VI. J'ai aperçu l'espoir au lointain

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Mardi 9 avril 2013
9h10.

Panique à bord: le commissariat grouillait comme une fourmilière depuis que la nouvelle était tombée. L'inspectrice Vasquez était assaillie de toutes parts et eut de la difficulté à parvenir jusqu'à la salle des informaticiens.
Elle eut une grimace en remarquant le commissaire entouré de ses collègues. Elle avait réussi à lui échapper quelque temps, mais ça n'avait été qu'un sursis jusqu'à leur nouvelle rencontre.

– Ah, voilà enfin Vasquez. lâcha-t-il lorsqu'il vit la femme arriver.

Celle-ci salua brièvement tout le monde d'un hochement de tête et se pencha vers le poste de Perrin, où tous étaient rassemblés.

– Alors, ça dit quoi ? lança l'un en se mettant sur la pointe des pieds pour apercevoir l'ordinateur de l'informaticien.

Perrin fit un tour complet sur sa chaise de bureau pour que chacun recule de quelques centimètres. Puis il rehaussa ses lunettes et informa ses collègues:

– Monsieur Sommet a reçu un message ce matin: « La vérité doit éclater. 2 millions. Heure et jour que vous connaissez. Aucune présence policière tolérée. Vie en jeu. »

Un brouhaha s'éleva dès qu'il eut fini de lire le fameux message, à la manière d'élèves qui réagiraient à ce que dirait leur professeur. Le commissaire fit claquer sa langue et réclama le silence, décrétant qu'ils ne se trouvaient pas dans un poulailler. Les murmures finirent par se taire et Perrin put poursuivre:

– Aubry et moi avons essayé de remonter jusqu'à la source de ce message. Évidemment, il s'agit d'un téléphone jetable.

– On nous parle de ça constamment mais je sais même pas où on peut s'en procurer... lança un stagiaire.

– C'est plutôt facile à trouver. Dans les gares, dans les magasins d'électronique... répondit le collègue de Perrin.

– Magasin d'électronique. releva Vasquez, et tous se tournèrent vers elle. Trens & CO...

Mais Perrin se sentit obligé de la couper pour qu'elle ne se fasse pas d'illusion:

– C'est aussi la première chose à laquelle j'ai pensé, mais non. Ils n'en vendent pas.

– Cette boutique ne sert définitivement à rien. marmonna l'inspectrice, légèrement vexée.

Le commissaire sembla s'impatienter: il n'avait tout de même pas été tiré de son lit pour qu'on ne lui annonce rien ?

– Il n'y a aucun moyen de savoir la provenance de ce message ?

– Malheureusement pas. Les ravisseurs ont sûrement détruit le portable une fois le message envoyé.

– D'accord, acquiesça rapidement Vasquez avant que le commissaire ne remette en doute les capacités des informaticiens. Mais le message indique clairement que Monsieur Sommet connaît l'heure et le jour de la remise de la rançon. Qu'est-ce qu'il a déclaré ?

– Rien pour l'instant. Il nous a transmis le message, et a annoncé qu'il ferait une déclaration à la presse dans peu de temps. répondit un autre informaticien en haussant les épaules.

– Ce n'est pas logique ! rétorqua-t-elle, sourcil gauche arqué. Il ne peut pas d'abord informer la presse et ensuite la police. Il faut qu'on aille le voir en personne.

Le commissaire Leblanc se redressa brusquement et la fusilla du regard:

– Vous pensez vraiment être en mesure de rencontrer Monsieur Sommet comme ça, sans prévenir ?

Le temps d'un sourire [Matoine]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant