IV. Un passé poussiéreux

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Dimanche 7 avril 2013.
7h10.

On secoua doucement ses bras pour la réveiller. Elle cligna des yeux, mit du temps à se réhabituer à la lumière ambiante.

Ainhoa... Réveille-toi... J'ai trouvé quelque chose.

L'inspectrice Vasquez se redressa avec difficulté. De la paperasse s'éparpillait tout autour d'elle et une tasse de café à moitié vide manquait de tomber de son bureau.

– Merde... Je me suis endormie... ? marmonna-t-elle.

– Tu as bien fait de te reposer un peu. lui répondit son collègue.

Perrin, l'informaticien. Un des seuls, si ce n'était le seul, à l'appeler par son prénom lorsqu'il n'y avait personne autour d'eux. Elle aussi s'accordait le droit de l'appeler autrement que par son nom de famille. Charles Perrin. Mais il préférait Charlie. Ça faisait moins bourgeois, selon lui.

– Merde. répéta l'inspectrice. J'avais pourtant pris trois expressos pour tenir la nuit...

– Tu vas faire un arrêt cardiaque un de ces jours. lança son collègue, collé à son ordinateur.

– ... dixit l'homme qui finira aveugle à cause de ses écrans.

– Je ne vois pas de quoi tu parles. rétorqua Perrin en se tournant vers elle, les yeux injectés de sang et les cheveux en bataille.

L'inspectrice se leva et alla se faire un café. Les locaux étaient quasiment vides: il n'était que sept heures du matin, et un dimanche, de surcroît. La veille, Perrin et elle, ne lâchant leur travail pour rien au monde, avaient bossé toute la nuit pour explorer de nouvelles hypothèses, de nouvelles pistes. Ils n'avaient pas fait de découverte particulière, et Vasquez avait fini par s'endormir à même son bureau.
Elle revint vers son collègue, énième tasse de café en main.

– Tu disais que tu avais trouvé quelque chose ?

– Ouais. Tu te souviens qu'on avait établi comme quoi les ravisseurs devaient être doués en informatique ? Pour désactiver les caméras et les systèmes de sécurité...

– Oui, oui. C'était avant que je m'endorme. Et alors ?

– Figure-toi que l'une des deux entreprises rivales de celle de Sommet a récemment racheté une petite société, à une quinzaine de kilomètres du centre-ville.

– Laisse-moi deviner... Société qui est spécialisée dans l'informatique, n'est-ce pas ?

– Dans l'électronique, plus précisément. Les faits remontent au début de cette année... La boîte était en faillite, Trens & CO, -l'une des entreprises rivales de Sommet-, l'a racheté et l'a ainsi sauvée.

Vasquez esquissa un petit sourire.

– Étrange pour une entreprise qui fait dans l'agroalimentaire que de racheter de l'électronique...

– Oui, Trens & CO a déclaré qu'il fallait "se diversifier", et que le rachat de cette boîte était une "bonne chose pour commencer 2013". C'est un article de janvier. L'agroalimentaire ne paie plus assez, apparemment... lut Perrin.

– Ces sociétés sont en train de couler. Après avoir dépouillé des familles de paysans, elles finissent elles-mêmes bouffées par les plus gros concurrents. La loi du plus fort... Sommet a devancé ses concurrents en baissant ses prix, ce qui lui a permis de drastiquement augmenter ses bénéfices sur l'année 2012.

Le temps d'un sourire [Matoine]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant