(BONUS) ÉPILOGUE

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Deux ans plus tard...

- Charlotte ma chérie, ton père et moi avons finalement décidé de t'envoyer en Bretagne, avec ton cousin, Marius. Tu te souviens, chérie ? Ton cousin ? Marius ?

Ils m'ont fait assoir sur le canapé, de force. Les portes sont verrouillées, je dois écouter.
Marius. Ça me revient pas et j'en ai rien a foutre. Ils le savent bien, pourtant. Ils veulent juste que je m'éloigne.
Parce qu'ils ont trop de peine à me voir les yeux dans le vague, de partir à sa recherche au beau milieu de la nuit.
De me voir brisée.
Triste à en crever.

Pendant six mois, j'ai continué à donner des rendez-vous à Côme, par message.

Nuit.
Nuit.
Hérisson.
Nuit.
Nuit.
Nuit.
Nuit.
Hérisson.
Hérisson.

Alors que je l'avais vu mourir de mes propres yeux. Deux fois.
Je suis allée dans la forêt tous les jours.
Pendant deux ans.
Je restais, les genoux repliés contre mon menton, espérant qu'il apparaissent mystérieusement, comme il le fait, pardon, le faisait, si bien.
Je veux le voir encore.
Je veux sentir encore son odeur de bois chaud.
Je veux entendre sa voix philosopher.
Je veux sentir sa main dans la mienne quand je l'entraîne.
Je veux sentir sa peau.
Je veux voir ses yeux émerveillés quand je lui fais découvrir le monde.
Je voudrais qu'il soit pas mort.
Je voudrais ne pas avoir entendu le Bip.

Ils ont foutus son corps dans une housse pas très propre, comme une merde, le tas de viande avariée qu'il était devenu.
Je l'ai vu trois semaine plus tard, pour son enterrement, tout maquillé, bien habillé, pour pas trop ressembler à un gars qui vient de crever.
Il aurait détesté observer ces gens en noir, feignant de pleurer. Tout le lycée était là. Même les profs.

Une belle brochette de sales cons.

- Charlotte ? Charlotte ! Cha !!

Je sursaute, c'est mon frère, Kilian. Il veut je sais pas trop quoi.
Je hoche la tête, en général, ça fait partir les gens.

Il s'en va, une moue triste sur le visage, un peu déçu.

Et je me replonge dans ma bulle, celle où Côme est vivant.
Jo est vivant.

Où il parle.
Où il rit.
Où il est pas battu...

- Charlotte ! Ça suffit maintenant. Ton ami est mort. C'est triste, mais c'est comme ça, tu dois t'y faire, et cesser de retourner dans cet espèce de bois.
Il est mort, et ne reviendra pas, tu comprends ?
C'est fini.
Fini.

Ta gueule. Ta gueule. Ferme la. Moi je sais qu'il est quelque part entre mon coeur, ma tête et une forêt.
Je l'ai jamais cru quand il m'a dit qu'il serait heureux. Ça me tue de me dire que lui, il a sa maman avec lui, lui, il est heureux.
Pendant que moi je perds la tête.
Pendant que moi je suis malheureuse.

S'il peut être pleinement heureux sans la personne il le complète, c'est qu'il m'aimait pas vraiment. Je le refuse. Donc, je le retrouverai.

- Ma parole mais tu m'écoute ?! Il est heureux où il est ! Il est heureux !

TA GUEULE PUTAIN !
Au fond, j'ai peur qu'il ait raison. Je me redresse, mon père est satisfait de me voir bouger. Je prend tout de que je trouve, et je lui balance à la gueule.
Des trucs qui cassent.
Des trucs durs.
Des trucs mous.
Des trucs fragiles.
La table, même.
La télé pétée.
De la bouffe.

Ils ont avancé mon départ de trois jours.
Je m'en suis même pas rendue compte.

Parce que je veux rester dans ma bulle,

où Côme est vivant.

Charlotte et JoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant