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Point de vue de Swan:

Voilà maintenant une semaine que je suis allée à l'hôpital. Tant de choses se sont passées depuis, comme si le temps avait décidé d'accélérer sans que je puisse le suivre. Brandon et moi sommes en froid. Cette dispute, brutale et sans appel, l'a fait partir sans rien dire, me laissant seule. Cet abandon m'a blessée d'une manière que je n'avais pas anticipée. Il a fait resurgir cette vieille blessure, cette peur d'être rejetée, d'être laissée pour compte. Pourtant, dans cette situation, c'est lui qui est en tort, mais je ne peux m'empêcher de culpabiliser.

Brandon était agacé. Il ne supportait plus mes silences, mon incapacité à me confier, à partager ce que je ressens vraiment. Il voulait comprendre pourquoi je ne parle pas, pourquoi je vis chez ma tante alors que ma mère est toujours en vie. Tant de questions qui ne concernent que moi, et moi seule. Je ne suis pas prête à tout dévoiler, pas même à lui. Ça ne fait qu'un mois que l'on se connaît, et déjà, il se montre trop intrusif, cherchant à percer mes barrières. J'apprécie Brandon, vraiment, mais son besoin constant de tout savoir me pèse.

Depuis notre dispute, mon moral est à nouveau à zéro. Chaque journée s'étire en une longue succession d'heures vides et interminables. Sans la présence de Brandon, j'ai redécouvert à quel point il était agréable d'avoir quelqu'un sur qui compter. Pourtant, je refuse de le rappeler. Il m'a blessée aussi, avec ses mots tranchants. Il m'a reproché de ne rien faire par moi-même, de dépendre des autres pour avancer. Je sais qu'il n'a pas totalement tort, mais je ne veux pas revivre cette confrontation. J'ai besoin de temps.

Aujourd'hui, j'ai un rendez-vous chez la psychologue. Cela signifie que je vais devoir endosser à nouveau mon masque, celui que je porte à chaque rencontre. En me préparant, une envie soudaine me traverse : porter une jupe. Sans réfléchir, je l'enfile et me place devant le miroir. Des cicatrices, fines et presque effacées par le temps, apparaissent encore sur ma peau. Ce sont les plus anciennes, celles qui ont résisté au temps, et chaque fois que je les vois, je me rappelle que les blessures laissent toujours des traces. Pour les cacher, j'enfile des collants.

Prête à partir, je prends mon sac et trouve un mot laissé par ma tante sur la table, avec de l'argent à côté.

"Coucou, n'oublie pas que dans deux jours, c'est la rentrée. Je t'ai laissé de quoi t'acheter des affaires pour les cours. N'hésite pas à demander à Brandon de t'accompagner si tu ne sais pas où aller."

Elle ne sait pas encore que Brandon et moi ne nous parlons plus. Mais je sens qu'elle commence à s'en douter. En regardant l'argent dans mes mains, je me rends compte que je suis un poids pour elle. Je devrais trouver un moyen de contribuer, d'alléger un peu sa charge.

En sortant, je mets mes écouteurs et lance ma playlist. Je ferme la porte derrière moi, juste au moment où mon bus passe devant. J'essaie de le rattraper, mais malgré mes efforts, je le rate. L'idée d'attendre une demi-heure à l'arrêt me semble insupportable. Je ne peux même plus compter sur Brandon pour me dépanner.

Je remarque une petite fille qui passe à vélo devant moi. Cela me donne une idée. Peut-être que ma tante a un vélo rangé dans le garage ? J'y vais et, en ouvrant la porte, mes yeux se posent d'abord sur une vieille moto, couverte de poussière mais avec un charme indéniable. Tout au fond, je trouve un vélo. Après quelques efforts, je parviens à l'extraire. Cela fait longtemps que je n'en ai pas fait, mais je suis certaine que je peux encore pédaler. Je monte dessus et commence à rouler.

- Swan ! 

Je tourne la tête et vois Brandon. Je ne réponds pas. Sans un mot, je continue de pédaler. Le trajet est plus difficile que je ne l'avais prévu, surtout quand je me rends compte que je me suis perdue. Finalement, après plusieurs détours, j'arrive au cabinet de la psychologue.

Détruite.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant