Le plus qui me peinait pour Camélia c'était qu'elle était seule. Lorsque j'étais alcoolique et qu'elle me força à arrêter de boire, elle était restée à mes côtés et j'en remercie Dieu aujourd'hui pour ça, je n'y serais jamais arrivé sans elle. Comment pourrait-elle s'en sortir seule? Elle prenait une mauvaise direction et si je me devais bien de faire une dernière chose pour la femme que j'ai aimé durant les quinze dernières années de ma vie, c'était bien de lui faire comprendre qu'elle entrait sur un terrain glissant. Plus que glissant car on se retrouvait au fond du gouffre sans même se rendre compte de la chute, étant passé par là, je ne le savais que trop bien. Elle se réveilla en fin de matinée, le soleil tapant dans la baie vitrée donnait directement sur son visage, elle avait bien essayé de se retourner mais la luminosité était trop forte. Son premier regard fut pour la bouteille de vodka vide, elle se servit un verre de jus de fruit, faute de mieux et le but par petites gorgées. J'en profitais pour caresser une mèche de ses cheveux qui s'était rebellée au dessus du lot, je vis alors ce qu'elle pensait faire. Ce fut l'une des rares fois où je regrettais de ne pas m'être trompé. Il fallait absolument que j'arrête la machine dans laquelle ma compagne était entrain de monter. Elle se leva péniblement, attendit quelques instants que sa tête arrête de tourner et se dirigea vers le fond du couloir, notre salle de bain. Je la suivit à l'intérieur je la vis enlever sa robe, elle portait en dessous un string et un soutien-gorge en dentelle assorti noire, la voir ainsi en petite tenue me donna subitement envie d'elle. Elle ôta ses sous-vêtements puis alla se placer sous la douche. Elle se lava rapidement, se sécha et sortie nue de la pièce pour se diriger dans la chambre afin de se vêtir de vêtements propres. Fini les dessous de dentelle, elle se choisit une culotte en coton que j'appelais en riant "ses culottes de grand-mère". Elle passa un de ses leggins préféré puis hésita quelques instant avant d'enfiler un des mes T-shirt, celui à l'effigie du chanteur décédé de Nirvana. Elle se dirigea ensuite rapidement vers la porte d'entrée, lorsqu'elle passa à travers moi, je vis qu'elle n'avait pas changer d'avis, il fallait que je la stoppe mais je ne savais pas comment. Elle prit sa veste au porte-manteau accroché au mur, juste derrière l'épaisse porte d'entrée, fouilla rapidement dans son sac et en sorti mon portefeuille. Une lueur d'espoir s'empara de moi lorsqu'elle l'ouvrit, elle allait y voir les cachets, se rappeler l'enfer que nous avions vécu et se raviser, rester à la maison mais au lieu de ça, je la vis simplement prendre ma carte bleue. Elle prit ensuite son petit sac de toile bleue, que nous appelions "le facteur" entre nous car elle le portait en bandoulière et il pouvait contenir une quantité étonnante de chose malgré sa petite taille. Je savais que dans ce sac, il y avait un autre type de cabas, qu'elle avait toujours sur elle en cas de "courses de dernière minute" puis elle quitta l'appartement. Je réussis à me faufiler juste avant qu'elle ne referme la porte à clefs évitant d'entrer en contact avec elle ou le bois de la porte. Elle descendis lentement les escaliers regarda à l'intérieur de notre boîte aux lettres, qui était vide et sortit, prenant la direction du centre-ville.
Camélia n'aimait pas conduire, contrairement à moi qui adorait ça, du moins jusqu'à la veille au soir. Pour faire de courtes distances, elle ne prenait quasiment jamais la voiture, nous étions à quinze minutes à pied du centre-ville. Sortie du parking privé, je la vis mettre ses lunettes de soleil, la forte lumière que diffusait notre astre en cette fin de matinée devait la faire souffrir atrocement. Elle se mit à marcher raidement, le regard le plus souvent posé sur le sol, je glissais à ses côtés prenant soin de laisser passer les gens qu'elle croisait, n'ayant aucune envie de savoir si je pouvais ressentir leur pensées ou si cela ne fonctionnait qu'avec ma compagne.