Chapitre 14 : le Jeu du Lapin

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—Adrian—

Je regardais fixement ma montre. Les humains mettent énormément de temps à venir. Émilie et Émilia les auraient-elles retenus ? Elles savent que je n'ai pas tout mon temps, pourtant. À moins qu'il y ait eu un contre-temps... Ce serait fâcheux, très fâcheux...

Du haut de mon piédestal, je regardais les cinq montres qui attendaient patiemment leurs prochains utilisateurs. Je m'ennuyais. Et dire que je ne pouvais pas faire passer le temps plus vite... Les pouvoirs limités n'ont pas que des bons côtés...

-Ah la garce !

Sortant de mes pensées, je vis que les humains commençaient tout juste à entrer dans la salle et que le monsieur Lucas était blessé. Je ne m'intéressais pas aux autres changements, vu que ceux-ci semblaient dater un peu plus. Sauf peut-être la mort de monsieur David, mais logiquement un jeu de dames ne pourrait pas le tuer. Peut-être sauf qu'il n'était pas censé blesser non-plus. D'ailleurs les vêtements de Florian étaient tachés de sang. C'est fâcheux, surtout qu'il était interdit d'abimer la peau des humains... Il faudra que j'en parle avec les deux folles une fois mon épreuve terminée...

-Bienvenue à mon épreuve, messieurs-dames.

-LAISSE TOMBER LE NUMÉRO DE COURTOISIE ET VIENT TE BATTRE, LE LAPIN, s'égosilla Camille !!

-Ce n'est pas un numéro de courtoisie, mademoiselle Camille. Je suis toujours comme ça. Bien, vous voulez commencer l'épreuve ou je vous tue maintenant ?

Je leur servis mon plus beau sourire, ce qui les calma instantanément.

-Comme vous pouvez le voir, vous avez des montres devant vous. Chacune d'elle vous permettra de ralentir de le temps. De mon côté je peux envoyer des seringues remplies soit de poisons, soit d'«acide interne», soit d'eau. Elles seront envoyées tellement rapidement que vous ne pourrez les esquiver que si vous ralentissez le temps. Pour ralentir le temps, justement, vous n'aurez qu'à bouger l'aiguille des minutes. Et ne touchez surtout pas à celle des heures. Si vous suivez mes directives, vous devriez vous en sortir.

Je les vis ouvrir leurs bouches pour protester mais je pris les devants :

-Vous êtes priés de vous taire, de m'écouter et d'obéir. Sinon vous êtes morts.

Oh, mais suis-je bête, vous êtes déjà censés mourir !

Mais bon, mieux vaut éviter de leur dire, ça risque de leur ruiner le morale d'arrêter le jeu. Ce qui est à éviter, ça ne serait pas drôle. Les humains, réticents, avancèrent tout de même pour arriver face aux montres.

-Nous commençons dans 3 secondes. 3... 2... 1...

Ils saisirent les montres au même moment et je les vis tourner la tête à toute vitesse. Ça y est, ils les ont activées. À mon tour d'activer les seringues disposées un peu partout dans la pièce. Si j'avais été bon joueur, je leur en aurais envoyé un petit nombre, puis j'y serais allé en croissant, mais je n'ai jamais été bon joueur. Après tout, ma spécialité en temps qu'humain était les poisons. Et j'ai toujours trouvé les poisons fourbes. Ils font tout le travail à la place de l'assassin, qui se contente juste de les introduire dans un aliment ou une boisson. Il ne restait plus qu'à assister au spectacle. Et la plupart du temps, c'était magnifique.

Je vis le monsieur Florian se précipiter vers le sol à partir du moment où il a vu toutes ces seringues converger vers lui. La demoiselle Angélique et le monsieur Lucas l'imitèrent. La demoiselle Camille aussi. Mais un peu tard.

Les seringues n'ayant touché personne foncèrent dans les murs. Et elles étaient bien plus nombreuses que celles ayant touché la demoiselle Camille.

Le monsieur Florian s'est précipité vers elle en voyant que des seringues l'avaient touchée. Descendant de mon piédestal, je suis allée voir quelles sortes de seringues avaient troué sa peau.

-NE VOUS APPROCHEZ PAS, me cria le jeune frère de Loïc en la serrant dans ses bras.

À ses côtés, la demoiselle Angélique et le monsieur Lucas semblaient rongés par l'angoisse. Ils avaient visiblement peur de perdre un autre de leurs amis. En me voyant arriver, ils me hurlèrent de dégager en m'insultant de «connards» et autre noms d'oiseaux tout aussi répandus. Je n'y prêtais pas attention et récupérait mes seringues le plus rapidement possible.

Elle s'est reçu plusieurs seringues d'arsenic. Je ne crois pas qu'elle puisse y survivre longtemps.

Je vis la jeune fille se crisper puis elle se mit à vomir. Je la regardais convulser dans les bras de son ami, elle semblait sur le point de s'étouffer avec sa bile tant elle vomissait. Je la regardais mourir, un rictus satisfait sur le visage. Décidément, je ne changerai jamais...

La demoiselle Camille mourut quelques minutes plus tard. Ses compagnons de voyage étaient en larmes. De mon côté, je le vivais plutôt bien. La mort d'un humain était toujours source de réjouissance pour moi.

-Il serait temps que vous passiez à l'épreuve suivante.

-LA FERME ESPÈCE DE CONNARD, hurla le monsieur Florian !!!

Je ricanais.

-Non, t'as pas compris. C'est toi qui te tais. Elle est morte, elle ne reviendra jamais. Contentes-toi d'avancer et de rester en vie le plus longtemps possible. Et pour ça il faut que tu passes à la prochaine épreuve.

Je m'éloignais et leur lançais d'un ton poli :

-De toutes manières, si vous ne sortez pas de là je lance une nouvelle volée de seringues !!!

Bizarrement, à ce moment-là, ils sont tous partis vers la porte

Le Pays des Merveilles, de l'autre côté du MiroirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant