Chapitre 11 : « Choque. »

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Les semaines passent et je vis toujours avec Manel. On me bombarde de messages et d'appels pour que je rentre mais je les ignore tous. Et puis, ils ont beau tous me supplié, tant que celle qui m'a jarté ne demande pas mon retour je compte pas bouger. C'est ce que je pensais jusqu'à ce que je vois Manel s'investir un peu trop. Elle pense qu'on est un foyer là. Je veux pas lui faire de la peine, mais faut qu'elle arrête. Elle vit trop dans un rêve. En même temps, je continue d'alimenter ce rêve en restant chez elle. Je vis comme une michto, je suis tombé bien bas. J'ai essayé de me trouver un appart' mais j'ai rien trouvé. Surtout que depuis que j'ai arrêté la bicrave, je gagne plus autant qu'avant. Eh ouais j'ai arrêté. Je suis un homme de paroles. Je voulais utiliser l'argent pour mon père et combler ma famille. Ils en veulent pas donc ça me sert plus à rien. Je ne suis pas un matérialiste, je peux m'en sortir. Par contre, faut vraiment que je me trouve un vrai taff. Les selectionneurs arrivent pas maintenant et travailler au grec ça rapporte pas des masses. Puisqu'on m'a pas rappelé dans l'entreprise où j'avais postulé, je suppose que je suis pas pris. Ils pourraient au moins me l'annoncer plutôt que de continuer à me faire espérer.

J'en ai parlé à Emre qui en a parlé à Esma. Elle a dit que le mieux pour moi serait d'aller à Pôle emploi. Zehma, moi, Fehmi, à Pôle emploi. Elle a craquée fort elle. J'ai pas une tête à aller là-bas. Et même, je suis pas aussi désespérer, hein ? Bref, j'ai embrouillé Emre pour lui avoir parler de mes problèmes et c'est là que je me suis rendu compte que notre relation avait vraiment changé. Avant, jamais je l'aurai embrouillé par rapport à Esma. Esma et Emre étaient à égalité dans mon coeur. Maintenant, ça a changé. Les temps changent, les gens avec. Je ne sais pas si c'est elle ou moi qui avons changé. Peut-être que c'est nous deux ? Emre semble être resté authentique. À part le fait qu'il soit avec la soeur de Zak', je vois pas ce qu'il y a de nouveau.

Du coup, j'ai troqué Pôle emploi pour les agences d'intérim. Ça sert à rien, c'est la même chose mais, dans un coin de ma tête je passe moins pour un bolosse. Comme si tous les gens qui sont à Pôle emploi sont des bolosses. Je dois vraiment être un cas désespéré pour penser ça. En tout cas, j'espère avoir du taff régulièrement. Et au moins, grâce à ça, je serais pas obligé de quitter le grec. Ouais, je kiff l'ambiance là-bas. Même si je pue la friture à la fin, c'est dar de gagner de l'argent tout en rigolant avec les khos.

Ma douche finit, je m'habille et consulte mes messages. Comme d'habitude, les mêmes personnes ; Emre, Dilara, Nazim, Zak', Esma, Léa.

Les autres me parlent de la routine, une conversation pas intéressante à part Dilara qui me supplie une millième fois de rentrer. Je vais la bloquer, elle pige pas qu'elle doit faire une croix sur moi. Esma veut qu'on se voit. J'hésite et fini par lui répondre : « j'ai à faire ». Et pour une fois, c'est vrai. Je dois aller à ces agences d'intérim et déposer mon dossier. Et puis, pourquoi elle veut me voir ? Elle a pas ses copines ou son tahane ? Elle croit je suis la roue de secours ? Le message qui m'interpella le plus était celui de Léa.

« Je t'ai déballé toute ma vie et résultat des courses, tu me zappes. Sisi ! »

Je ne sais pas quoi répondre. Je suis mal j'avoue. Elle a raison, c'est exactement ce que j'ai fait. Mais ça pique de le recevoir en message comme as. Je ne réponds pas et me prépare pour sortir. Je réglerai ça ce soir. Aujourd'hui, je suis occupé.

Toute la journée j'ai zigzagué entre les agences. Je me suis même mit sur mon 31 et tout. J'espère trouver quelque chose vite. Zak' m'a servi de chauffeur. Aussi fou que ça peut paraître, je m'entends bien avec ce gars. Il est cool. Il a la même vision des choses que moi. Et comme moi, son crâne souffre de cette vision. Alors pour y échapper, il fait ce qu'il peut. Soit, il se drogue. Il fume pas des joints ou de la marijuana comme d'autres. Bien sûr, ça lui arrive. Mais principalement, il se pique. J'ai été choqué d'apprendre ça. Pas étonnant qu'après ça il viole une meuf et la frappe. Il est dérangé. Mais bon comme on dit, c'est toujours mieux de se défoncer à deux. C'est mon compagnon de beuverie, de defoncage de gueule. J'enchaîne les joints et lui l'ectasy et tous ses trucs que tu vois que dans les films. Je sais pas comment il se les préoccupe et honnêtement, j'ai pas envie de savoir. C'est un grand garçon, il sait se gérer seul.

FEHMI - L'Amour ça tue, la Haine ça maintient en vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant