Chapitre 9 : le Jeu de la Chenille

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—Lewis—

Les humains arrivèrent peu après, ouvrant la porte en tentant de faire le moins de bruit possible, ce à quoi ils arrivèrent plus ou moins.

-Bonsoir, leur dis-je d'un ton austère. Ne devriez-vous pas être couchés en cette heure tardive ?

-On pourrait vous sortir la même chose, a rétorqué celle qui se faisait appeler Angélique d'un ton acerbe.

Je restais impassible et me levais, rajustant le col de ma chemise pour me donner un air encore plus sérieux qu'il ne l'était déjà et m'approchais d'eux silencieusement.

-Ce n'est pas moi qui entre déranger les autres dans leur refuge, répliquais-je.

Je les contournais et fermais la porte derrière eux.

-Vous avez des chaises devant le bureau, je vous en prie, assez-vous, leur demandais-je d'un ton courtois. Sauf toi, Angélique. Attends un peu, d'accord ?

Je m'avançais vers elle et saisis sa main avec douceur, essayant de voir si elle réagirait bien ou mal à ce contact. Dans le premier cas, je gardais encore un peu ma couverture. Dans le second, je serrais contraint de lui broyer le poignet pour en faire ce que je veux, et ça n'aidera pas. Enfin, de toutes manières ils allaient savoir que je ne suis pas de leur côté.

Contrairement à ce que je pensais, la jeune fille garda ma main dans la sienne et se permit même de la serrer un peu. Je scrutais son visage et constatais une certaine rougeur dessus. Tiens ? Je ne savais pas que je l'attirais ? Mon comportement peut-être ? Ce geste, venant de quelqu'un comme elle semblant plus juger par rapport à l'apparence physique a tout d'un honneur. Cependant je ne vois pas et ne verrais sans doutes jamais en quoi cela serait un honneur de tenir la main à un être aussi exécrable, même si elle a pu changer de jugement.

-Angélique... C'est un prénom à la hauteur de celle qui le porte, mentis-je en tentant de rendre ma voix enjôleuse.

Je la sentis tressaillir et je souris. Cette fille est vraiment trop facile à manipuler, c'est merveilleux. Après tout, ne sommes-nous pas au Pays des Merveilles ?

-J'aurais besoin que toi et tes amis fassiez quelque chose pour moi.

-Et... quoi, questionna-t-elle d'une voix submergée par l'émotion ?

Pauvre sotte, la seule personne que j'ai aimé de tout mon coeur est morte.

-Comme vous le savez, vous êtes coincés au Pays des Merveilles jusqu'à ce que nous décidions de vous sortir de là. Mais vous souhaiterez revenir chez les humains, n'est-ce-pas ?

-Vous pourriez nous y aider, demanda Lucas d'un ton plein d'espoir ?

-Tout dépendra de vous.

J'assis Angélique sur le fauteuil sur lequel j'eus pris place quelques instants plus tôt. Cette dernière posa les bras sur les accoudoirs, comme je l'eus vue faire au dîner. Parfait.

-Vous ne voulez pas aider une tripotée d'Alices perdues au Pays des Merveilles, fit le frère de Loïc d'un ton doucereux ?

C'est comme ça que vous vous voyez ? Votre stupidité est étonnante.

-Si vous réussissez certaines épreuves, vous pourriez réussir à vous en sortir, répondis-je.

-Nous attendons de voir ce que vous nous proposez, répondit-il.

-C'est très simple.

Rapidement, j'abaissais à l'aide de mon pied la pédale qui fit sortir deux énormes carcans de cuirs qui maintinrent les poignets d'Angélique en place et sortit le... «cutter», il me semble que c'est le bon terme, que Loïc m'avait offert il y a un bon moment et entaillais profondément l'oeil d'Angélique avec.

Le Pays des Merveilles, de l'autre côté du MiroirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant