Chapitre 47 : A last goodbye

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Deux jours sont passés depuis la désormais sanglante journée du Champ des Larmes. Elle a été ainsi nommée en raison des nombreuses pertes humaines subit lors de la bataille contre Magnus. Les défunts sont tous retournés à leur famille, pour qu'ils puissent leur rendre les derniers hommages qu'ils méritent. Ma mère, Jake, Amelia, Aeron et Daegan et moi sommes restés à l'Académie. Le lendemain du funeste jour, ma mère a gardé la tête froide et a voulu s'occuper des questions pratiques comme contacter les familles, leur annoncer la perte de leur proche et aussi assurer la future direction de l'Académie. La mort de John Lohan laisse une place vacante très importante dans la société sibylline. Ma mère étant la plus proche incarnation de ce qui fut les Anciens, elle occupera cette place jusqu'à ce qu'un professeur prenne le relais.

Je ne saurais pas dire exactement dire ce qu'il s'est passé entre Rebecca Glacia et John Lohan mais ces deux-là étaient plus proches que je ne le pensais et ma mère a été affecté par sa mort.

En tout cas, nous n'étions plus que six à l'Académie ce jour-là. Six plus Ségolia.

Le corps de ma sœur reposait actuellement dans une chambre de conservation. Cela faisait deux jours que j'étais à son chevet.

J'avais passé deux jours complets à lui raconter tout ce qu'elle avait manqué dans ma vie ces dernières années, mes anecdotes marrantes comme mes souvenirs tristes. Je lui ai évoqué tous les souvenirs qu'on avait ensemble en riant avec mélancolie. Je lui ai parlé comme si elle était assise en face de moi, rigolant et pleurant avec moi et berçant mes histoires de ses petites remarques sarcastiques dont elle avait le secret. J'ai imaginé avec elle toutes nos années manquées, toutes celles qu'on aurait eu si elle n'était pas partie. Je l'ai imaginé discutant avec moi comme elle était avant qu'elle ne s'inflige un sortilège impardonnable. J'aurais tellement voulu qu'elle soit encore là. J'aurais tellement aimé qu'elle serre ma main comme je l'avais fait ces dernières heures avec elle. Qu'elle ouvre les yeux d'un coup et qu'elle me regarde avec une lueur malicieuse dans les yeux en me disant qu'elle avait réussi son mauvais tour et que j'étais trop naïve de croire comme ça à toutes les histoires qu'on me racontait.

Est-ce que dans quelques années je me souviendrais de tous les moments qu'on a vécu ? Est-ce que je me rappellerai le son de sa voix ?

Je ne voulais pas lui dire au revoir. Je ne pouvais pas. Je n'y arrivais pas.

Il nous restait tellement de choses à faire, à accomplir. Nous avions laissé beaucoup trop de choses en suspend entre nous.

Le soir, Aeron était venu me tenir compagnie. Nous tenir compagnie. Il s'installait en face de moi et prenait l'autre main de Ségolia en se penchant à son oreille pour lui murmurer toutes sortes de paroles secrètes à l'oreille. Sa manière à lui de lui dire au revoir et de faire son deuil.

Au fond Ségolia était et restera à jamais l'amour de sa vie, même s'il ne s'en était pas vraiment rendu compte avant ces derniers jours. Le béguin qu'il a eu pour moi n'était que le reflet des sentiments qu'il avait pour ma sœur et qu'il avait essayé d'étouffer pour éviter de souffrir après son départ.

Il y a quelques années, nous l'avons cru morte avant de découvrir il y a quelques mois qu'elle était encore vivante. La première fois, sa mort avait été difficile à gérer pour nous deux, mais l'espoir qui renaquit à la découverte de son exil était un couteau tranchant qui servait à écorcher en continu mon cœur à vif depuis son sacrifice. Son dernier acte était digne de la Ségolia que j'avais connue autrefois, celle que je pouvais appeler « ma sœur ».

Entre feu et glaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant