FEHMI - L'Amour ça tue, la Haine ça maintient en vie

Chapitre 2 : « Prise de décision. »

À la fin de l'entraînement, l'entraîneur a annoncé une nouvelle qui a ravie tout le monde. La date d'arrivée des sélectionneurs du PSG était enfin déterminée. Ils seraient là dans environ un an et ils assisteront à deux de nos matchs pendant le tournoi inter-cités. En tout cas, ils se font pas priés. L'entraîneur nous a dit qu'il fera tout ce qui est en son pouvoir pour qu'on atteigne un meilleur niveau. Après cette nouvelle, il m'a prit à part et m'a dis ces mots : « Écoute bien ce que je vais te dire, Fehmi. Je mise tout sur toi. T'es le plus fort et talentueux de l'équipe. Je fais pas de favoritisme, je suis juste honnête. Parmi eux tous t'es celui qui a le plus de potentiel. Tu vois ce que je veux dire ? ». Je lui ai répondu que je comprenais et que je me donnerai à 200%. C'est la meilleure nouvelle qu'on m'ait annoncé depuis le temps. Ici, c'est toujours la même chose. Toujours le même paysage, les mêmes gens, les mêmes journées. Y a rien qui change excepté les gavas qui tombent, qui sortent, et les mariages.

Quand je suis rentré chez moi il faisait déjà nuit. Deux putain de mois sont passés depuis la dernière visite des huissiers et pourtant je les sens toujours nous collés les pattes. J'vais pas faire le bonhomme, j'ai peur. Je flippe grave. Se retrouver à la rue serait le pire coup de massue qu'on pourrait recevoir. Malheureusement, je le sens arriver. J'ai trop développé mon sens de l'odorat.

Je fouille dans mes poches mais ne trouve pas mes clés. Mehlish, je monte sur mon toit, utilise mon sac comme oreiller et me couche sur le dos. La nuit, la vue est juste magique. Toutes ces étoiles dans ce ciel sombre. Dieu fait vraiment les choses bien, non ? Je sors une cigarette et fume. M'enfumer les poumons en regardant ce ciel c'est sûrement l'activité que j'aime le plus. Et ouais, j'suis pas un coureur de jupon moi. Je vais pas chercher à collectionner le nombre de meufs avec qui je suis sorti comme si c'était des cartes Pokémon. Mon passe temps favori, ma seule femme ça a toujours été mon ballon de foot. Bah ouais, à l'ancienne pendant l'été -vu qu'on était tous bloqués à la cité- on passait la majorité de notre temps à gratter le city et imiter Ronaldinho. Personne avait les moyens pour partir en vacances, et au fond, on s'en foutait tous. On s'amusait avec les frères, on pensait à rien d'autre wAllah. Mais bon, avec le temps, y en  a qui ont voulu grandir trop vite et qui sont tombés dans l'illicite comme Emre, d'autres qui n'avaient plus notre temps et d'autres qui comme moi, ont arrêtés l'école et se sont mit à taffer. J'aimerai tellement retourner à ces temps-là, l'ancienne époque. A m'entendre, on pourrait croire que je fais l'ancien de ouf mais, ces temps-là c'était les meilleurs. Personne pourrait le nier ça, personne.

En observant ces étoiles j'en viens à me questionner sur la vie, sur ma propre existence. Je doute pas une seule seconde de la grandeur de Dieu, pour créer tout ça il faut vraiment être grand quand même. J'espère ne pas Le décevoir. Je suis pas un grand croyant ou pratiquant. Je suis né dans une famille croyante et de suite logique, j'ai cru. Mais avec tout ce qui s'est passé dans ma vie, j'ai délaissé la religion. Pas que j'en sois fier, juste c'est comme ça. J'espère que dans les années à venir je viendrai pas à regretter ce choix.

J'ai passé la nuit à contempler les étoiles puis le levé du soleil. C'était magnifique, mashAllah. J'ai rarement pu assisté à ça ou alors j'étais trop défoncé pour m'en rappeler. Après ça, au lieu de rentrer chez moi je me suis endormi. C'est mon téléphone m'a sorti de mes rêves. J'ai à peine pu dire « allô » qu'Emre m'a agressé pour savoir où j'étais. Il a pas oublié qu'il y a la soirée de sa chère Anissa ce soir. Il est vraiment piqué c'est pas croyable.

[...]

Je suis rentré chez moi, me suis préparé vite fait : casquette, survêt', sacoche et basket comme d'habitude. Je marche les écouteurs dans les oreilles en direction du local. Le local c'est une cave aménagée. Y a des canapés, une télé, tout pour satisfaire un gars de tess. Adem jouait à la play lorsque Zakary entre dans le local. Zakary, c'est un ancien dans la bicrave. Il est respecté parce qu'il est haut placé. Il s'assoit à côté de moi et me propose une chicha. J'ai direct accepté, je refuse jamais une bonne chicha. On parlait, on riait et je me sens de plus en plus planer. Il avait pas l'air de planer autant que moi. J'ai quand même pu apercevoir Emre venir me chercher. Il nous tchek mais je vois bien qu'il téma mal Zakary. Faut avouer que tous les deux c'est pas des grands potes, au contraire même. J'me lève pour le voir mais je titube. Wesh ?