Chapitre 1

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J'attendais, comme toujours, adossé au petit muret à la peinture craquelée et salie par le temps du bâtiment A. Là où nous avons histoire tous les jeudis à 17h. Tapant du pied pour me distraire ou simplement montrer mon impatience.

À quelques mètres de moi, mon meilleur ami depuis toujours essayait en vain de décrocher sa petite amie de son cou. Depuis l'école primaire il est mon meilleur ami, une dispute pour des billes dans la cour de récréation et un enfant qui en défend un autre a créé une fantastique amitié ce jour là.

Je ne pouvais m'empêcher de rire discrètement des moues qui se voulaient mignonnes de celle-ci, voulant charmer le grand brun et le convaincre de rester avec elle. Malheureusement Chanyeol n'a jamais été friand de ce genre de démonstrations, le mignon ça n'était pas vraiment pour lui. Etonnant d'ailleurs pour une grande asperge d'un mètre quatre-vingt cinq comme lui, avec un sourire greffé à son visage H24.

Je me moquais souvent de lui à ce propos, le surnommant "Happy Virus", mais ça ne faisait que le faire sourire encore plus et rigoler dans sa barbe en me donnant un petit coup affectif dans l'épaule.

Je souriais encore en me remémorant ces moments et me redressais en me rendant compte que Chanyeol avait enfin pu se libérer de l'emprise de sa petite amie.

"Pourquoi tu souris comme ça ? Et après c'est moi l'imbécile heureux ?
-Bah ouais qu'est-ce que tu veux, tu as la tête de l'emploie. " Rigolais-je.

Il me donna un léger coup en souriant et s'adossa à son tour au muret où j'étais juste avant. Nous attendons le professeur comme d'habitude mais je soupirais

"-Viens on sèche. Dis-je
-Encore ? C'est pas sérieux.
-Je sais mais finalement j'ai pas envie d'aller en histoire. "

Il soupira en me jaugeant du regard, mais je savais qu'il allait me suivre. De toute manière deux heures d'histoire ça endort tout le monde alors autant s'endormir ailleurs, dans notre parc préféré par exemple.

Et sans attendre plus longtemps j'envoie mon sac par-dessus le grillage à ma droite, grimpe dessus pour me retrouver de l'autre côté à mon tour et regarde Chanyeol. Mon sourire grandit quand je le vois finalement faire pareil. Je savais qu'il me suivrait, il le fait toujours.

Nous marchons depuis déjà quelques minutes, avant que je ne m'arrête devant un bureau de tabac, mon manque de nicotine refaisant surface je tapote l'épaule de mon meilleur ami.

"-Tiens passe moi de la monnaie pour m'acheter des clopes.
-Pourquoi je devrais payer pour que tu te bousilles la santé, hein ?
-Parce que je te le demande crétin. "

Il soupira et fouilla les poches de son jean à la recherche de pièce pour mon addiction nocive.

"-Quand je serais flic je jure de poursuivre tous les petits connards dans ton genre qui se bousillent la santé avant même d'avoir connu la vie.
-Qui te dis que j'en connais pas déjà assez, hein ?
-Avec le simple fait que tu regardes encore des dessins-animés et que tu souffles comme un gamin dès que tu rencontres de petites difficultés.
-Je vois pas le rapport.
-Le rapport c'est que t'es encore un gamin Sehun. " Rigola-t-il.

Il était vrai que malgré ma majorité atteinte je n'avais pas vraiment le sens des responsabilités, du moins, seulement avec les choses que je n'aimais pas. Je suis le genre de personne qui quand il aime quelque chose le fait à fond mais qui justement dans le cas contraire, envoie tout balader.

Et Chanyeol tente, en vain, d'arranger mon comportement. Il plaisante beaucoup mais au fond je sais que ça l'agace réellement et qu'il aimerait que je change. Mais j'ai toujours été comme ça alors ça ne pourra pas de changer facilement. Puis tant qu'il ne m'arrive pas de merde je suis tranquille.

Il me donne finalement l'argent que je lui ai demandé depuis déjà trois minutes, mais avant ça j'ai dû assister à une danse plutôt comique du brun essayant de passer sa grande main dans les petites poches de son jean slim.

Au début je ne comprenais pas pourquoi il s'entêtait à mettre des vêtements qui collent au corps, avant de simplement me rendre compte que sa lui allait bien. Ses longues et fines jambes taillées comme des baguettes étaient très bien misent en valeurs dans ce jean moulant, autant que ses fesses. Mais ça c'était pas vraiment mes affaires.

J'entrais alors finalement dans le bureau de tabac et achetais ma cartouche de cigarette qui devenait de plus en plus chère, foutues taxes.

Mon regards vagabonda sur les autres personnes présentes en ce lieu et se fixa sur un couple, un couple d'hommes, un couple gay. Ils s'embrassaient chastement et discrètement mais s'embrassaient quand même dans un lieu publique.

J'étais même étonné que personne d'autre que moi ne les ait remarqué. Cette vison me dérangea premièrement parce que je ne suis pas gay et que donc voir ce genre ne chose ne m'intéresse pas, mais surtout parce que depuis toujours l'homosexualité est quasi interdite dans notre pays. Chaque jour des homosexuels hommes ou femmes sont persécutés par la police, voir tuer sous les coups ou encore jetés en cellule.

C'est pourquoi je ne comprends pas le risque que prend ce couple, essayaient-ils de faire une sorte de résistance ?

Ca ne servirait à rien, ils ne peuvent rien faire contre une opinion publique aussi profondément encrée et un gouvernement ainsi qu'une justice homophobe.

Ce n'est donc plus une justice on est d'accord.

Mais ce n'est certainement pas moi qui allait les dénoncer après tout, s'ils veulent mourir c'est leur choix. Ainsi donc je sortais du bureau de tabac, comme si de rien n'était.

Enfin presque.

L'image de leur baiser me restait implantée dans la tête comme une vérité cachée.

Mais quelle vérité ?

Let the dream come trueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant