Chapitre 18 : Ses révélations (part 1)

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—Alice—

-Il... Il y a quelqu'un ?

-Je suis là, humain, répondis-je.

J'étais cachée dans l'ombre de grands rideaux, dans une pièce aux murs noirs. Les cadavres de 3 des humains étaient rangés dans des cercueils posés contre un mur. Il restait 2 cercueils vides. La Reine de Coeur devrait remplir l'un d'eux sous peu, d'après ce que j'ai pu observer. Quant à moi, j'allais devoir remplir le dernier.

Je décidais de sortir de l'ombre et de me montrer aux yeux de l'unique survivant. Moi, une centenaire dans un corps de petite fille, vêtue d'une simple robe bleue et pieds nus.

-Peux-tu me donner la montre, humain, demandais-je ?

Il me la tendit en tremblant de la main.

-Merci.

Je la récupérais et lui demandais :

-Tu sembles avoir des questions, poses-les.

Il hésita quelques secondes :

-Pourquoi nous tuer ?

-Il va falloir que je raconte une petite histoire pour répondre à ça. Seulement avant, il faut que je m'assure que tu ne t'enfuies pas. Alors assieds-toi.

Je lui montrais une chaise installée au centre de la pièce, et malgré le fait que je m'étais adressée à lui d'un ton qui se voulait amical, il ne bougea pas.

-Qu'est-ce-que tu attends ?

-Je n'ai pas confiance en toi. Angélique a failli mourir à cause d'un plan pareil.

Je souris.

-Tu apprends de tes erreurs, c'est bien. Mais il n'y a aucun piège.

Bien que très très réticent, il finit par s'asseoir.

-Bien, il est temps que je raconte ma petite histoire.

J'inspirais et commençais :

-Il y a longtemps, Alice a poursuivi le Lapin Blanc et est tombée au Pays des Merveilles. Peu après, au moment où la Reine de Coeur a failli la décapiter, elle se rendit compte que c'était un rêve. Puis, peu après, Alice passa à travers le Miroir, et au moment où elle devint reine, elle s'éveilla et se rendit compte que c'était un rêve. Encore. Mais quelques jours plus tard, elle réussit à repasser à travers le miroir, seulement il était un peu... changé. Alice s'était rendue compte que l'Autre Côté du Miroir et le Pays des Merveilles ne faisaient qu'un. Les jours passèrent et elle restait dans ce monde de plus en plus souvent. Elle avait sympathisé avec tout le monde, elle était heureuse. Et quand Alice a fêté ses 10 ans, elle décida de rester au Pays des Merveilles. Pour toujours.

Cependant Alice n'était pas la seule humaine à aller au Pays des Merveilles. Certains humains encore moins bien intentionnés qu'elle. Ils commencèrent à rappeler aux habitants du Pays des Merveilles leurs vies humaines. Car oui, les habitants du Pays des Merveilles ont été humains, comme ils ont dû te le dire. Des humains nés à mille ans d'écart grand maximum et ayant vécu des choses difficiles. Certains devinrent fous et se suicidèrent, d'autres continuèrent de vivre en souffrant. L'humanisation ne leur plaisait pas. Et cette humanisation ne plaisait pas non plus à Alice, qui s'était retrouvée coincée dans un corps de petite fille jusqu'à la fin de ses jours. Puis il a commencé à y avoir des tensions entre les humains et les habitants. Certains devinrent des amis dont on pleurait la mort, d'autres des ennemis dont on provoquait la mort. Les corps des habitants changeaient, pour s'humaniser petit à petit. Et pendant ce temps, le Pays des Merveilles dépérissait.

Je guettais sa réaction. J'avais l'impression qu'il s'en foutait complètement, que tout ce qui l'intéressait était sa survie. Pourquoi les humains dans son genre montraient-ils tous si peu d'enthousiasme à connaitre tout ce qui était à l'origine de leur mort prochaine ? C'est affligeant...

-Cependant, continuais-je, il y a quelques années, un couple arriva au Pays des Merveilles. Ils se prirent d'affection pour les habitants, qui lui rendirent. Même Alice réussit à les apprécier. Mais il y a quelque chose que les humains n'avaient pas prévu, c'était l'attachement de la Reine Blanche pour la femme, Liliane. Aussi, quand le Pays des Merveilles apprit par leur petit-fils, Loïc, qu'ils étaient sur le déclin, la Reine Blanche demanda à la Duchesse de l'accompagner pour rendre une dernière visite à cette humaine qui lui avait tant plu. Avec la bénédiction de chaque habitant du Pays des Merveilles, il était décidé que Loïc irait les récupérer dès leur sortie du Miroir. Seulement, les seules choses qui réussirent à traverser le Miroir étaient les vêtements des deux femmes ainsi que les parties de leurs corps que ceux-ci protégeaient.

Je retins une larme à la pensée de ce souvenir douloureux et continuais ma narration :

-Peu après, le Griffon, qui souhaitait quitter le Pays des Merveilles, décida de partir sans prévenir personne. Il avait prévu d'enfiler une combinaison entièrement faite de tissu. Seulement, quand Loïc monta dans son grenier pour se rendre au Pays des Merveilles, il tomba sur son cadavre décapité. Faisant part de ses découvertes aux habitants, Lewis, Ambre et Émilie parvinrent très rapidement à comprendre que les têtes n'arrivaient pas à passer à cause du cerveau, pour des raisons inconnues qu'ils ne pouvaient pas se donner le luxe de découvrir. Puis, rapidement, ils comprirent que la peau humains pouvait leur permettre de passer à travers le Miroir pour atteindre le monde humain sans risques. Enfin, en théorie. Aussi leur vint l'idée de se faire des masques en peau humaine pour pouvoir survivre à la destruction du Pays des Merveilles. Seulement nous savions qu'à l'époque où en étaient les humains, très peu de personnes avaient le potentiel de venir au Pays des Merveilles.

-Alors, on a eu une idée, fit la voix du Lièvre de Mars derrière nous.

Le Pays des Merveilles, de l'autre côté du MiroirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant