—Émilie—
Dès qu'«Elle» eut fini son discours, je suis sortie de la salle de réunion et me suis engagée dans les escaliers sans laisser le temps à quiconque de me rattraper, que ce soit Émilia, Dante ou quelqu'un d'autre. Je me suis enfermée dans ma chambre, ne voulant voir personne. Je ne voulais pas qu'on m'approche. Je ne voulais pas qu'on me touche. Je ne voulais pas qu'on me parle. Je ne voulais plus rien être. Comme toujours. Et Émilia n'arrange pas les choses.
J'aime beaucoup Dante, mais il a tendance à trop mettre le nez dans mes affaires. J'avais bien vu son regard insistant pendant que nous discutions du sort de ces monstres d'humains. Enfin, en discuter... De toutes manières, ils étaient condamnés. Je me fiche d'eux, ils me font peur ces êtres horribles. J'avais déjà vu de nombreux humains venir ici, ils n'avaient pas tous de mauvaises intentions mais pas de très bonnes non plus. Et vu tout ce que j'avais expérimenté à force de les côtoyer, j'avais fini par les craindre. Comme presque tous les habitants de cette maison. Sauf peut-être Dante.
Je sais pertinemment que Dante est très dangereux, mais j'avais appris à lui faire plus confiance qu'à moi-même. Je me détachais de la porte de ma chambre, contre laquelle je m'étais appuyée pour être sûre que personne ne viendrait et ouvrais les rideaux de ma chambre, qui étaient restés fermés toute la journée, diffusant la pâle lumière de la lune dans ma chambre. Je refusais de voir la lumière de notre soleil entrer dans la chambre. Comme tous les gens de la maison, d'ailleurs. Je regardais ma chambre. Tout était normal : mon lit en baldaquin noir et blanc était fait, ma bibliothèque qui se trouvait contre le mur adjacent à celui contre lequel était situé mon lit était toujours bien rangée, sur le mur face à celui du lit, mon armoire était bien rangée elle aussi, comme d'habitude, et sur ma coiffeuse, aucun produit ne trainait. Ce qui est une bonne chose, vu que les seuls produits que je possède sont des objets tranchants, des produits anesthésiants, d'autres désinfectants et des bandages. Soupirant, je m'assis face à ma coiffeuse et contempla quelques secondes mon reflet dans le miroir avant de retirer les bandes qui formait des mitaines. Une fois ces dernières retirées, je regardais les différentes blessures présentes sur mes avants-bras et mes mains. Elles avaient toutes été faites par Émilia. Elle prenait un malin plaisir à me martyriser assez souvent. Je me demandais pourquoi je me forçais à subir tout ça à chaque fois que je ne me trouvais pas face à elle. Mais dès qu'elle venait me voir dans l'intention de me faire mal, je comprenais pourquoi je me laissais faire. Quand elle s'énervait, elle était terrifiante. Malgré tout, Émilia semblait m'apprécier, en dehors de ces moments de folie on avait réussi à se bâtir une vraie relation fraternelle. Même j'avais l'impression qu'à chaque fois qu'elle me faisait mal, elle semblait se venger de quelque chose. Je savais que je ne pouvais pas me défendre. J'avais beau essayer, elle arrivait toujours à me contrôler pour continuer de me blesser. Une fois, j'avais même failli la tuer. Cependant les autres ont cru que c'était parce que je m'étais énervée contre Émilia. Même si cette dernière avait un caractère de merde, ce que tout le monde savait, ils pensaient que j'étais assez instable psychologiquement et me laissaient faire, sans réagir. En même temps, ils n'auraient rien pu faire. Si on se mettait à s'en prendre à Émilia, on perdrait encore une personne supplémentaire. Or, on était trop peu nombreux. Et on ne pouvait rien dire à Émilia sans perdre son soutien, ce qui n'était pas rien.
Maudissant ma stupidité, je commençais à désinfecter mes plaies. Mais peu après, avant que je n'ai eu le temps de ramasser quoi que ce soit, j'entendis la porte s'ouvrir et une voix crier :
-SURPRISE !!!!!!
La voix de Dante. Même si tout le monde savait pour les douleurs qu'elle avait la fâcheuse tendance à m'infliger, bien qu'ils croyaient tous que c'était moi qui me les faisais, j'avais toujours le réflexe de cacher.
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Le Pays des Merveilles, de l'autre côté du Miroir
ParanormalAvant toute chose, je souhaite signaler aux potentiels lecteurs que si vous voulez saisir toutes les subtilités de l'histoire, ça pourrait être utile de lire les livres de Lewis Carroll. Mais si vous voulez juste profiter d'une fiction et que vous v...