Entre feu et glace

Chapitre 19 : Trust me, help me, forgive me

Surpris, il se figea et ne comprit pas de suite. Je le vis ensuite prendre trois grandes inspirations pour tenter de se calmer.

_ Comment ça ? demanda-t-il d'une voix doucereuse très trompeuse.

_ Eh bien, pour commencer, tu es le seul au courant de mon secret à qui je peux demander ça. Ensuite, comme je n'ai pas été très assidu à tes leçons dernièrement, je me suis dit que ce serait mieux de partir avec quelqu'un qui pourrait me protéger.

_ Et tu t'es dit que j'allais accepté sans broncher ? répliqua-t-il choqué.

_ Non mais on sait très bien tous les deux que si mon secret a commencé à s'ébruiter, on va commencer à me traquer et je ne suis pas capable de me défendre seule.

_ Raison de plus pour rester ici et en parler au Doyen !

_ Non ! J'ai besoin de réponses et je les aurais avec ou sans toi ! J'aurais préféré avec mais si tu ne m'aides pas je partirai quand même à leur recherche...

_ Au péril de ta vie ! cria-t-il. Cela en vaut-il vraiment la peine ?

_ Bien sûr que ça en vaut la peine ! rétorquai-je furieuse que la conversation ne se déroule pas exactement comme prévu.

_ Et pour aller où d'abord ? Te cacher au fin fond de la forêt en attendant que la crise passe ?

_ C'est ça que tu penses de moi ? Que je fuis parce que je suis effrayée ? demandai-je tristement, déçue qu'il puisse penser ça de moi.

Fermant les yeux et prenant une grande inspiration, il déclara plus calmement :

_ Tu sais très bien que ce n'est pas ce que je voulais dire... mais je ne vois pas où tu veux en venir.

_ Je veux que tu m'aides à rejoindre la cité des Fortunae.

Il resta silencieux pendant quelques secondes, prenant conscience de mes paroles et de ce qu'elles impliquaient. Avant qu'il ne puisse dire quoique ce soit, je rajoutais, lucide quant au fait que ce que j'allais dire n'irait pas en faveur de ma demande.

_ Je ne peux pas tout t'expliquer pour l'instant mais je te demande de me faire confiance...

_ Ça fait beaucoup de demandes pour un seul soir, rétorqua-t-il sarcastique. J'ai besoin de savoir : qu'est ce qui te fait croire que je vais accepter et surtout qu'est ce qui te fait croire que je n'irai pas raconter tout ça au doyen une fois que tu seras partie ?

Je pris une inspiration pour me conforter dans l'idée que je prenais la bonne décision et lâchai :

_ Parce que moi je te fais confiance.

Il me lança alors un regard torturé, comme si ce que je venais de lui dire venait de contrarier sa décision prise précédemment. À ce moment précis, je sus que quoi que je fasse il me suivrait, car il était comme ça. Au fond, il était toujours l'ami que j'avais eu quelques années auparavant et quoiqu'il dise, je lui rappelais trop ma soeur -qu'il avait aimé au-delà de tout j'en suis bien consciente, pour me laisser prendre de tels risques sans me protéger. Néanmoins, pour éviter de le faire changer d'avis maintenant, j'attendis patiemment qu'il reprenne la parole.

_ T'as intérêt à m'offrir une bière si on revient ici vivant sans s'être fait renvoyé...

Avant même qu'il ait fini sa phrase, je me jetais dans ses bras pour le remercier.

_ Je t'assure que si c'est le cas, je t'offrirais tout ce que tu veux !

Il éclata de rire puis en redevenant plus sérieux me demanda :