Chapitre 15 : A kiss, just a kiss, I'll regret later

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Comment était-ce seulement possible ? Lors de ma première transformation, je m'étais métamorphosée en dragon, or nous n'avions la possibilité de nous transformer qu'en un seul animal qui nous représentait à vie ! Je n'avais aucune idée de ce que je devais faire : le dire à ma mère, au proviseur ou à Aeron ? Mais à quoi bon ? Cela semblait inédit et ne servirait à rien à part les inquiéter davantage. Mais alors, devais-je garder ça pour moi ? Cela me terrorisait à l'idée d'avoir un secret de plus à garder pour moi mais c'était ce qui me semblait être la meilleure solution pour l'instant.

À cet instant, j'entendis des bruits de pas descendant les escaliers. Je me rendis compte à quel point mes sens étaient aiguisés sous cet forme lorsque je reconnus une des odeurs qui m'était familière. Je n'arrivais pas à mettre un nom dessus mais je savais que la personne faisait parti de mon entourage. Quant à la deuxième odeur, elle m'était presque totalement inconnue. Je reprenais donc ma forme humaine. La transition prenait de moins en moins temps à s'effectuer et bientôt elle mettrait moins d'une seconde à se faire.

Je m'approchai lentement de la porte sans faire de bruit et passai discrètement ma tête par l'embrasure pour me permettre de voir à qui j'avais à faire. Quel ne fut pas mon étonnement de voir Aeron et May en train de se murmurer des mots doux à l'oreille et de se rouler ensuite une pelle. C'était donc elle la fameuse petite amie, cocufiée à plusieurs reprises ? Ma 'moi' méchante se réjouissait que ce soit elle, tandis que ma bonne conscience me rappelait à quel point c'était dur d'être traitée de cette manière et que je ne le souhaiterais jamais à personne. J'avais vu ma soeur infliger ça à Aeron et je l'avais vu sombrer dans un tourbillon sans fond de rancune quand il l'avait appris. Cette expérience l'avait changé à jamais et je ne comprenais pas comment il pouvait se permettre de reproduire le même schéma à quelqu'un d'autre -aussi garce la personne soit elle, en sachant la trahison qu'on pouvait ressentir en l'apprenant.

Sous le choc de ce que je venais de voir, je reculais vivement, non sans avoir heurté au passage une petite étagère d'accessoires mis à notre disposition à Aeron et moi qui se renversa avec un bruit sourd sur le sol. Je fermai les yeux dans l'attente de l'inévitable confrontation. Juste avant de sentir une présence devant moi, je l'entendis murmurer quelque chose impossible à comprendre sous ma forme humaine. Des bruits de pas résonnèrent dans le couloir, certains montant des marches tandis que d'autres se rapprochaient de moi.

_ Tu sais que fermer les yeux ne procure pas le don d'invisibilité ? ricana-t-il.

Face à sa réflexion sur mon immaturité apparente, je me vis dans l'impossibilité de nier les faits plus longtemps.

_ Je suis désolée, je t'assure que je n'avais aucune intention de vous espionner mais j'étais venu plus tôt pour m'entrainer et quand je vous ai vu, je n'ai pas voulu vous déranger et... tentai-je désespérément de me justifier.

J'allais continuer sur ma lancée quand il m'interrompit.

_ Ça va, ce n'est pas grave, pas la peine de t'excuser, c'est ma faute.

Ta faute ? Pourquoi serait-ce ta faute ?

_ En fait, comme tu es déjà échauffée, ça nous permettra de passer directement à ta leçon, continua-t-il.

Pendant plus de deux heures, Aeron me montra plusieurs techniques de défense en passant par quelques gestes basiques jusqu'à des techniques d'esquive.

Le dernier combat terminé, je tombais au sol, épuisée, essoufflée, transpirante et déshydratée par cette séance. Lui au contraire semblait aussi frais que s'il sortait d'une douche !

Il y a vraiment une certaine injustice en ce monde ; non mais c'est vrai quoi ! Je suis nulle au combat au corps à corps -donc je me ridiculise à longueur de temps pendant ces leçons, et je finis dégoulinante de sueur tandis que lui, en plus de rester beau comme un dieu, est patient, gentil et bon pédagogue. Ce qui n'en reste pas moins étonnant, vu l'accueil auquel j'ai eu droit de sa part en arrivant ici.

Entre feu et glaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant