• Chapitre Treize •

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 Elle ne sut jamais ce que cachait les tréfonds de l'âme d'Harry.

Cette année à ses côtés avait été trop délicate pour elle, trop sereine, trop agréable. Et elle ne voulait pas s'habituer à quelque chose qu'elle ne pourrait avoir. Elle ne comprit pas à l'époque ce qui avait généré cette douceur : La chaleur de la maison de ses parents ou la sécurité qu'il l'envahissait à la proximité d'Harry.

Sa vie n'était pas faîte pour détruire les gens qu'elle aimait. Et elle sentait que quelqu'un s'accrochait, elle ne pouvait se le permettre. Ce n'était pas possible. Ce n'était pas envisageable.Elle n'essaya même pas d'analyser ce qui avait pu déclencher cette prise de distance avec Harry, avec Juliette, avec Liam. Elle s'était juste écartée de sa propre vie.

Elle évitait sa mère autant qu'elle pouvait, comme Rayan et son frère. La tactique bien trouvée et élaborée. Elle avait décidé de se contenter de ça... Et ça avait presque fonctionné.

Harry avait tenté de la joindre seulement une fois. Par texto.

« Eglantine, le mal dont tu souffres est quelque chose qui nous dépasse, et ça sera compliqué pour toi de faire avec, mais il faudra que tu le fasses, parce que tu n'as pas le choix. Tu es obligé de vivre »

Elle ricana de sarcasme. Comment pouvait-il se permettre de penser avoir une emprise sur elle, et de savoir ce qu'elle vivait ? En fait, elle s'en fichait. Il fallait qu'il reste loin d'elle c'était tout. Quitte à ce qu'elle ne côtoie plus personne.

Puis son portable resonna dans sa chambre sinistre une nouvelle fois.

« Tu sais pourquoi, tu y es obligée ? Parce que tu as cette furieuse envie de le faire, et le plus dramatique c'est que tu ne t'en rends même pas compte. Mais moi, je le vois, je le vois dans la manière dont tu m'apprends la vie »

Elle a beaucoup pleuré Eglantine, puis elle a effacé tous les messages d'Harry. Plus aucune trace de lui ne devait subsister.

Le printemps pointait le bout de son nez mais Eglantine n'aimait pas cette période de l'année parce qu'elle la trouvait hypocrite.

Avez-vous contemplé la nature lorsqu'elle renaît au printemps ? Les bourgeons, la verdure et justement ce vert qui domine tout le paysage. On en viendrait presque à se demander si l'automne a existé.... Toutes les couleurs ont totalement disparu pour laisser la place aux pâles fleurs. Tout le monde oublie la manière dont la nature est morte avant de revivre. La mémoire de l'Homme a cette grande capacité de déni, de négationnisme et d'omissions. On ne peut annuler l'automne précédent. Il a existé comme tous ceux qui l'ont précédé. Ce n'est pas un conteur qu'on remet à 0, la vie n'est pas faîte pour être balayé tous les 365 jours.

Eglantine détestait cette période parce qu'elle avait l'impression que tout le monde se fourvoyait sur leurs propres existences. Les gens se réjouissaient des premiers rayons de soleils et admiraient la chaleur se diffuser sur leurs peaux blanches mais ils oubliaient que l'automne était accompagné aussi de ces mêmes rayons et qu'ils permettaient de mettre en valeur le panel de couleurs que nous offrait cette saison. Les gens annihilaient même ce qui devrait devenir un adage : ces même rayons, ceux que le soleil répandaient et distribuaient à la nature et aux hommes étaient les mêmes qui accompagnait aussi la mort à l'Automne.Eglantine voulait rester seul, parce qu'elle ne savait gérer que ça. La solitude. Elle s'était confortée dans cette habitude qui n'était pas agréable mais au moins personne ne la faisait souffrir et elle ne faisait souffrir personne.

Puis, un matin, on frappa à la porte de l'appartement d'Eglantine.

Et tout changea.

L'Écorchée de l'AutomneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant