Chapitre 15 : le Jeu du Loir

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—Sébastien—

Pourquoi il ne reste plus que 3 humains ? Les autres pièges étaient-ils si inefficaces ?

Ou alors ils s'en sont plutôt bien sortis... Déjà Lewis m'a dit que si les humains savaient utiliser leurs cerveaux la débile qui hurle et qui pète des câbles pour rien serait crevée au lieu d'avoir un oeil en moins, donc c'est qu'il doit leur manquer le cerveau. Sinon... Les pièges d'Ambre et des doublons me semblaient suffisamment durs pour qu'elles puissent tuer au moins deux personnes supplémentaires. Je suis étonné qu'ils aient survécu à Ambre, mais encore plus à Émilie et Émilia. Y a un truc louche. Il faudra que je leur en parle quand j'aurai fini mon épreuve.

Face à moi, les humains pleuraient silencieusement, une expression de souffrance peinte sur leurs visages. Je baillais et m'adressais à eux d'une vois trainante :

-L'épreuve à venir sera la moins éprouvante physiquement. Mais mentalement, ce sera une torture. J'espère que vous êtes prêts, parce que moi oui.

Ils se recroquevillèrent les uns sur les autres. Ils ne dirent rien, ce qui me permis de continuer :

-Autour de vous, vous avez des armes blanches. Votre but sera de me résister.

-C-comment s-saurons n-n-nous q-que n-nous a-avons r-réussi, demanda Florian d'une voix entrecoupée de sanglots ?

-C'est simple : vous serez toujours en vie. Maintenant allongez-vous comme vous le feriez pour dormir.

Ils m'obéirent et s'allongèrent sur le sol. Les humains sont bien dociles je trouve... De toutes façons, ils ne pourront pas toucher les armes du sol s'ils ne sont pas en transe. Ils ne pourront pas m'échapper.

En quelques secondes, je les fis s'endormir. Puis j'entrais dans la tête de Lucas.

J'y vis des tonnes de chose inintéressantes, des intérêts, des souvenirs... Bon, je vais plutôt rentrer dans le vif du sujet. Je cherchais la porte de ses culpabilités. Quand j'y entrais, je fus, dans un premier temps, déçu. Il n'y avait rien d'intéressant, de la culpabilité mineure pour des conneries mineures et rien de plus. Même les derniers évènements ne semblaient pas lui avoir fait subir quelque culpabilité que ce soit ! Soupirant, je me mis à fouiner dans ses autres souvenirs.

Oh mais que vois-je ? Ne serait-ce pas des souvenirs où ce cher Lucas martyrise certains de ses compagnons ? Ne serions-nous pas en présence d'un harceleur, comme l'aurait dit Loïc ? Et si je faisais en sorte que les harcelés le hantent ? Ça pourrait être drôle de les voir s'en prendre à lui...

Petit à petit, dans le cerveau de Lucas, des voix commencèrent à le questionner sur ses intentions, du style : «pourquoi as-tu fait ça ?», «qu'est-ce-que j'ai fait pour mériter ça ?», «je ne t'ai jamais rien fait alors pourquoi ?», etcétéra, etcétéra...

Ah tiens, déjà, là, il est pas bien. Alors, craquera ou craquera pas ?

Honnêtement, j'ai des doutes. Il ne culpabilisait pas de base, donc j'ignore si ça sera efficace ou pas. Il faut voir.

Au début, quand ces voix ont commencé à l'assaillir, il a légèrement pris peur, puis, avec le temps, il montrait à quel point il se foutait ce que ces voix pouvaient lui dire. C'est bien ce que je pensais, cet être ne possède aucun remord. Comme beaucoup d'entre nous d'ailleurs.

Tant pis, lui je ne le tuerai pas, passons au petit frère merdique de Loïc, Florian. Alors, dans sa tête... Oui, bah à peu près le même contenu que l'autre, c'est-à-dire inintéressant et pas constructif. Les humains sont-ils tous si soporifiques ? Rien que fouiner dans leurs têtes me donne envie de dormir... Alors, partie culpabilité... Ah, il culpabilise parce qu'à cause de lui sa pote est morte ! C'est une bonne idée, ça ! Aussitôt je me mis à créer un spectre de l'amie en question, et je me mis à la faire parler :

«Florian... Pourquoi tu ne m'as pas aidé... ? Pourquoi tu l'as laissé me tuer... ? Pourquoi tu ne m'as pas sauvé... ? Tu aurais pu me pousser sur le sol... Tu aurais pu me sauver... tu aurais pu ralentir le temps pour me faire tomber... Alors pourquoi tu m'as laissé mourir...?»

Je voyais que Florian n'était pas bien, qu'il souhaitait se justifier, s'expliquer, il bégayait dans son rêve, dans sa tête et c'était magnifique à voir. Il était perdu, il a même tenté de lui faire une déclaration d'amour pour la calmer alors que ce n'était qu'une illusion !! Ah ça me tue... J'en peux plus de rire... Je crois que je vais décéder...

Ah, ah !! Il a l'air de vouloir se planter, il a l'air de vouloir se planter ! Allez, crève, crève, crève, crève, crève, crève !

Mais merde-euh... Je me suis fait grillé... Il prétend que ça ne correspond pas à la personnalité de la gamine... Elle avait une personnalité cette gosse ? Non parce que moi je la trouvais totalement banale. Bon, ben je me suis fait avoir. Génial.

Du coup je me casse, je vais voir si j'arriverais à massacrer la gamine.

Bon, sa tête est aussi remplie que celle de ses amis, c'est à dire pas beaucoup. Bizarrement je comprends pourquoi ils sont amis. Alors, au niveau de la culpabilité, ça donne quoi... Ouh, mais c'est bien plein tout ça ! Je crois que celle-là, elle va clamser ! Bon, alors on a... culpabilité d'avoir laissé ses amis mourir, culpabilité d'avoir fait confiance à Lewis et, par conséquent d'avoir manqué de prudence et d'avoir embrigader tout le monde dans nos pièges.

Donc, je vais te coller tes deux amis morts dans la tête de avec des paroles pleines de gentillesses qui vont bien te faire du mal et qui te pousseront au suicide avec un peu de bol !

Au début, elle commençait à gérer, puis avec un peu plus de temps, elle semblait sur le point de craquer. À force d'aboyer la chienne commençait à perdre sa voix. Je me suis mis à rire. Et je maintint mes illusions mentales. Elle semblait souffrir, se débattre au milieu de illusions qui l'assaillaient de toutes parts. Elle pleurait et elle hurlait, en proie à une profonde souffrance mentale qui déchirait chaque fibre de son être. elle allait craquer. il fallait qu'elle craque. C'était obligatoire qu'elle craque.

Et effectivement, tandis que je continuais de la faire souffrir dans sa transe, je vis son corps s'animer et saisir un des couteau. Elle commença à le planter lentement dans son bras et à appuyer, se tranchant les veines du bras droit. Le sang coulait à flot de l'entaille. Et pour couronner le tout, elle finit par se planter le couteau dans l'oeil. J'attendis le temps nécessaire pour être sûr de sa mort, puis je réveillais les deux autres. Dès qu'ils virent leur amie morte, ils hurlèrent.

D'abord, ce fut un cri horrifié. Ensuite, ce furent des cris de désespoir.

-L'épreuve est terminée, seulement votre amie n'a pas réussi à survivre, dis-je en baillant. Vous pouvez partir.

Avant d'avoir à écouter la moindre protestation, je quittais la pièce et allais rejoindre Émilie et Émilia en trainant les pieds. Je devais savoir comment 3 humains avaient réussi à survivre jusque là.

Le Pays des Merveilles, de l'autre côté du MiroirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant