DE SANG ET D'ARGENT T5 Hold on me [Terminée]

8. Auxann

Surprise du soir, bonsoir... 

J'ai décidé de changer de visage pour Ann... vous en pensez quoi ? 

— Alors c'est ça que ça signifie quand on dit que les ascenseurs font de l'effet, dit Naël avec un sourire idiot plaqué aux lèvres, comme s'il était particulièrement content d'être témoin de ça.

Mais c'était ma Main et je le connaissais depuis suffisamment longtemps pour voir les détails, pour savoir.

Son regard était froid, dur et... inquiet. Et que ma Main soit inquiète montrait à quel point les choses n'allaient pas.

Naël savait jouer des apparences et des faux semblants. Il excellait même dans cet art et c'est ça qui faisait de lui un terrible prédateur.

Nos yeux ne se croisèrent pas vraiment. Il observait Yuni qui rougissait. Nous étions presque collés l'un à l'autre et je n'avais pas envie de reculer.

Je n'avais pas envie de sortir de cet ascenseur.

Pas envie de lutter.

Pas envie de me battre.

Dès l'instant où mes lèvres s'étaient posées sur celles de Yuni, il n'avait plus été question de contrôle.

— J'aurais dû parier. Je le savais !

Yuni rit doucement et je la sentis se détendre un peu. Le fait que ce soit Naël qui nous ait surpris ne semblait au final pas la déranger tant que ça.

Quand j'y pensais, il était presque normal que Naël et elle s'entendent bien. Pas que ce soit forcé, mais c'était... dans la logique des choses. Après tout, même si Naël avait ignoré ce qu'elle représentait pour moi, son loup l'avait senti.

Il avait compris quelque part.

— Pas de twister alors ? Franchement je peux même pas compter sur vous, soupira Naël, feignant d'être très, très déçu.

D'avoir mes mains sur le corps de Yuni les empêchait de trembler. Mais ça n'empêchait en rien le froid de s'insinuer partout en moi. J'avais la sensation d'avoir de la fièvre et d'être bien trop fébrile.

Toucher Yuni était à double tranchant.

À la fois dangereux et exaltant.

Suicidaire, mais tellement bon.

Je ne pouvais pas faire comme si je n'avais pas attendu ce moment depuis longtemps. Trop longtemps peut-être même.

J'aurais pu lutter.

J'aurais pu dire à Yuni que je ne voulais pas de tout ça. Mais j'aurais menti. Clairement.

Yuni n'était pas n'importe quelle femme.

Pas pour moi.

Elle ne l'avait jamais été et ne le serait jamais. C'était le genre de vérité qui ne pouvait pas être contournée. Qui ne pouvait pas être passée à la trappe.

— Je crois que les garçons en bas préfèrent se bourrer plutôt que de jouer à ce jeu idiot, répondit Yuni.

Je devais m'écarter d'elle.

C'était comme si on enfonçait des piques de glace dans mon crâne. Douloureux et dérangeant. Et c'était encore trop faible.

Mais ce n'était pas vraiment le pire.