Mil's Coffee

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Les fêtes de fin d'année sont passées, une nouvelle année a débuté et le printemps commence à pointer le bout de son nez. Au revoir écharpe, bonnet et gant. Bonjour le ciel bleu, les jupes et mes petites ballerines, qui m'ont tant manqué.

Je suis en vacances pour deux semaines et je compte bien en profiter pour passer voir mes parents et prendre des nouvelles de ma mère qui ne supporte pas très bien le traitement. Elle s'amaigrit de jour en jour et se fatigue de plus en plus. Elle essaie de garder le moral et de faire bonne figure devant tout le monde, mais je la connais, et sous cette carapace se cache une femme triste, détruite par le cancer et impuissante face à cette putain de maladie.

J'aimerais tellement que tout aille pour le mieux, mais moi-même je ne peux pas faire grand chose, à part prendre de ses nouvelles et la réconforter avec mes histoires d'amour et mes aventures au boulot, je ne peux malheureusement pas l'aider.

Un coup d'œil sur l'horloge du microonde et je m'aperçois que je vais être en retard pour aller dîner chez Logan. Il est 19h46 et je ne suis toujours pas prête. Je saute dans ma robe patineuse blanche au dos échancré, enfile mes boots noires et je prends le départ.

La ville est calme et les lumières scintillent. Mon sac sous le coude, je passe non loin de Mil's Coffee pour accéder à la plage. Un homme est assis sur un large carton, une légère couverture sur lui et un réchaud en guise de chauffage d'appoint. Je décide de faire un petit détour et de passer devant cet homme. En m'approchant de celui-ci, je remarque que c'est le fameux monsieur qui m'attendait tous les soirs à la sortie du boulot. Cela faisait un petit temps que je ne l'avais pas aperçu et le voilà, ici, ce soir.

- Bonsoir monsieur. Je lui dis, en m'accroupissant à ses côtés. Que faites-vous là ?

Il a l'air surpris par ma présence, par le fait que je lui adresse la parole et il se redresse pour essayer de faire bonne figure.

- Oh ! Bonsoir mademoiselle Judith. Comment allez-vous ?

- Je vais bien, merci. C'est plutôt à vous que je devrais poser la question !

- J'ai connu des jours meilleurs. Comme vous pouvez le voir c'est pas la joie mais on fait avec. Au fait... je m'appelle William Davis.

- Enchantée monsieur Davis. Que faites-vous dehors ? Vous avez l'air d'avoir froid.

- Ça va aller, ne vous inquiétez pas. Et s'il vous plaît, appelez-moi Will ou William.

- Dites-moi, est-ce que vous souhaitez de l'aide ? Vous avez besoin de quelque chose en particulier ?

- Non merci, vous êtes gentille. Vous devez avoir un rendez-vous pour être aussi bien habillée et aussi belle, s'il vous plaît, allez-y ! Je ne voudrais pas vous retarder.

- Très bien William. Mais j'espère que tout va aller pour le mieux pour vous. Tenez, je lui dis en tendant un sachet plein de macarons, je vous les offre. Et essayez de passer une bonne nuit. À bientôt.

Il me sourit, les prend avec plaisir et je m'éloigne de lui pour le laisser seul sur son morceau de carton. J'espère pour lui que cette situation n'est que provisoire, et qu'il va vite reprendre le taureau par les cornes.

La mer est calme et les étoiles brillent au dessus de ma tête. Les lumières du salon de Logan sont allumées et deux silhouettes se font face dans la pièce. J'accélère le pas et arrive plus vite que je ne le pensais devant sa porte d'entrée. Je frappe une fois, puis deux et à la troisième fois je commence à m'impatienter...

Il ouvre la porte, au bout de trois longues minutes, et sa bouche s'étire pour laisser place à un magnifique sourire. Il m'enlace et m'embrasse avec fougue sur la bouche. Je lui rends son baiser et m'écarte de lui pour reprendre mon souffle. Il pourrait me faire grimper au rideau rien qu'en m'embrassant. C'est magique, prodigieux et jamais je ne pourrai m'en lasser.