Sorciere des rêves

Chapitre 31

Bon, j'avais changé, mais c'était pour le mieux. Je ne voyais toujours pas les effets négatifs de ma transformation. J'étais si belle. Plus belle que toutes les femmes que j'avais vu de ma vie. D'une beauté inhumaine. J'avais peur, j'étais mal-à-l'aise en pensant au fait que je n'étais probablement plus humaine.
Je descendis en bas. Maman n'était pas là. Depuis qu'elle s'était fait enlevée, le fait qu'elle soit parti sans préavis me stressait. Mais je trouvai rapidement un mot sur le frigo: Partie à l'épicerie -maman.
Ouais, en fait, elle avait probablement eu envie de me fuire. Ma robe reposait tranquillement sur le fauteuil du salon aux couleurs froides. La robe que Taran m'a donné. Je devais vraiment me trouver des talons hauts s'agençant à cette robe. Sous une impulsion subtile, je rejoignis la forêt bordant ma vieille maison. En sautant sur un puma qui je m'avait pas aperçu jusqu'alors, je me rappelai ce sentiment de bonheur pure et de soulagement envers l'étanchement de faim et de ma soif, puisque je le ressentais. Je tuai le puma, non sans qu'il se débatte et sois prit de convulsions vers la fin. J'étais reconnaissante qu'il m'ait donné sa vie, mais en aucun cas, je n'avais essayé de chasser quelconques regrets. Ils n'étaient jamais apparus, et j'en fus satisfaite. Pas de remords, c'est pas de faiblesses. Je m'étais considérablement salie durant cette chasse, donc je rentrais à la maison et c'est à ce moment précis que j'aperçu Liam à la lisière des bois.
- Liam! Qu'est-ce que tu fais ici?, avais-je demandé les sourcils froncés.
Je semblais fâchée de sa présence, mais en réalité, j'étais quand même heureuse de le voir. Heureuse de ne pas être seule. Il me fixait de ses yeux rieurs et chaleureux , mais ne souriait pas. Pas normal.
- Je voulais te parler de Taran. De ton plan, en fait.
Comment savait-il que j'avais planifié de changer Taran. Cecile lui avait-elle dit? J'hochai de la tête.
- Suis-moi.
Je rentrai dans la maison et nous préparâmes du thé. Pendant tout le temps, personne n'avait parlé. Liam était trop occupé à me détailler, bien accoté contre le cadre de porte de la cuisine. Tout mon corps vibrait, je voulais aller me coller à lui, l'embrasser, mais il y avait Taran dans l'histoire.
- Léia m'a dit que vous n'étiez pas de vrais anges.
- Oh, je n'en fais pas parti.
Je cherchai des yeux quelque chose qui n'existait pas dans la pièce.
- Je comprend pas.
- Je suis le frère de Taran. Je suis un vampire psychique.
- Eh bien... les anges n'en sont pas?
Il me regardait d'un air à dire: à coup parti, tout le monde sur la planète l'est.
- Non.
- Mais pourquoi personne ne me dit rien!
- Ça fait quoi, une semaine,  que tu connais Cecile et les autres.
- pas Léia! Oh, peu importe. Pourquoi, toi, vampire psychique tu te tiens avec des pseudo-anges, hein?
- Tu ne t'est jamais demandé comment deux âmes peuvent être frères à chaque nouvelle vie? C'est parce que nos âmes sont liés. Mais nous ne nous ressemblons pas en aucun cas. Je ne tue pas des gens pour ma propre faim, je ne brouille pas du noir toute mon existence. Mais il n'y a pas beaucoup de vampires psychiques puissants comme nous le sommes. J'ai été seul si longtemps... et enfin, j'ai trouvé des personnes aux mêmes valeurs que moi. Cecile m'a accueilli à bras ouverts.
- Mais Liam! Se pourrait-il que
même toi, son frère, ne veuille pas voir qu'il y a de l'espoir pour lui.
- Dana... je suis désolé, mais ça n'explique pas toutes ses actions. Il ment si facilement. Il manipule, il tue. Il est le mal en personne.
- Alors comment expliques-tu qu'il m'aime?
- Je ne crois pas qu'il t'aime.
- Ferme-là, bon sang! Je me rappelle de chaque vie passée à ses côtés. Il est mon ... âme soeur., avais-je fini un peu hésitante.
- Qu'il t'ait gardé éloignée de moi aussi longtemps ne veut pas dire qu'il t'est destiné!
- S'il m'a gardé éloignée de toi, c'est bien parce qu'il m'aime!
- Non.
- Alors pourquoi?
- Parce que tu est quelqu'un de si puissant. Il t'utilise.
Je suis le futur, il est le passé, ensemble nous contrôlons le présent.
- ...Il n'a pas le présent sans moi...
- quoi?
- Je pense que tu as raison., avais-je avoué démolie de l'intérieur.
Je ravalai mes larmes. Je ne voulais pas pleurer. Pleurer pour Taran... une cause perdu. Il avait puisé l'énergie de la nature, mais n'avait pas semblé étonné une seconde. Il savait déjà comment. Mais il choisissait tout de même d'affaiblir les humains, quitte à les tuer. Il était égoïste, et sa seule qualité jusqu'alors, m'aimer, s'avérait être un mensonge total. Il avait enlevé ma mère, je ne savais pas trop pourquoi. Mais Taran m'avait abandonné. Je pense que Liam avait compris que j'étais sur le précipice d'une crise, puisqu'il m'enveloppa de ses bras protecteurs et réconfortants. Il ressemblait tant à Taran, mais avec la personnalité en plus. Mais aussitôt qu'il avait touché mes bras nus, il se repoussa lui-même. Je le regardai d'un air inquiet, puis je compris, j'étais froide. Presque morte. Enfin, je lâchai toute cette tension que j'accumulais depuis quelques jours et fondit en larmes. Des larmes bien méritées m'étais-je dit. Liam revint à moi, cette fois n'étant plus surpris par ma froideur. Son cou était si proche de ma bouche que je ne pus me résoudre à arrêter mon geste. Je plantai mes crocs, s'étant développé inconsciemment, dans la gorge de Liam, lequel se durcit sous la surprise, mais se reposa peu à peu. Je couvris les deux petites entailles par ma lèvre et commença à accueillir ce délicieux nectar coulant naturellement vers ma bouche. Liam plaça sa main sur ma taille, comme pour me montrer son accord. Son sang n'était absolument pas comme celui de Taran. Celui-ci goûtait le vin fait de fleurs d'un jardin divin. Il était si délestant et j'en étais exaltée. Comment pouvait-il exister une chose aussi merveilleuse. En aucun cas, je n'aurais pû me sentir aussi heureuse et vivante qu'en ce moment dans toute ma vie. Je tenais à ce moment comme à mon âme, comme à la chose la plus précieuse que l'humanité aurait pû tenir un jour. Je le sentais du bout de mes doigts, comme une rivière d'or liquide, je priais tout les dieux que je connaissais pour faire durer ce moment. J'en étais desespérée. Rapidement, des larmes de joie prirent le relais et  coulèrent sur mes joues et dans le cou de Liam. Sous instinct, ou peut-être souvenir bien enfoui, je renonçai à ce bonheur pure pour le partager avec Liam en quittant sa gorge et en rejoignant ses lèvres qui n'attendaient que cela. Alors, tout ce que je ressentais ne fut pas divisé en deux comme je le pensais, mais redoubla et le quelque sang qui restait dans ma bouche fut goûté par Liam. Nous nous enflammâmes et notre baiser prit des proportions inimaginables, alors que Liam enlevait son chandail et que je continuais à couvrir de baiser son cou, sa mâchoire et sa bouche. Je m'apprêtais à enlever mon chandail, brûlante de désir, mais ma mère fit son entrée à ce moment, les bras pleins de sacs d'épicerie. Une chance qu'elle avait les bras pleins, parce qu'elle avait ouvert la porte avec son dos et ne voyait pas Liam torse nu, les lèvres sûrement enflés. Avec ma rapidité accrue, je fis une entaille sur l'abdomen de Liam à l'aide d'un couteau de cuisine, et prit un torchon à portée de main. Liam se retint de crier.
- Dana! Je suis de retour... Oh! Que fait-tu Dana?!
- Liam s'est battu, c'est pas croyable! Maintenant, je dois le soigner. Faut dire que la bataille était de ma faute. Je me promenais dans la forêt, marche du matin quoi, et quelqu'un a voulu m'attaquer. Il avait un de ces couteaux! Une chance que Liam était pas loin.
Me mère plissa des yeux.
- Pourquoi Liam était dans la forêt?
Je jetai mon regard sur ce qui m'entourait, à la recherce d'une réponse. Sur le coup, je cachai le couteau plein de sang.
- Hem... je ne sais pas demande lui.
Ma mère porta son regard sur le torse de Liam, comme toute fille aurait fait, mais fixa par la suite son visage en attente d'une réponse.
- Je dois avouer... que j'espionnais votre fille. Je suis désolé. C'est juste que vous savez... elle n'est pas en sécurité et vous voyez? J'avais raison. Si je n'avais pas été là, elle se serait sûrement fait attaqué par ce psychopathe.
- J'espère que vous ne me mentez pas vous deux. Ça aurait été si grave que vous vous embrassiez!, avait-elle terminé sarcastiquement.
Nous nous regardâmes, moi et Liam. Et nous fîmes semblant de rire.