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Dans le petit Carrefour Contact, ce fut plus difficile d'esquiver les gens mais je réussi néanmoins à ne toucher personne. Je suivais toujours Camélia, qui, comme je le prévoyais, alla directement dans le fond du magasin, au rayon des alcools. Elle avait prit à l'entré un petit panier de plastique rouge à manche noire, que l'on doit trouver dans tous les Carrefours du monde, elle y mit une bouteille de vodka, la sous-marque, et y ajouta deux bouteilles de vin mousseux à la pêche. Elle fit un rapide tour par le rayon des jus de fruits, prit trois briques de jus d'orange et un paquet de chips goût barbecue, ses préférées, puis commença à se diriger vers les caisses. Elle s'arrêta si soudainement devant les congélateurs de plats surgelés que je manquait de peu de la traverser à nouveau. Elle se prit une part de lasagne pour clore ses achats. J'étais heureux de voir que contrairement à moi, elle ne pensait pas qu'à boire mais à s'alimenter aussi. Je la vis payer les courses avec notre carte bleue dont nous connaissions le code par cœur, elle le retint bien avant moi et je me souvenais comment le fait de me le rappeler pouvait l'énerver. Elle regagna ensuite notre appartement, ne regardant personne à travers ses lunettes de soleil qu'elle n'avait pas quitter, ne parlant à personne. Je pensais qu'elle allait mettre ses bouteilles au frais et que, midi approchant, elle allait se faire réchauffer le plat cuisiné, au lieu de ça, elle balança littéralement ce dernier dans le fond du congélateur et retrouva, avec le sac encore plein, son canapé. Elle s'y écroula comme ci elle venait de marcher durant des heures, sortit une bouteille de vin mousseux, l'ouvrit si brutalement que le bouchon de plastique blanc alla rebondir sur le plafond puis disparut sous le meuble de la télévision, qui était inhabituellement éteinte depuis deux jours. La mousse commençait à sortir de la bouteille, elle plaça un verre par dessous et le remplit, puis remplit aussi le second. elle les fit tinter, répétant notre façon de trinquer mais seule, et bu une grosse gorgée, trop grosse, elle s'étouffa en toussant. Elle reposa le verre sur la table en attendant que la toux passe. Si j'avais été là, bien sûr elle ne serait pas entrain de boire, mais sinon je lui aurais tapoté le dos, et elle m'aurait dit que cela ne servait à rien, tout en souriant. Cette pensée me fit me sentir vide, encore plus désespéré que je ne l'étais déjà, il naquit alors en moi la certitude de ne jamais réussir à aider ma compagne, que j'allais devoir la regarder se détruire comme je le faisais moi même à une certaine époque de ma vie. Voilà ma punition pour avoir une fois encore fait le pitre à une soirée. C'était cher payé pour trois malheureux verres de whisky. Camélia finit par se calmer, les yeux larmoyants, je me demandais comment pouvait-il y avoir encore des larmes dans ces yeux qui ne faisaient que pleurer depuis hier soir, elle ouvrit le paquet de chips, en grignota quelques unes sans goût, elle qui aurait pu s'en gaver à n'en plus finir d'ordinaire, puis repris une gorgée de vin, plus petite cette fois. Elle finit par se rendormir avant quatorze heures, ayant fini l'une des deux bouteilles de vin mousseux et ayant sérieusement entamé l'autre. Ma rage ne cessait de s'accroître au fur et à mesure que je la voyais boire, je m'en voulais d'avoir eut ce stupide accident et me traitais de tous les noms possibles et imaginables. Lorsqu'elle se mit à ronfler, mon âme, cette espèce de nuage invisible qui floutait légèrement les objets lorsque je la voyais passer mais qu'apparemment j'étais seul à voir, explosa dans toutes les directions, passant à travers tous les objets de la pièce, et aussi à travers ma compagne. Elle dormait du sommeil de l'ivresse, profondément et sans rêves. Je dus faire des efforts impossibles afin de me calmer et regrouper mon enveloppe métaphysique. Je me haïssais véritablement, et par dessus tout, je haïssais cette bouteille dans laquelle ma compagne plongeait au moindre moment de lucidité. J'eus envie de prendre le sac de courses qui se trouvait toujours au pied du canapé et de le balancer par la fenêtre, au lieu de ça, une pointe de mon aura fit bouger l'un des verres, le rapprochant dangereusement du bord de la table basse. Je dus faire un nouvel effort pour me calmer rapidement, je ne voulais pas prendre le risque de la réveiller, pas pour la voir se remettre à boire. Je notais toutefois que lorsque j'étais en colère, je pouvais néanmoins faire bouger les objets, ce qui pouvait servir ma cause, à condition de pouvoir le contrôler car pour le moment, mon aura faisait un peu ce qu'elle voulait. 

PROMESSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant