Chapitre 6

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Mme. Habert avait été étonné de me voir en cour, ainsi que plusieurs élèves via des regards étonnés. C'est un des cours que je sèche le plus. À quoi pourrait me servir de savoir les guerres qui se sont passés avant même que mon pays soit fondé? À rien, voilà.
- On se tait, les enfants! Mandy! Arrête ça! Oh, John peut tu bien lâcher ton ami.
Comme les gens sont immatures au secondaire! Lorsque la classe fut enveloppé d'un drap de silence, Mme. Habert reprit la parole.
- Aujourd'hui, est un cours spéciale. Vous allez vous mettre dans la peau de ces shamans amérindiens.
Oh mon dieu, que nous réservait-elle? J'aurais de loin préférer un cours normale.
- Vous allez méditer et peut-être même entrer en transe! Je vous apprendrez aujourd'hui comment ces amérindiens s'y prenaient.
- super!, ai-je plaint avec le sarcasme.
- Mlle. Sullivan, vous pouvez bien sortir de mon cours si vous ne voulez pas!
Au fond, j'étais quand même curieuse et décidai de rester ici.
Mme. Habert ferma toutes les lumières et nous ordonna de nous pencher la tête sur le bureau. Je sentis peu à peu l'odeur de l'encens parcourir l'espace de la pièce. Personne ne parlait.
- respirez profondément. Inspirez le calme, expirez le stress et toutes sortes de pensées distrayantes.
À l'unisson, les élèves expirèrent. Puis inspirèrent.
- vous allez essayer de trouver votre animal totem. Vous êtes sur un chemin qui se sépare en deux. Choisissez le chemin en fonction de votre instinct. Au bout de ce chemin, vous arribez à une clairière. Le vent fais bouger la cime des arbres tout en faisant un bruissement de feuilles. Vous avancez au centre de la clairière où vous vous assiez. Vous vous endormez.
- Ca marche pas, madame Habert, avait dit un élève que j'entendis de loin. Très loin.
La professeure continua en l'ignorant, pour ne pas rompre la méditation des autres élèves. Elle reprit:
- Vous vous endormez, et rêvez que vous êtes un..
Alors qu'elle prononçait ces paroles, je ressentis encore cette impression d'espoir, de nouveauté, de changement. je m'endormais réellement. Comme ensorcelée. Si calme. U
J'étais au côté de Taran, la tête me tournait. Il me sourit.
- tu m'as rejoint, Dana. N'est-ce pas merveilleux?
Je lui répondai par un sourire tout en fouillant son regard. Il prit ma main. Sa main était forte, et c'était comme si par ce toucher, il m'avait transmis une partie de sa force. Je n'avais plus peur. J'étais si bien. J'avais tout oublié.
- Je peux te donner encore mieux, Dana.

J'arrivai à la clairière où ma méditation guidée avait commencé. Mais à cet endroit, y avait environ une vingtaine d'animaux différents. Tous semblaient penser être seul. Mais moi et Taran les voyons tous.
Il s'arrêta à une dizaine de mètres:
- fais-moi confiance.
J'hochai de la tête, le sourire aux lèvres.
Ce qui suivit était indescriptible. Il avait volé. Volé au- dessus du troupeau et d'un geste de la main, les entassa dans une sorte de sac géant. Il me fit signe de le joindre et me rendit compte que j'étais sous forme de corbeau. Je m'envolai à ses côtés et me remit sous forme humaine.
Le sac faisait en sorte qu'on pensait regarder à travers un lac. L'eau devenait de plus en plus brillante, alors que Taran me promettait d'être émerveillée par son regard. L'eau était devenue bleue brillante, les animaux endormis au fond de ce sac. Taran entreprit d'un geste très simple de la main de cueillir cette essence vitale dans un mince ruban bleu brillant qui s'y engouffrait via son index. Il me prit la main et je sentis aussitôt cette force surgir en moi. Je me sentais si vivante, jamais n'aurais-je plus dormir, avais-je pensé. J'en étais certaine: mon âme respirait, pensait, était réveillée. Cette joie immense ne faisait qu'augmenter et je ne me croyais même pas capable de ressentir une joie si immense. Les animaux devenaient de vulgaires enveloppes flasques et Taran et moi savourions ce nouveau pouvoir. Un bon moment dura, nous deux en train de valser, tant de plaisir et de bonheur. Il arrêta de danser lentement.
- c'est le temps de rentrer, ma chérie.
D'une moue, j'acceptai et Taran ferma mes paupières.
Je me réveillai, toute heureuse et puissante. Avec effroi, les evenements qui venaient d'arriver étaient beaucoup trop réalistes. Je comprenai clairement que Taran m'avait enlevé ma conscience morale d'une certaine facon. Autrement, comment aurais-je pu agir comme cela en sa présence?! Il ne fallait pas oublier qu'il était peut-être un tueur. La force ne m'avait pas quittée! Je réalisai où j'étais: en classe d'histoire. Ca n'avait pas été très facile de le remarquer à première vue; c'était le silence le plus lourd que je n'avais jamais vu pour un si grand nombre de personnes. Même la professeure ne parlait pas. Elle me regardait d'un regard paniquée tout en s'accrochant comme seul support à son bureau. Mme. Habert brisa le silence d'une voix frêle:
- lent...lentement, réveillez-vous.
Les élèves étaient tous livides. Le silence avait reprit sa place quand Mme. Habert avait arrêté de parler, mais personne n'y avait réagi. La cloche sonna et c'était seulement à ce moment, que les gens ont essayé de partir de la classe. Tous avait de la difficulté à soulever leur propre corps et personne n'affichait d'émotions. Pauvres petites personnes faibles. J'ai alors compris que les animaux dans la clairière étaient les élèves qui m'entouraient, et que j'avais pris une force qui leur appartenait, du moins, une partie. Quelle était cette force? Je n'aurais pu dire. On aurait cru voir des gens n'ayant pas dormi de la nuit. Ils s'en remettraient. J'avais été la première à sortir du cours et surtout la plus animée, vivante, alors que la professeure me suivait encore du regard d'un air ahurie. Qu'est-ce qui lui prenait? Savait-elle ce que j'avais fait? J'adoptai pour une millième fois ma politique de non-culpabilité.

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