Sorciere des rêves

Chapitre 30

J'avais déjà lu des histoires sur les vampires. Des romans ringard où les humains craignaient les vampires et surtout, où le sang humain était meilleur que tout les autres. Savoir que je faisais partie d'un fantasme chez bien des jeunes, savoir que je suis une preuve du surnaturel, je n'étais même pas capable de me l'imaginer. Pour moi, j'étais seulement quelqu'un qui n'allait pas vieillir, qui buvait une chose spéciale et qui était fort et rapide.
Samedi soir, quand je rentrai, je me rappelai comment j'étais partie. En courant vers la cour arrière. Ma mère m'attendait à la table avec un air préoccupé. Elle se jeta à mes bras lorsque j'ouvris la porte d'entrée.
- Mon dieu, maman!
Puis comme quelqu'un me le chuchotant, je me rappelai que Léia affirmait la non-existence de Dieu.
- Tu étais passée où Dana? Je me suis inquiétée.
- Je suis allé voir Taran. Puis, je suis allé chez Léia.
- ... est-ce que Léia va bien? Je veux dire, sait-elle pour toi?
- Oh tu ne l'avais pas vu , hier? Elle était avec nous. Si tu savais ce qu'elle était , pfff!
- On reparlera de ça plus tard. Pour l'instant, tu est allé voir Taran?!
- Bah ouais.
- Mais pourquoi? Il m'a enlevé!
- Je sais... mais il croyait bien faire. Maman, il faut que tu saches qu'il n'a jamais connu le bien.
- Tu l'as pardonné?
- Non, je veux lui faire connaître le bien. Je veux le changer. S'il changeait... peut-être que le choix sera différent..
- quoi? Quel choix?
J'écarquillai les yeux. Oups, j'avais oublié de lui parler de Liam et j'avais dérivé à vox hautes mes pensées. Je me repris.
- Pas de tes affaires.
- Ah non?
Elle me regardait d'un air compétitif. Jusqu'à ce que ses yeux glissent sur ma robe dorénavant écarlate arborant maintenant une mine envieuse et craintive.
- C'est la robe que Taran t'a donné? Elle était noire dans mes souvenirs pourtant...
- Ouais, elle était noire.
Elle me regardait avec insistance, attendant une réponse plus développée.
- Elle a changé de couleur quand j'ai changé.
- Parlant de cela..., avait-elle amorcé mal-à-l'aise.
- Maman, tu n'as pas besoin de savoir. Je ne sais pas encore les effets à long terme.
- Et les effets courants?
Je fis une grimace. Ça me gênait d'en parler.
- J'ai un peu plus de force et je suis plus rapide... et le sang me rassasie.
Elle détourna la tête tout en arborant une mine contrariée.
- Comment sais-tu que le sang te "rassasie"?
- Exact, je me suis nourrie. Mais d'un animal, t'inquiètes. , avais-je dit en roulant les yeux.
Un long silence se plaqua suite à ce que j'avais dit.
- Pourquoi tu sembles prendre cela à la légère?
- Je veux dire... ouais c'est bizarre, mais il n'y a rien de grave à se nourrir de sang.
- Dana! Tu est une vampire! Ne dit jamais qu'il n'y a rien là.
- Mais qu'y a-t-il, alors?
- ... On dit qu'ils ont perdus leur âmes.
- Tu te foues de moi? Regarde moi et dit moi que j'ai perdu mon âme. C'est de la connerie! Tu connais même pas ça les ... vampires., avais-je terminé tout bas.
Ma mère semblait incroyablement désolé et craintive à la fois.
- Oui.
Tout en laissant une larme couler au coins de ses yeux, ma mère tourna les talons et alla dans sa chambre pour pleurer ou dormir, je ne savais pas trop. Ce que je ne savais encore moins, c'était pourquoi elle pleurait. J'avais seulement dit qu'elle ne connaissait pas les vampires. Peut-être pensait-elle que j'avais perdu mon âme. Pfff!
Je me fis un souper rapide, comme à l'habitude et quand enfin il fut prêt et mis dans mon assiette, j'allai dans la salle à manger. Mais  quand je portai la première bouchée à ma bouche, je recrachai tout. Ça goûtait la terre. C'était écoeurant. Je me suis demandée, si je vomissais allais-je vomir du sang? Non, je n'allais pas vomir. Je n'allais tout simplement pas manger de nourriture humaine. Humaine. Je n'étais plus humaine. En une journée, mon alimentation avait changée radicalement.

Le lendemain, dimanche, j'étais occupée à fixer mon plafond de chambre tout en ressentant une si forte impression de changement que j'avais envie de crier. C'était mon intuition. J'avais changé. L'air autour de moi était différent. On aurait dit qu'il essayait de me réchauffer, mais que je possédais un bouclier enveloppant tout mon corps. L'air était vraiment chaud. Je levai ma main pour la diriger vers mon champ de vision, et je fus choquée. Ma peau avait tellement blanchie... je me levai à la va-vite et courai vers mon miroir. Mais qu'est-ce que... J'étais de marbre. Pas seulement mon expression, ma peau était devenue incroyablement douce et solide à la fois, mais principalement, elle était blanche. Je n'avais jamais vu un blanc aussi étincelant. Mes traits avaient changé sans que je puisse dire quoi. J'étais incroyablement belle. Plus que belle... j'étais divine! Mes cheveux noir de jais faisait un contraste épatant à ma peau. Mes yeux aussi, avaient changé. Ils étaient plus perçants. Plus prédateurs. Et leur couleurs... mes yeux étaient cramoisis. Je touchai la peau de mon ventre et de mes bras de plus en plus rapidement, alors que mon expression se transformait en grimace. Ce n'étais pas l'air qui était chaud. J'étais froide. Je dirigeai mes yeux vers l'extérieur où la journée semblait très ensoleillée en Novembre. Je voyais, je sentais, j'entendais tout. Ce que je ne sentais pas, c'était la présence de ma mère. Elle était partie, c'est ce que je compris.