Chapitre 33 : Ségolia

355 31 4
                                    


A l'instant où Drakaina et Aeron avait disparu, Meriya me sauta dessus et m'attrapa à la gorge, les crocs dehors et agressive.

_ De quel droit tu te permets de t'attaquer à mon clan, sale...

Elle ne put terminer sa phrase. Par mon esprit je l'avais purement et simplement immobilisée. Je me dégageai tranquillement de sa main qui me maintenait fermement tandis qu'elle me regardait les yeux écarquillés de terreur.

_ Tu diras à ton chien de garde que c'est la première et la dernière fois qu'elle pose la main sur moi, papa.

Je me tournai vers mon géniteur un sourcil haussé dans l'attente d'une confirmation. Ce dernier fronça les sourcils sans me répondre, acquiesça d'un mouvement de tête avant de m'ordonner silencieusement de relâcher ma prisonnière.

D'un simple mouvement désinvolte de la main, je rendis sa liberté à la vampire. Cette dernière alla camper derrière son Maître, autrement dit, mon père. Elle me regardait avec méfiance mais ne dit rien.

Ma tante s'approcha alors de moi avec un grand sourire malsain.

_ Ne t'avais-je pas dit qu'elle était exceptionnelle ? S'extasia-t-elle.

Je levai les yeux aux ciels de désinvolture.

_ Est-ce réellement nécessaire de sacrifier autant de soldats Ségolia ? Me réprimanda-t-il.

_ Il fallait que mon sauvetage soit crédible. Elle me fera totalement confiance maintenant. N'oublies pas ce que tu m'as promis, le mis-je en garde.

_ Ma petite chérie, susurra-t-il en s'approchant de moi, tu n'as pas encore rempli ta part du contrat. Je le ferai aussitôt que tu m'auras livré ta soeur. En plus, tu m'es très utile pour l'instant.

_ Je t'aiderai jamais pour cette partie là et tu le sais ; j'en ai marre d'être ta poupée ! Tu ne crois pas que tu as assez bousillé ma vie comme ça sans pour autant continuer ?

Je savais très bien imiter la colère même si je ne la ressentais plus réellement. Ce monstre qui me servait autrefois de père osait encore me faire du chantage ; et Kali qui le regardait avec une adoration absolue ne valait pas mieux que lui.

_ Ma corneille, on s'était mis d'accord... commença ma tante. Je t'ai promis que je t'aiderai à t'échapper des Fortunaes et à t'apprendre ce que je sais uniquement si tu te montrais coopérative.

Je détestais cette bonne femme. Purement et simplement.

_ Oui et tu m'avais aussi promis qu'il pourrait exaucer mon souhait.

_ Et je le ferais, une fois que notre conquête sera terminée, nous coupa mon geôlier.

Magnus et Kali Proditor étaient autrefois les cousins germains de feu le père d'Edana Flama, décédé tragiquement lors d'une nuit sombre d'octobre. Ils avaient hérité du nom de famille de leur mère, une sorcière déchue, Freyja Proditor, pour que le nom des Flama ne soit pas souillé par les actes commis par cette dernière. Ils avaient alors été exclus du clan Flama et contraint de vivre avec une sorcière noire -une succube, au sein de la Forêt noire. Freyja avant de mourir avait eu le temps d'apprendre à ses deux enfants l'art de la magie occulte, son pouvoir et ses ténèbres. Après sa mort, âgé d'à peine dix et onze ans, Kali et Magnus ont trouvé refuge dans un orphelinat d'Amayi, notre capitale. Au vue de leur talents exceptionnel dans la magie, ils intégrèrent à leur majorité, chacun leur tour, l'académie. Ils découvrirent leur métamorphe : un renard pour Kali et un majestueux lion pour Magnus. C'est à l'académie que Magnus rencontra Rebecca Glacia, la dernière du clan du même nom. Ils tombèrent immédiatement amoureux. Malheureusement, à cette époque les mariages inter-éléments était à proscrire, personne ne sachant exactement ce que cela pouvait engendrer. Rebecca refusa envers et contre tout de suivre cette règle absurde et épousa quand même Magnus. De leur union, naquit deux merveilleuses filles, le portrait craché de leur mère. Pour de simples sorciers, cela n'aurait pas eu la moindre importance mais pour deux sorciers dotés d'une telle puissance, leur progéniture ne pourrait être que tout aussi puissante voire plus encore. Cela se confirma quand l'ainée des deux commença à maîtriser la magie avant même de savoir parler. Mais ce que craignait le plus les deux jeunes parents se produisit lors due la fin du mois de septembre de la dixième année de la plus âgée des enfants. Un soir, cette dernière se réveilla en pleurant et ses parents tentèrent de la rassurer en lui expliquant que ce qu'elle avait vu n'était qu'un mauvais rêve. Mais la petite fille leur expliqua que ce n'était pas un mauvais rêve mais une prémonition, elle en était sûre. Elle se voyait quand elle serait grande mais elle ne serait plus elle-même, ses pouvoirs auraient pris le contrôle de son corps, auraient absorbé son énergie jusqu'à ce qu'il n'en reste plus une seule goutte et que ses yeux se ferment tout seul pour ne plus jamais se réouvrir ; alors il faisait noire et c'était vide. Le vide complet. La mort.

Entre feu et glaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant