'un poète, alors je n'ai pas su la déchiffrer correctement.
N'est-ce pas ?La colère, la souffrance, la frustration, le regret, la haine, le désespoir...
Ce sont des créatures bien assez fantastiques auxquelles tu faisaient face.
Tu cavalais, dans la forêt, à la recherche de ton paradis perdu.
Je comprends.
Et je voudrais d'accompagner, maintenant que je ne connais plus une réalité, mais la vérité.
Si tu n'es pas venu c'est que ton père ne voulait pas et tu savais... T'es un homme, un habitant du monde, pas de ta maison.Je ne pouvais pas observer ce spectacle comme ça,j'ai attrapé mon téléphone pour appeler la police.
C'est le 17 ? Oui je crois.
Je donne l'adresse et je m'enfuis pas encore, je saisis la poignée de la baie vitrée, j'entre. Je ne sens plus mon corps bouger, je me vois faire.Charlotte entre.
Charlotte crie après l'homme.
Charlotte dis :
"C'est inexcusable de faire ça à votre enfant vous devriez avoir honte vieux con !"
Charlotte gifle le vieux con.
Le vieux con tombe.
Le vieux con pleure.
Côme sourit.
Côme attrape Charlotte.
Côme serre Charlotte dans ses bras.Et Charlotte redevient moi.
La police arrive, ils sont rapide, et un homme à casquette viens nous voir pour nous demander ce qu'il se passe. Je montre le vieux con, toujours en train de pleurer.
Le policier veut emmènent Côme et je me mords la lèvre. Je ne veux pas qu'on me le prenne.Côme, ce jeune con, réponds :
"C'est la première et dernière fois monsieur l'agent, ça nous arrive tous, des coups de sang."Il a ce calme magnifique qui me perturbe, il pleurait presque y'a deux minutes, et là il le défend. J'ouvre la bouche mais Côme me reprend dans ses bras.
"Au revoir m'sieur !"
Et on repart, dans ses bras, direction la forêt.
Nous avons des trucs à nous raconter.
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Charlotte et Jo
PoetryJo, t'étais comme une bête sauvage à apprivoiser, ça me plaisait. On s'est juste croisé dans cette forêt, mais j'ai tout de suite su que t'étais différent. #18 dans poésie : 25.07.17 #15 : 27.06.17 # 21: 28.07.17 #16 : 02.07.17 #28 : 03.07.17