Chapitre 8

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Les premiers jours ont été difficiles sans Léia. Je ne séchais plus les cours: quel en était le point en étant seule? La majorité de l'école pensait que j'avais menacé Tom. Bien qu'il ait un peu exagéré: je ne l'ai pas menacé de mort quand même! Le seul élément positif dans ma vie, à ma connaissance, étant Léia, je l'avais perdu. c'était inconcevable. J'étais seule à présent. Quelque  peu confortant était les points communs que j'avais avec ce Taran. Il était... fort  et poétique. Quelque chose m'attirait grandement chez lui, c'était indescriptible.
Je  passais le moins de temps possible autour des autres élèves. Je mangeais à la barraque et passais les pauses aux toilettes. Aussitôt la dernière cloche sonnée je me dépêchais de rentrer à la maison, où une mère occupée ne m'attendait pas vraiment.
Je devais l'avouer, mes notes s'étaient améliorées. Mais j'avais une humeur massacrante. Un des points positifs d'une mère qui se fichait de sa fille, c'était la liberté. Je n'ai jamais eu de problème pour être rentrée en pleine nuit ou pour avoir été saoule. Pour aucune apparente raison, j'avais décidé d'aller sortir prendre l'air. Maman était couchée. Cela faisait alors une semaine que je n'avais plus d'amie, ce qui m'apprendra à ne pas avoir développé ma vie sociale alors qu'il en était encore temps. Intérieurement, je ne regrettais toujours pas mes actes envers Léia, et ma colère ne faisait qu'accroître. Il y avait trois jours, j'ai déchirer ma feuille d'examen étant donné que je ne comprenais pas la question. Tous les évènements à caractère surnaturel s'était evanoui derrière moi. Taran n'était pas revenu me voir jusqu'à cette fameuse balade. Alors que je tournais sur une petite rue en bordure de la fallaise donnant sur le lac, Taran sembla tomber du ciel emmenant avec lui mon cri le plus fort.
- tu aimes crier , toi! Tu vas réveiller tout le voisinage!
- Taran!
Malgré le fait que je n'étais pas sûre de sa vraie nature, il était vraisemblablement mon seul « ami » si je puis dire, à part Alan. Je crois que depuis la derniere fois que je l'ai vu, quelque chose a changé à son égard. La femme du voisinage n'était pas morte, il n'y avait aucune raison d'avoir peur, c'était un rêve comme les autres. J'étais... contente de le voir , bizarrement. Puisqu'il était un signe de changement et de mystère également, il faisait contraste à ma vie monotone et inexistente depuis plus d'une semaine.  je lui sautai au cou. J'avais oubliée depuis longtemps ma première vision de lui.
- ha! Ha! oh la attention! J'ai quelque chose pour toi.
- ah oui?
J'espérais du fond de mon coeur que ce soit encore un tour de passe-passe pour me procurer de l'énergie vitale, comme il me l'avait montré il y avait de cela une semaine. Je n'aurais jamais pu oublier le bonheur, bien rare dans ma vie, qu'il m'avait procuré. Durant cette semaine, mon âme avait fictivement reperdu son énergie comme je me l'imaginais. J'attendais d'un regard curieux le paquet qu'il sortait peu à peu de son blouson de cuir noir.
- ouvre-le! Fais toi plaisir.
J'ouvrai le paquet. À l'intérieur, y était plié à première vu un morceau de soie noir. Mais en la dépliant , je m'aperçu que c'était une robe. Tout le monde dormait dans cette petite ville, personne n'allait me voir si je me changeais si ce n'est que Taran. « Tourne-toi » lui dis-je. J'enfilai rapidement la robe. « Fini », avais-je dit m'attendant à ce qu'il se retourne. Il l'était déjà. M'avait-il vu? Je le regardai d'un regard suspicieux. Il sourit. Je me reconcentrai sur ma robe. En soie noire, mettant en valeur tout mes attributs. Elle laissait entrevoir la longueur de ma jambe gauche jusqu'à mes hanches, et était tellement bien découpée qu'elle fondait avec ma silouhette. Centrée à la taille, comme je les aimais. Ce tissu, taquinant la peau avec sa légèreté... je l'adorais de toute pièce. Taran attendait  ma réaction avec un souire taquin, j'attendais la sienne.
- Tu est somptueuse comme tu l'as toujours été...tu dois te demander à quelle occasion?
- je l'aime! Non, je l'adore! Et oui, je me demande bien, ha ha!
- À nos retrouvailles.
« Nos retrouvailles »?  Je saisissais lentement que Taran n'était pas comme tout le monde, comme les humains normaux, et je commences à croire qu'il était sérieux avec ses retrouvailles. À savoir, quand était la dernière fois que nous nous étions vu? Je ne le savais pas du tout, mais lui semblait le savoir. Il posa ses mains sur mes hanches et caressa le tissu doux de ma robe. Son toucher me brûlait la peau et mon coeur allait à pleine allure.
- ai-je tout oublié ou n'étais-je tout simplement pas la même personne?
- les deux, Dana. Nous sommes des âmes soeurs.
Y penser n'était pas la même chose qu'en avoir la confirmation. J'en restai béate.
- Explique-moi, Taran. Pourquoi toi, tu t'en rappelles?
- pour la même raison que tu es capable de faire des visions ou de collecter l'énergie des gens.
- tu dois me montrer comment faire cela, d'ailleurs. Mais continue ton explication.
- tu maîtrises le futur et je maîtrise le passé. Ensemble, nous maîtrisons le présent.
- Qu'est-ce que tu veux dire par je maîtrise le futur?, demandai-je vraiment curieuse.
- Tu le sais bien! Tes rêves, Dana! , dit-il d'un ton plein d'espoir et inquiet à la fois.
De quoi pouvait-il bien parlé? Outre le rêve d'il y a une semaine, je n'avais jamais rien fait de tel. Était-il sérieux lorsqu'il nous proclamait âme soeur? Je me rappelais un moment dans mon enfance où je suivis une femme au centre d'achat, croyant que c'était ma mère, mais une sorte d'intuition était venu me dire que ce n'était pas ma mère. Cette même intuition me disait que Taran disait vrai.

- Ca m'attriste que tu ne puisses pas te rappeler de moi malgré ma présence devant toi!, continue-t'il sous forme de plainte.
- J'en suis désolée ...mais, j'ai tant de questions... qu'est-tu?
- même moi, je ne le sais pas. Les humains diraient un immortel sorcier, d'après moi., avait-il tenté sous forme de blagues.
- tu... tu n'est pas un humain?!
- j'en suis un, mais doté de dons. Tout comme toi. Tu es né avec des dons.
- hem... je ne crois pas.
Taran fronca les sourcils.
- N'as-tu pas eu besoin d'enclencher quelque chose dans ta vie pour découvrir tout cela? , demandai-je.
- Non. Comme je te l'ai dit je suis fait pour aller avec toi. Je suis né pour cela. Ma vie , c'est toi. Je ne fais que prendre une apparence différente et à partir de notre rencontre, je commence à vieillir. Cette fois, j'ai pris l'apparence de quelqu'un de 17 ans et américain. Je savais donc que j'allais te rencontrer quand tu aurais 17 ans, en Amérique. Je garde toujours mes connaissances et accumule toujours plus de pouvoirs.
- Alors, la réincarnation ça existe réellement?
- Non. seulement pour nous deux.
Cette conversation me rendait de plus en plus étonnée et surprise à la fois, mais effrayée du même coup. Savoir qu'un tout autre monde existe dont personne n'a vraiment la preuve est... angoissant.
- Tu parles de rêves... que je vois le futur....
Je ne savais aucunement de quoi il parlait. Il m'avait parlé de dons, de vies antérieures, et de notre destin à nous deux en comprenant chacune de ces choses, mais mon don, je ne le voyais pas.
- Je pensais que tu les avais depuis ta naissance...?, il semblait réellement supris pour la première fois. Ca n'est jamais arrivé, Dana. Je suis consterné pour la première fois depuis très longtemps. Ca a commencé quand alors?
- Il y a une semaine, mais ce n'était pas vraiment une prédiction: c'était en simultané. Ca signifie quoi?
- mardi passé? Peux-tu me le confirmer? Comment as-tu su que c'était en simultané?
- oui, oui mardi.
Je lui racontai ma première vision et ce matin où j'avais entendu à la radio l'annonce d'une fille qui s'était fait tué dans les conditions de mon rêve.
- attends!, je commençais à avoir marre de son air paniqué. Tu incarnais la victime ?!
- oui, quoi? La deuxième vision aussi, tu sais quand tu tuais la fille d'en face, je l'avais incarné.
- Mais de quelle fille parles-tu? Je ne t'aurais jamais tué toi.
- Qu'est-ce qu'il se passe, Taran?
- J'avais des doutes. Tu ne commences pas tes visions à la naissance, tu incarnes la victime et non le tueur. Tu ne me reconnais pas... Que t'ont-ils fait?, avait-il crié sous un désespoir que je commençais à comprendre. Je t'ai perdu. Ils m'ont fait perdre mon amour.

Il avait les yeux aux larmes. Son amour. Il était un coeur tendre au fond. Et maintenant, il souffrait pour une perte qui se présentait droit devant lui: moi. Je ne pus m'empêcher de l'enlacer, tandis que j'essayais aussi de comprendre qui étaient ils.
Il se laissa bercer par mes bras. Je sentis qu'il arrêta progressivement de penser de façon fataliste , mais plutôt vengeresse, agressive. Je repris mes interrogation:
- Qui sont ils?
- Ceux du bon côté , comme tout le monde pense., dit-il d'un ton dégouté.
- Toi...tu est du mauvais côté?
- Ils me prennent pour une des entités qui tapissent le monde des ombres avide d'âmes. Je ne fais qu'essayer de survivre. Malencontreusement, la force vitale est ma nourriture. Lorsque je t'en ai fait cadeau, te rappelles-tu à quel point tu étais revigorée? C'était parce que seul l'énergie vitale peux te nourrir réellement.
- Mais comment ai-je fait pour survivre toutes ces 17 années?
- tu t'es forcément nourrie inconsciemment.
- on est quelle sorte de créatures à la fin?, mon impatience refaisait surface.
Des humains avec des dons avait-il dit plus tôt, mais je voyais plutôt ca comme des créatures.
Après un coup d'oeil approbateur en ma direction, Taran répondit:
- Des Vampires psychiques, Dana.

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