Chapitre 17 : le Jeu de la Reine de Coeur

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—Eve—

Les humains arrivèrent dans la salle d'un pas trainait. Descendant de mon trône, placé sur une estrade juste devant cinq guillotines accotées, je décidais de les accueillir :

-La Reine de Coeurs vous invite à son grand jeu ! Je vous en prie, prenez place sur la guillotine.

Joignant le geste à la parole, je leur pris les mains et les installais sur les deuxième et quatrième places en partant de la gauche et bloquais leurs cous de sorte à ce qu'ils ne voient pas leurs bras, puis je cadenassais les deux moitié des bouts de bois qui maintenaient leurs têtes en place sous le file de la lame.

-Je sais ce que vous êtes en train de vous dire : elle va nous tuer, nous ne pourrons pas y survivre. Sauf que ! Au niveau des poteaux qui permettent de tenir la lame et qui lui permettront de vous décapiter proprement tout à l'heure, il y a des clés. 3 clés par personne, précisément. Il va falloir que vous décrochiez les clefs et que vous les testiez sur le cadenas qui ferme ce qui maintient vos têtes en place. Sinon je pense que vous risqueriez de crever.

J'éclatais de rire et leur lançais :

-Au fait, vous avez 5 minutes pour réussir cette épreuve. Je serais vous j'essayerais d'aller vite en étant précis dans mes gestes.

Et ainsi commença l'épreuve. Deux humains étaient en train de flipper dans l'éventualité de leurs décapitation prochaines et une magnifique Reine de Coeur tournant autour des guillotines tel un vautour.

Je n'aurais raté ce spectacle pour rien au monde. Les humains devaient être fatigués après toutes les épreuves et les morts qu'ils ont dû traverser, tant sur le plan physique qu'émotionnel, il devraient logiquement mourir dans cette salle. Ils allaient perdre la tête, ce que je trouve génial.

Cela m'avait toujours fascinée, un humain pouvait survivre en perdant un bras, une jambe voire tous ses membres, sauf la tête. Et même si je savais pourquoi, ça continuait à me fasciner.

Je regardais Florian tâtonner sur les grands piliers de bois de manière précipitée, attraper une clé puis chercher le cadenas, toujours en tenant la clé dans sa main, ce qui ne devait pas faciliter sa tâche. De son coté, Lucas était encore plus précipité. S'il continue comme ça, il risque de faire une belle bourde. Il va mourir vite.

Voyant que la première clé ne marchait pas, il en chercha une autre, toujours aussi prudent, tandis que, du côté de Lucas, vu que sa première clé n'était elle aussi pas la bonne, il recommença ses recherches précipitées.

-Il vous reste 3 minutes, dis-je, regardant ma montre à gousset.

Enfin, «ma» montre, la montre que m'avait prêté Adrian pour l'occasion. Un bijou, comme chacune de ses montres. Celle-ci était faite d'une matière métallique blanche incrustée de rubis et décorée de coeurs dont les bords étaient découverts de bouts de feuilles d'or. Elle ne m'avait pas été offerte, mais c'était l'une de ses nombreuses montres «à inspiration». Et chacune avait sa spécialité. En l'occurence, celle-ci pouvait décapiter à distance. Cette montre, si l'un des humains survit, je dois la lui confier pour qu'il la confie à «Elle», ce qui mènera l'humain en question à sa perte quand il arrivera au terme de son voyage.

Dès que je quittais ma montre des yeux, je vis que Florian avait des difficultés à saisir la clé qu'il cherchait à atteindre, et que Lucas allait tellement vite pour tenter de récupérer l'objet de sa convoitise qu'il la fit tomber à quelques mètres de lui. Et voilà une clé qu'il ne pourra pas utiliser, j'espère que c'était celle qui aurait pu le sauver. Puis Florian réussit à introduire sa clé dans le cadenas. Voyant qu'il allait réussir à se sauver, je saisis la clé que Lucas avait fait tomber et la rangeais derrière le rembourrage de velours de mon trône.

-Il vous reste une minute. Florian, tu as interdiction d'aider ton ami.

-Et pourquoi, me cracha-t-il d'un ton mauvais ?

Souriante, je suis allée récupérer ma hache au manche noir incrustée de rubis en forme de coeurs et lui ai expliqué d'un ton doucereux :

-Sinon je vais utiliser cet objet pour faire en sorte que ta tête d'imbécile se détache de ton corps de façon immédiate et définitive.

Pourquoi ne pas utiliser la magnifique montre d'Adrian ? Parce que sinon, dès que je lui aurai confié l'objet, il l'aurait utilisé pour me tuer.

En attendant, il déglutit et regardait Lucas qui tentait vainement de tourner la clé dans le cadenas. Je crois que j'ai planqué la bonne clé. De toutes manières, il ne restait que 30 secondes. Du coin de l'oeil, je vis Florian se précipiter au sol, sans doutes pour chercher la clé que son ami avait fait tomber.

-J'ai dit : tu ne l'aides pas ou je te décapite.

-Mais il va crever, fit-il d'un ton précipité et paniqué !

-C'est le but, jeune homme.

Et quand l'heure fut venue, je m'approchais de la guillotine et fit tomber la lame sur le cou de l'humain, provoquant sa mort.

Florian semblait abattu.

-Et oui, tu es seul, c'est bête hein ? Bah, ne t'en fait pas, je te comprends. J'étais toujours seule quand j'étais humaine.

Je lui tendis la montre à gousset et lui dis :

-Maintenant tu peux partir. Derrière la porte, tu la trouveras.

-Qui ?

-Alice.

Il attrapa la montre à gousset et me demanda, tout en essayant de sécher ses larmes et calmer ses sanglots :

-Mais je croyais que nous étions des Alices perdues au Pays des Merveilles, mes amis et moi...

-De 1 : c'est impossible vu qu'il n'y a qu'une Alice qui vit ici. De 2 : Si ça avait été le cas, vous n'auriez pas subi des épreuves risquant de vous couter la vie. Maintenant files, manant.

Il s'exécuta en courant, montant sur l'estrade et ouvrant l'immense porte qui menait à «Elle».

Le Pays des Merveilles, de l'autre côté du MiroirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant