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Je suis mort.
Merde.

Y'a ma mère, toute belle, comme sur les photos, qui me dit que c'est pas de ma faute si elle est morte, elle voulait me sauver moi. Maintenant, elle dit, je peux rester avec elle jusqu'à la fin des temps.

Jusqu'à ce que Charlotte meure à son tour.
Je vois son petit visage, à ma Charlotte, et j'essaie de me voir, mort ou vivant, sans elle. Et ma décision est prise, c'est mort je peux pas mourir. J'explique pendant une heure à ma mère, que non, je ne peux pas rester avec elle, je ne peux pas la rejoindre grâce à mon ivrogne de père, c'est trop injuste. Apparemment, les esprits ne voient pas les vivants. Alors je recommence du début, mon enfance, les coups de papa, les bouteilles de papa, la vodka de papa, la ceinture de papa... Sur ma peau...
Son visage se décompose, elle pleure et elle et vraiment mal, comme coupable de je ne sais quoi...

Puis est venu Charlotte, la rencontre dans la forêt, ma vie inventée et tout ces beaux rêves, toutes ces réalités absolument magnifiques. J'ai pleuré, supplié ma mère, qui a aussi pleuré.

- Je ne savais pas... Si seulement j'avais su... Je n'aurais pas dû...

- Pardon ?

- Eh bien... Quand une personne meurt, nous, les esprits, pouvons influencer sur la mort...

- Tu n'as pas osé ! Tu as attiré ton fils vers la mort !! Mais tu es quel genre de mère exactement ? Tu as tué ton fils ?!

- Je suis morte pour donner la vie à mon fils ! Je voulais simplement le garder un peu pour moi...

- Laisse-moi repartir...

- Oh Côme... Ce n'est pas si simple...

- Pourquoi ? La vie est simple, c'est simple !!!

- La vie est compliquée... Tu es mort depuis plus d'une heure maintenant... C'est trop tard...

- NONNN !

J'ai pensé à Charlotte, qui devait me frapper et me haïr. Nos rires, nos pleurs, nos discussions...

Alors, j'ai demandé une faveur à ma mère. Je veux retourner voir les vivants. Juste une fois.
Une seule. Dix minutes...

...

Bip... Bip... Bip...

J'ai pris une énorme inspiration.
J'étais vivant. Charlotte a crié, m'a embrassé, elle était folle de joie, les médecins ont accourus... Si ils savaient... Même un jeune policier souriait, les yeux un peu rouges. Charlotte déblatérais, sans arrêter.

- Cha, attends, CHARLOTTE !!

Je me suis étouffé en criant, je tousse.

- J'ai peu de temps alors écoute.

- On a toute la vie, Jo, c'est fini.

- La vie dure dix minutes.

Elle a compris soudainement que j'allais quand même mourir. Une larme est tombée.

- Je t'écoute.

- Je serais toujours là, dans ton cœur de petite SDF, je t'aime et je ne t'oublierai jamais, tu vas morfler, mais un jour tu iras mieux, ça ira, et tu dois savoir que je serais heureux là-bas.

- Plus heureux qu'avec moi ?

- Non. Mais ma mère a besoin de moi, j'ai besoin d'elle. Tu auras sûrement besoin de tes parents. Mais je voudrais que pour moi, tu sois heureuse, parce que je crève d'envie de vivre. Sois le nouveau Jour...

- Oh... Côme..

Ma mère est revenue, bras tendues. J'aurais préféré rester ici...

- Je t'aime Cha.

- Je t'aime Jo. Je t'aime Côme. À dans quelques décennies...

❄❄❄

Concrètement, j'ai pleuré.
Beaucoup. Et voilà un livre qui se clôt, je suis trop émue, et fière d'avoir mené ce projet à terme.

Charlotte et JoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant